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SN SOSUCO : Difficile fin de campagne

Publié le mercredi 27 mai 2009 à 03h42min

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La campagne sucrière 2008 – 2009 de la SN SOSUCO est arrivée à son terme le vendredi 22 mai 2009. Le géant du sucre burkinabè a certes fait deux mille tonnes de plus que la campagne dernière mais elle connaît tout de même des difficultés liées selon Mouctar Koné, SG de l’entreprise, à la mauvaise protection du marché. Sont de ces difficultés l’abandon de près de 200 hectares de cannes en friche dans les champs.

Voilà un peu plus de six mois que la SOSUCO a lancé sa production sucrière au titre de la campagne 2008-2009. Du jamais vu comme l’a laissé entendre plus d’un ouvrier de Bérégadougou. Prévue pour durer 143 jours, cette campagne a connu 44 jours supplémentaires. Le tournage de l’usine au bout de ces 187 jours qu’a duré en tout la campagne a permis de produire 32 mille tonnes de sucre ; soit 2 mille tonnes de plus que la campagne 2007-2008. Comme on peut le constater, jamais la campagne sucrière de la SN SOSUCO n’a été aussi longue. Malgré cette longue durée, les coupeurs ne sont pas parvenus à récolter toute la superficie prévue ; si bien que environ 200 hectares sont restés en friche entre les pays turka, senoufo et karboro qui limitent la zone d’exploitation du sucre. Selon certains ouvriers, cette situation inhabituelle serait due à la lassitude des coupeurs qui ont préféré se rendre en république sœur de Côte d’Ivoire où leur tâche est nettement plus rémunérée que dans la cité de Brigué, Bérégadougou.

Ces mêmes rumeurs attestent que la SOSUCO, face au départ ou à la désertion des coupeurs, s’est vue obligée de redéployer une bonne partie des ouvriers, surtout les irrigateurs, dans la coupe de la canne. Nous avons rencontré le secrétaire général de l’entreprise, Mouctar Koné, le vendredi 22 mai 2009, le jour où la campagne sucrière prenait fin pour de plus amples informations. Il relève qu’effectivement, la campagne 2008-2009 a été différente de toutes celles qui sont passées en ce sens qu’elle a été plus longue dans la durée et a permis à l’entreprise de produire plus que l’année passée.

Cependant, Mouctar Koné reconnaît que les problèmes financiers que connaît la SOSUCO depuis de longues dates ne lui ont pas permis de faire les investissements (ndlr : les rechanges de pièces des machines) prévus au niveau de l’usine en début de campagne. « Si bien que depuis trois ans environ, l’état de marche de l’usine va en se détériorant » martèle Mouctar Koné avant d’ajouter que l’année 2009 se présente comme la pire de toutes les années en ce sens que l’usine, durant les 187 jours de la campagne, n’a jamais pu broyer les 2 mille tonnes de cannes prévues par jour de roulement.

« Nous sommes restés autour de 1500 tonnes de cannes broyées par jour », renchérit-il avant de préciser que ce taux est extrêmement faible par rapport à la capacité de l’usine qui est de l’ordre de 2500 tonnes par jour. Pour ce qui est des presque 200 hectares de cannes abandonnés en friche, M. Koné s’est voulu on ne peut plus rassurant. Selon lui, ce sont l’état de marche de l’usine et la situation saisonnière sur le terrain qui ont commandé l’abandon de la canne. En effet, dira-t-il, les pluies ont commencé à tomber et les coupeurs, contrairement à ce qui se dit, sont repartis vers leurs champs de cultures vivrières. A partir de ce moment, nous nous sommes rendus compte que ce que nous récoltons en sucre était devenu moins important que ce que nous dépensons pour le produire, explique Mouctar Koné.

Selon lui, le départ des coupeurs n’est pas lié à la sous-traitance de la coupe car chaque année, la SOSUCO vit ce problème dans le mois de mai. A travers l’entretien que nous a accordé Mouctar Koné, SG de la SOSUCO, il apparaît que les difficultés qui empêchent la sucrière de la Comoé de retrouver son lustre d’antan restent et demeurent l’épineuse question de l’entrée frauduleuse de sucre au Burkina. Malgré la création de la Société de distribution du sucre (SODI Sucre) qui a pour credo d’enlever toute la production de SOSUCO, Mouctar koné dit que jusqu’à nos jours le sucre étranger continue d’entrer frauduleusement au Burkina et défie terriblement les prix fixés par SOSUCO.

Par Mamoudou TRAORE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 mai 2009 à 10:17 En réponse à : SN SOSUCO : Difficile fin de campagne

    S’il est avéré que le sucre etranger entre frauduleusement, le gouvernement sera comptable d’une éventuelle fermeture de la sosuco.Mais si le sucre étranger ne rentre pas frauduleusement, et que le problème de sosuco est un problème de maîtrise de ses coûts de production, là ça gestion même est à revoir.

  • Le 27 mai 2009 à 14:33, par juste un avis En réponse à : SN SOSUCO : Difficile fin de campagne:la cupidité(profit maximum) des sous traitants y est pour quelque chose

    S’il est vrai que SOSUCO allège sa tâche en matière de gestion de ressources humaines en sous traitant la coupe de la canne à sucre, il reste cependant indéniable que laisser gruger les ouvriers par les sous traitants pose à terme un problème de rentabilité économique même de cette initiative : aux manques à gagner financiers des ouvriers va s’ajouter 200ha de cannes en friche avec toutes les incidences financières et économiques pour SOSUCO et sa communauté d’accueil. Motiver par la recherche effrénée du profit les opérateurs oublient que l’ouvrier dans son pragmatisme légendaire sait faire un rapprochement du rapport "travail - revenu" du temps où il était directement géré par SOSUCO et ce rapport au jour d’aujourd’hui......

  • Le 27 mai 2009 à 23:24, par dugu lamini sadjan En réponse à : SN SOSUCO : Difficile fin de campagne

    Courage El Hadj Moctar, c’est plus fort que toi le problème de la SOSUCO. Le comble est que certain s’en tapent bien et laissent des innocents dans des problèmes réels. Sucre ou pas sucre, il y a des choses à voir du côté de cette unité et de son environnement. Le plus important est de savoir qui fait quoi et qui est qui dans cette affaire. A suivre.

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