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Issaka Sourwèma alias Zoodnoma : « A un moment donné, les masques se doivent de tomber »

Publié le mercredi 20 mai 2009 à 09h39min

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Issaka Sourwéma

Ancien patron de la RTB, du quotidien d’Etat Sidwaya, il anime depuis une dizaine d’années une rubrique dans L’Observateur Paalga. Il a pour nom de plume Zoodnoma Kafando. A l’état civil, il porte le patronyme de Sourwéma, le prénom d’Issaka, et depuis février 2009, en tant que responsable coutumier, il siège sur le trône de son village de Dawelgué à une quinzaine de kilomètres de Ouagadougou, sous le nom de règne de Naaba Boalga. C’est cet intellectuel à l’esprit fécond, qui ne laisse personne indifférent par ses analyses et qui est présentement chargé de la communication et du plaidoyer au sein d’une institution sous-régionale à Dakar, qui concilie à la perfection tradition et modernité qui, à la faveur du prix reçu de l’Assemblée nationale lors du dernier Galian, a enfin décidé de se dévoiler un tant soit peu en nous accordant cet entretien.

Pourquoi avoir pris le nom de plume de Zoodnoma Kafando ?

• A l’état civil, je m’appelle Issaka Sourwéma. Pour revenir à mon nom de plume, disons qu’il me vient de noms qui me sont chers, car Kafando, c’est le nom de jeune fille de ma femme, et Zoodnoma, c’est le nom (moaga et qui signifie l’amitié est bonne) d’une de mes filles.

Que faites-vous à Dakar ?

• J’ai été recruté suite à un avis d’appel à candidatures paru dans les journaux de la place au poste de responsable de la communication et du plaidoyer pour le compte d’une structure spécialisée de la CEDEAO, qu’on appelle le GIABA, qui est le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment de l’argent en Afrique de l’Ouest. Elle aide aussi à lutter contre le financement du terrorisme. Nous ne faisons pas d’enquêtes, mais avons pour tâche d’évaluer les Etats au regard de ce qu’ils font et au regard des recommandations du Groupe d’actions financières internationales (GAFI) qui les accompagne dans ce sens.

Vous venez de recevoir un prix décerné par la représentation nationale lors du dernier Galian. Cela signifie combien votre rubrique les Mercredis de Zoodnoma Kafando est lue et appréciée par une tranche de la population. Cependant, d’autres se veulent très amers vis-à-vis de votre analyse de la situation sociopolitique du Burkina, de votre chronique en général. Qu’en dites-vous ?

• Je prends ces différentes critiques très sportivement. Ce n’est pas nécessaire que les gens fassent dans la complaisance et travaillent à encenser mon ego. La différence peut se transformer en contradiction, et dans l’absolu, cela n’est pas mauvais. Le second point, c’est que l’homme en mûrissant peut changer radicalement de position, car ce qu’on prenait pour vérité d’évangile hier peut être sujet à caution demain. Certes, les interventions des forumistes peuvent souvent être peu agréables pour moi, mais je les prends avec beaucoup de philosophie.

Que pensez-vous de ceux qui estiment que vous n’êtes qu’un équilibriste ?

• Je les comprends, même si c’était le cas, c’est une position qui a sa place chez un citoyen, comme ils le disent, qui choisit d’être équilibriste. Premièrement, on peut ne pas être d’accord avec quelqu’un sur ses prises de position, mais on se doit au moins de le tolérer. Secundo, je pense que la vérité ne peut pas être dans les extrêmes, surtout pas la vérité politique. On ne peut pas construire un pays en se blottissant dans les extrêmes. Dans ma chronique paraissant à L’Observateur, j’écris ce que je pense.

Au fait, où vous situez-vous sur le plan politique ? Etes-vous, comme le prétendent certains, un pur produit du CDP ?

• Je suis assez proche du régime en place. Historiquement, j’appartiens à cette mouvance et je me sens plus proche du pouvoir en place que de l’opposition. Lorsqu’on regarde mon parcours, on ne me croirait même pas si je disais que j’étais de l’opposition, et ce ne serait même pas honnête. Ce que je suis aujourd’hui, c’est le système qui l’a fait. Si je suis aujourd’hui au GIABA, c’est la conséquence de la sédimentation de toute cette expérience. Si je n’avais pas été plusieurs fois directeur, si je n’avais pas occupé des postes stratégiques (NDLR : il fut, entre autres DG de la RTB, DG de Sidwaya), je n’aurais pas réussi à ce test, car mon curriculum vitae n’aurait pas été suffisamment étoffé. Si j’en suis là, je me dois d’avoir de la reconnaissance pour ceux qui m’ont donné cette chance. Cela étant, c’est dire que moi, Sourwéma, je ne pourrais jamais écrire de façon incendiaire contre le système, car ce n’est pas ce que je veux que ma vie soit aujourd’hui, ce n’est pas non plus pour moi la meilleure manière d’évoluer.

Comment vous vous y preniez pour respecter votre rendez-vous hebdomadaire à l’Observateur ? Quel est votre petit secret ?

• Il n’y a pas de secret. La peur de la page blanche, ça existe partout et en chacun de nous. J’ai commencé cette chronique à l’Observateur ça fait neuf ans aujourd’hui. Au niveau de l’Observateur, ce que j’ai pu trouver, n’en déplaise à votre modestie, à votre humilité, correspond à ce que je voulais faire en matière de réflexion dans la presse. L’Observateur est un grand journal qui m’a largement ouvert ses colonnes, l’ambiance de travail et la qualité des rapports tant au niveau des journalistes de ce média que de celui du personnel de soutien m’a beaucoup séduit, et il y a eu ce que les philosophes ont pu appeler une amitié stellaire. Cela vient comme une espèce d’énergie, qui m’alimente. Le second aspect, c’est pour moi l’occasion de partager ce que je pense de notre pays, de la vie, des questions de ce monde. Le troisième point, c’est qu’en écrivant, cela me permettra de me corriger à travers ce que je crois être vrai, ce que je pense. C’est ma contribution au débat national.

Depuis plusieurs années, vous étiez dans l’ombre à travers ce nom de plume. Pourquoi avez-vous jugé nécessaire de jeter le masque, de vous révéler en plein jour ?

• Ce nom de plume n’est pas un pseudonyme. Et puis, ce qui m’a convaincu à dévoiler ma vraie identité, c’est qu’il n’y a plus d’entrave à cela. En effet, lorsque j’ai commencé l’animation de cette rubrique, j’étais directeur général de Sidwaya, et il n’aurait pas été bienséant pour moi de décliner ma vraie identité, puisque j’avais un devoir de réserve. Au lendemain de l’assassinat de Norbert Zongo, j’ai cru bon de contribuer à ma manière à dire certaines choses de sorte à ce que les gens reviennent à la raison tout en travaillant à la manifestation de la vérité sur cette bien triste affaire. L’autre aspect aussi, c’est que nous avons un héritage de clandestin, car nous évoluions dans les groupuscules communistes. Ce temps est arrivé à son terme, et de nos jours, il faut travailler dans un cadre un peu plus transparent, plus ouvert et à visage découvert. A un moment donné, je pense que les masques se doivent de tomber.

A l’époque grand patron de Sidwaya, il aurait été plus loisible pour vous de choisir ce canal pour vous exprimer au lieu de jeter votre dévolu sur L’Obs. ?

• La question est très pertinente, mais un quotidien d’Etat, ce n’est pas la même chose qu’un quotidien privé. D’abord, c’est le ministre de l’Information ou de la Communication qui est directeur de publication, et le DG, que j’étais, codirecteur de publication ; cela veut dire déjà tout. Mieux, lorsqu’on parle de ministre, ce n’est pas d’individu, mais d’une institution, d’un système. De ce point de vue, c’était assez compliqué. Je suis heureux de constater qu’après nous, les choses ont évolué, ont changé, et je tire mon chapeau à ceux qui sont venus après moi.

Etant maintenant basé à Dakar, comment arrivez-vous à gérer au mieux les intérêts du village dont vous avez été investi chef en février dernier ?

• Il faut dire que tout se passe au mieux, et la chefferie traditionnelle peut s’adapter à un certain nombre de situations. Ceux qui m’ont investi de cette mission sont suffisamment ouverts sur la question. Je veux parler de Sa Majesté le Moro Naaba et de Son Excellence le Ouidi Naaba. Lorsque j’ai réussi à mon test, je leur ai fait part de ma volonté d’occuper mon nouveau poste, et ils m’ont donné d’utiles instructions pour pouvoir continuer à gérer au mieux les intérêts des populations tout en assumant mon rôle de communicateur au GIABA.

Que suscite en vous le prix spécial de l’Assemblée, obtenu lors des derniers Galian ?

• Ce prix me ramène à mes anciennes amours de communistes. Disons que ce prix n’est pas celui de Zoodnoma Kafando en réalité, mais celui de la société. C’est l’héritage social qui est en moi qu’on récompense dans son expression individuelle. Mieux, L’Observateur se retrouve dans ce prix, car les articles que j’écris sont constamment réécrits et dans la forme et dans le fond. C’est la reconnaissance par la représentation nationale d’un travail fait par une équipe•

Entretien réalisé par Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 20 mai 2009 à 06:04 En réponse à : Issaka Sourwèma alias Zoodnoma : « A un moment donné, les masques se doivent de tomber »

    Communistes a la sauce burkinabe, mon oeil. Une autre facon subtile de s’accaprer du pouvoir et des pouvoirs. Il est temps vraiment que les masques et ts les masques tombent.

    • Le 20 mai 2009 à 18:05, par Compaoré Abel En réponse à : Issaka Sourwèma alias Zoodnoma : « A un moment donné, les masques se doivent de tomber »

      j’aurais preferé ne pas savoir qui il est le nom de plume aurait suffi mais il veut se mettre les glorioles sur la tête apres tout c’est un homme il a besoin de reconnaissance il ya longtemps qu’il n’est pas allé à la soupe. Je ne pourrais plus le lire
      Dommage il avait souvent de bonnes analyses même si je ne partage pas toujours ses points de vue.

      • Le 21 mai 2009 à 02:33, par wend waoga En réponse à : Issaka Sourwèma alias Zoodnoma : « A un moment donné, les masques se doivent de tomber »

        Ce que ce monsieur ignore,c’est qu’à l’heure actuelle du Burkina,celà n’est pas suffisant de se dire qu’on a la liberté d’expression et donc,on peut dire ce qu’on veut selon ses "calculs",l’heure n’est pas au fait de poser des actes parceque seulement on a la possibilité de les poser,mais d’etre capable d’en mésurer la portée pour le Burkina Faso.

      • Le 21 mai 2009 à 21:08 En réponse à : Issaka Sourwèma alias Zoodnoma : « A un moment donné, les masques se doivent de tomber »

        Vs savez pquoi l’ individu sort maintenant du bois ? C ;’est parce qu’ il est un parfait egoiste. Il ne veut meme pas que quelqu’ un d’ autre continue sa seule besogne m,ercenaire , de peur d’etre recompense comme lui pour le sale job. Donc il tue en meme temps la rubrique, et en pklus il se donne l’apparence du bon type. Quelle alternance peut- on avoir avec des citoyens dote d’ un tel esprit ? ca fait honte vraiment. Mainteant quelle confiance faire a quelle presse maintenant ? C’est comme si tu passes les 9 mois de la grossesse de ta femme a toucher a son ventre, a suivre les mouvements de bebe dans son ventre pour apprendre apres la naissance(9 mois pour le bebe et 9 ans pour Mercredi de Zodnooma, coincidence hein !)on vous apprend que le bebe la n’est pas de vous mais de votre voisin. Allez- vous faire confiance encore meme a la femme la plus honnete. Le peuple burkinabe est aujourd’ hui en pleine crise de representation. Les politiciens faillissent chaque jour, les intellectuels se monnaient comme des galettes. Ou sommes- nous la, Koro Yamyele ? Toi et moi nous sommes les rares personnes qui disont la verite sur ce net. Laisse de cote le petit Verges qui frappe notre Maman -la. Il ne merite meme plus que tu parles de lui.

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