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De Damas à Tripoli en passant par Paris : La diplomatie burkinabè toujours agissante

Publié le mardi 2 juin 2009 à 03h43min

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Le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, Alain Yoda

Le 11e Sommet des leaders et Chefs d’Etat de la CENSAD s’est tenu les 29 et 30 mai 2009 en Libye dans la ville touristique et historique de Sabrata à 80 km de Tripoli. Le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, SEM Bédouma Alain Yoda qui y a représenté le Président du Faso, fait le point sur les travaux de cette rencontre au sommet, et de deux autres réunions auxquelles il a assisté à Damas et à Paris.

Vous avez représenté le Président du Faso au 11e Sommet de la CEN SAD. Que peut-on retenir de cette rencontre ?

Il faut dire que c’est une rencontre très importante car l’ordre du jour portait sur des sujets d’intérêt comme les questions budgétaires, politiques au sein de la communauté et, les questions d’analyse de l’environnement international autant sur les plans politique, économique que diplomatique.
Les réunions se sont dans l’ensemble bien passées. Nous avons d’abord au niveau ministériel, sur la base des conclusions des travaux des Représentants Permanents, fait notre conseil exécutif (la réunion des Ministres des Affaires Etrangères), au cours duquel nous avons adopté le rapport soumis par les Ambassadeurs et qui nous faisait le point des questions à l’ordre du jour.

Ce que l’on peut retenir sur les questions essentielles, c’est que le budget de l’Organisation bien qu’ayant été adopté, a certainement besoin d’être beaucoup plus orienté vers des activités qui permettent plus de visibilité et de lisibilité dans l’action de cette organisation et, qui porte également bénéfice aux pays membres. Parce que être membre d’une organisation c’est certainement un regroupement pour avoir plus de force de négociation sur le plan politique mais également avoir la possibilité de résoudre certains problèmes pratiques qui se posent au continent et à nos populations.

En ce sens là, nous avons demandé que le budget de l’organisation ne soit pas exclusivement tourné vers le fonctionnement ; mais également vers des investissements structurants.
Sur le plan politique, vous savez que le continent fait face à diverses crises. Les plus importantes étant celles de la Somalie, du Soudan, et celles qui ont cours en Afrique de l’Ouest.
En Afrique de l’Ouest, sur les questions concernant le Togo et la Côte d’Ivoire, les Représentants Permanents aussi bien que les Ministres et les Chefs d’Etat, ont unanimement reconnu et salué les progrès importants réalisés dans ces deux pays. Néanmoins, ils ont besoin d’un accompagnement plus significatif et, notre organisation devrait pouvoir le faire, et même certains pays membres qui en ont la possibilité devraient pouvoir le faire pour permettre que les élections se déroulent dans de bonnes conditions en Côte d’Ivoire et permettre également au Togo d’engranger beaucoup plus de résultats significatifs.

En ce qui concerne la question en Guinée Conakry, nous avons pris bonne note de la volonté de la junte militaire d’organiser les élections d’ici la fin de l’année et, nous avons pensé qu’en plus des organisations sous régionales que sont la CEDDEAO, l’organisation de Mano River, l’Union Africaine et la CEN SAD devraient apporter leur contribution. Certains des Chefs d’Etat ont travaillé dans ce sens pour que la Guinée renoue avec une vie constitutionnelle normale.

Pour la Guinée Bissau, nous avons tous regretté le décès tragique du chef d’Etat major Général des armées ainsi que du Président élu de ce pays. Là également nous avons pris bonne note que les élections seront organisées incessamment. Ce pays connaît surtout un problème de restructuration de sa sécurité. La délégation burkinabè a insisté sur le fait que même le Président défunt avait demandé de façon pathétique un appui pour réorganiser sa sécurité ; ce qui n’a malheureusement pas pu être fait. Il est temps à présent de trouver les moyens et le moment de réorganiser la sécurité dans ce pays pour qu’après les élections le processus démocratique suive son cours.

Pour la Mauritanie, nous avons été informé de l’évolution de la situation.
Dans la bande sahélo saharienne, vous savez qu’il y a également des difficultés. Nous avons demandé que notre communauté puisse faire en sorte que la conférence qui est prévue à Bamako pour discuter de ces questions puisse effectivement avoir lieu, et qu’on puisse combattre les fléaux que nous connaissons en ce moment à savoir les enlèvements, l’insécurité dans la zone, et également la circulation de la drogue et d’autres produits interdits de commerce et qui constituent d’important facteurs de déstabilisation.

Nous avons parlé de la situation au Soudan, au Darfour, entre le Tchad et le Soudan. Nous avons demandé à tous ces protagonistes d’accepter que notre Communauté les accompagne par l’intermédiaire de nos leaders pour qu’ils puissent se parler pour parvenir à la paix. Nous n’allons pas continuer à nous entretuer au sein de notre communauté alors que nous parlons tout le temps de solidarité, d’entente, de vision commune. Il faut que nous nous parlons pour aller en rang serré pour les combats qui en valent la peine.

La Somalie, la situation entre Djibouti et Erythrée, et entre Erythrée et l’Ethiopie ont tous fait l’objet d’échanges.
Sur ce chapitre, l’action de médiation du Président du Faso dans les conflits de la sous région et au delà, a été beaucoup saluée.
Globalement les sujets ont été examinés en profondeur.

Parlant de la gestion des crises, ne trouvez-vous pas que l’on perd en efficacité en déposant un même dossier sur la table de plusieurs organisations ?

En principe, comme on le dit, trop de viande ne gâte pas la sauce, à condition bien sûr que ces viandes aillent ensemble. Il est vrai qu’au sein des différentes organisations, on discute des questions qui concernent les pays membres, donc des crises également. C’est le cas au sein de l’Union Africaine, de la CEDEAO, de l’OCI, de la CEN SAD… A partir du moment où des pays appartiennent à différentes instances ou organisations, il faut s’attendre à ce que chaque fois que ces pays se réunissent, qu’ils parlent des questions qui les concernent. Ce qu’il faut, c’est de s’organiser pour que les médiation, les interventions, la vision que l’on a des processus de sortie de crise soient les mêmes. Parce qu’effectivement, si les dirigeants n’ont pas la même vision, cela peut poser des problèmes de gestion de la situation pour les intéressés eux-mêmes. Mais on ne peut pas non plus avoir une organisation à caractère politique et qu’il y ait des problèmes politiques dont il ne s’en occupe pas.

Avant le 11e Sommet de la CEN SAD, vous avez participé à deux autres réunions à Damas puis à Paris. Sur quoi portaient-elles et quels en sont les enjeux pour le Burkina ?

A Damas, c’était le Conseil des Ministres des Affaires Etrangères de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI). Les sujets traités sont pratiquement les mêmes (la paix, la sécurité…) ; sauf que là, l’OCI touche tous les continents : l’Asie, l’Afrique, l’Europe… Elle regroupe des pays qui ne sont pas islamiques mais où l’islam est pratiqué comme religion. Les membres se retrouvent régulièrement pour faire une analyse de leurs problèmes et voir comment les résoudre ensemble.

Lors de la réunion de Damas, les questions de paix et de sécurité étaient à l’ordre du jour. Notamment la prévention des conflits, la médiation, ou la gestion de situations post conflit. Le Burkina Faso compte tenu de l’expérience du Président du Faso dans la gestion des crises, a apporté sa contribution dans les débats. Ainsi, sur les questions de médiation, de prévention de crise ou de gestion post conflit, nous avons fait des suggestions. En effet, la résurgence d’un certain nombre de conflits est liée à la jeunesse de nos Etats conjuguée à la pauvreté et à la géopolitique.
Ce qui est important pour nous, c’était de porter la vision du Burkina à la connaissance des autres, de partager cette vision avec eux ; mais aussi de faire en sorte que nous puissions bénéficier des opportunités où qu’elles se présentent.

Au cours de cette réunion par exemple, nous avons eu à rencontrer des partenaires bilatéraux qui interviennent dans le financement d’un certain nombre de nos projets de développement. Nous avons eu également des échanges avec des organisations internationales comme la BID, ainsi que des responsables de différents fonds qui interviennent pour le financement d’infrastructures.

Cinq nouveaux Secrétaires généraux adjoints ont été élus au cours de cette réunion. Un Nigérian pour l’Afrique, un Soudanais pour le monde arabe, un Pakistanais pour l’Asie, puis le représentant de la Palestine et celui du pays hôte de l’OCI, l’Arabie Saoudite.

A Paris, il s’agissait d’une réunion qui a été co-organisée par la France, la Banque Mondiale, et d’autres organisations et pays qui interviennent dans la recherche de solutions innovantes au développement des pays pauvres.
Depuis un certains temps le Brésil, la France, et un certain nombre de pays dont le nôtre, avaient décidé qu’il y ait des taxes sur les billets d’avions. En effet, un dollar en plus sur le billet n’est pas beaucoup pour celui qui le paie mais il peut faire beaucoup de choses comme aider à avoir des médicaments moins chers, des écoles, … à s’occuper des secteurs sociaux.
Il s’est donc agit de discuter de ces questions là et de voir comment trouver d’autres produits à même d’enrichir la gamme de produits que l’on peut estimer être innovants pour le financement. C’est ainsi qu’on a parlé de la taxation sur les flux financiers mondiaux qui concernent des milliards et des milliards, de prélèvement sur d’autres produits comme la téléphonie mobile…

Mais l’idée centrale qui s’est dégagée au cours de cette réunion, c’est que, les financements innovants ne doivent pas venir remplacer l’aide publique au développement. Vous savez que les pays que l’on appelait le comité d’aide au développement (CAD), avait décidé d’octroyer 0,7% de leur Produit Intérieur Brut (PNB), aux pays en voie de développement pour financer leur développement.

Evidemment, avec la crise financière internationale et ses conséquences économiques et sociales, l’idée qu’il y ait une baisse de cette aide publique au développement n’est plus simplement une idée, mais peut effectivement advenir. Donc il s’agissait de renforcer la position selon laquelle il ne faut pas que cette baisse continue, mais qu’au contraire chacun arrive au 0,7% qu’il avait proposé, et qu’en plus on trouve de nouvelles formes pour permettre aux pays en développement de parvenir à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.

DCPM MAECR

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Vos commentaires

  • Le 3 juin 2009 à 00:57, par Lamourdja En réponse à : De Damas à Tripoli en passant par Paris : La diplomatie burkinabè toujours agissante

    Quelle diplomatie agissant et au service de qui ?
    Le Burkina se gausse de notre excellente diplomatie, mais comment expliquer que les citoyens Maliens, Senegalais, Guineens puissent voyager sans visa vers de nombreux pays, certains pourtant classés comme amis du Burkina alors que les Burkina qui ont des passeports ordinaires ont besoins de visas : Examples : Maroc, Tunisie, Afrique du Sud (jusqu’a recemment) ; le Bresil ne donne que 3 mois renouvelables au Burkinabe alors que les Guineens et autres ont droit a des visas court sejour de 5 ans.

    Au moins Tertius quand il etait ambassadeur aux USA a negocier pour que les Burkinabe puissent aussi jouir de visas d’entrée valides 5 ans ; C’EST CELA LA DIPLOMATIE AGISSANTE ET EFFECTIVE au service du peuple.

  • Le 4 juin 2009 à 12:18 En réponse à : De Damas à Tripoli en passant par Paris : La diplomatie burkinabè toujours agissante

    c’est une diplomatie au service des dirigeants qui veulent se donner des statures internationales ils ne se preoccupent en rien du brukinabe moyen Heureusement que le burkinabe de la diaspora reste quelqu’un de sensé , meilleure facon d’etre ambassadeur que ces ambassadeurs de salon
    somé

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