"Dans quelques mois, ça sera la fin du cauchemar". A propos de cauchemar, le ministre en charge de l’Energie, Kader Cissé fait référence aux délestages que subissent au quotidien les populations de Ouagadougou. Et cela, à cause d’un déficit en énergie électrique évalué à 12 mégawatts. Le projet d’interconnexion Bobo-Dioulasso-Ouagadougou va apporter 83 mégawatts à la ville de Ouagadougou. Pour le ministre, "l’interconnexion Bobo-Ouaga va résoudre la question du déficit. Aussi, le surplus va servir à doper l’électrification rurale". Le représentant de la Banque, mondiale chargé du programme énergie, Koffi Ekouévi affiche lui aussi la même satisfaction : "Un pays comme le Burkina Faso a besoin de l’interconnexion avec les pays voisins pour avoir une énergie moins chère produit à base du gaz au lieu de produire de l’énergie avec du gasoil".

Sur le terrain, on s’active

L’optimisme affiché par les uns et les autres est dû au fait que les travaux avancent : "la ligne sera opérationnelle en fin juin 2009 à Zagtouli", soutient le directeur général de la SONABEL, Salif Kaboré.
A Tita, le ministre et sa suite ont assisté à un déroulage du câble. Après l’assemblage et la fixation des pylônes, l’étape suivante est le déroulage du câble et de la fibre optique.
A l’issue d’un entretien avec le chef de cette activité sur la fiabilité de l’opération et le respect des délais, le premier responsable du département de l’Energie est allé assister à un levage de pylône à Kokologho. Cette opération à laquelle de nombreux habitants de la localité ont assisté, a tourné à une démonstration de savoir-faire.

Imaginez une grue, soulevant un pylône de 12 tonnes et d’une centaine de mètres pour le fixer sur un socle préalablement monté. Il s’agit d’un travail de précision pour lequel chacun a une tâche précise à exécuter.
Le pylône a été fixé en une dizaine de minutes sous le regard admiratif du ministre. Et cela a même renforcé sa conviction quant à la fin prochaine du projet. Ainsi, à un journaliste qui s’inquiétait du fait que les pluies viennent ralentir la marche des activités, Kader Cissé a eu cette réaction : "Il n’y aura pas de perturbations des travaux malgré la saison pluvieuse qui s’annonce. Sur le terrain, j’ai vu des professionnels exécuter des travaux, avec précision et maîtrise. Cela me rassure". Sur les autres sites (Zagtouli, Ouaga 2000, Patte d’Oie), on a vu des ouvriers et des techniciens en pleine activité.

Le site de Zagtouli abritera le poste de transformation de l’électricité venue de Bobo-Dioulasso pour la ville de Ouagadougou.
A la Patte d’Oie c’est le chantier du bâtiment du dispatching que le ministre a visité. Les travaux exécutés par l’entreprise Sol Confort et Décor sont presque achevés.

Bientôt, on va procéder à l’installation du matériel de dispatching. A Ouaga 2000, les travaux de construction du poste qui va alimenter cette partie de la capitale sont également en voie d’achèvement.
La bonne exécution des chantiers, qui sont partout en voie d’achèvement, a été un motif de satisfaction pour le ministre et les bailleurs de fonds. "Si c’était à refaire, on refera la même chose, en essayant d’avoir une harmonisation des procédures de passation des marchés pour que les travaux avancent beaucoup plus rapidement", confie le représentant de la Banque mondiale. Pour lui, le projet d’interconnexion Bobo-Ouaga est l’exemple d’une "collaboration très réussie". Le projet a été conçu de 2 000 à 2002...

La table ronde des bailleurs de fonds a eu lieu en décembre 2002. Mais c’est en décembre 2005 que l’ensemble des crédits a pu être rassemblé. Le projet réunit quatre bailleurs de fonds (Banque mondiale, le Danemark, l’Agence française de développement, la Banque européenne de développement) et l’Etat burkinabè. Mais dans sa mise en œuvre, les différences, voire la difficulté des procédures de décaissement a provoqué un grand retard. Cela a du coup, prolongé le calvaire des populations dû aux délestages. A tous ceux qui subissent les désagréments du délestage, le ministre a présenté des excuses. Il a rassuré que le délestage ne sera plus bientôt qu’un mauvais souvenir. La fin des travaux de l’interconnexion Bobo-Dioulasso-Ouagadougou est prévue pour la fin de l’année 2009. La bataille pour la disponibilité de l’énergie est en passe d’être gagnée.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya