Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
Le plus souvent, il faut se déplacer sur le terrain des opérations pour savoir réellement ce qui se passe dans les projets. Ce constat s’est une fois de plus confirmé avec la visite effectuée par les membres du Groupe d’amitié parlementaire Burkina-Taiwan à la Maîtrise d’ouvrage de Bagré (MOB) le samedi 16 mai 2008. Ce séjour a surtout permis de constater que le départ annoncé de la dernière mission technique taïwanaise inquiète plus d’un Burkinabè.
Le projet Bagré tire ses origines de la volonté, dans les années 1970, d’éradiquer l’onchocercose qui sévissait dans la vallée du Nakambé. Les études qui ont été menées depuis cette période ont conduit à la construction du barrage hydroélectrique et agricole sur le cours moyen du fleuve.
Le barrage prend sa source à 300 m d’altitude au nord du Burkina Faso, dans la région de Ouahigouya, et coule du nord au sud sur une distance de 516 km en territoire burkinabè, avant de se jeter dans Akosombo au Ghana.
La zone du projet compte 493 000 ha répartis entre les provinces du Boulgou, du Zoundwéogo, du Kourittenga et du Ganzourgou. Samedi dernier, ce centre d’excellence agricole a reçu la visite des députés membres du groupe parlementaire d’amitié avec Taiwan.
A leur tête, la parlementaire Gisèle Guigma, qui tenait, comme ses collègues de l’Assemblée nationale qui ont signé également le pacte d’amitié avec les habitant de l’ancienne Formose, à toucher du doigt les réalisations faites dans cette zone, avec le soutien, oh combien inestimable, de nos amis de Taïwan.
Après l’accueil de cette importante délégation au siège du projet, c’est aussitôt parti pour une visite de découvertes à travers les différents périmètres. Un périple si intéressant que les parlementaires n’auront pas senti passer le temps. Et le constat final sera que Bagré, ce n’est pas seulement du riz.
En effet, il y a d’autres types d’activités, à commencer par l’aquaculture, à travers une ferme démonstrative de production intensive et rentable de poisson à vendre. Au grand étonnement des visiteurs, émergeront des bassins de petits, moyens et gros tilapias. L’autre grande surprise du séjour viendra avec ce tour que les parlementaires ont fait à l’imposant centre écotouristique de Bagré, qui est en voie d’achèvement.
Espace de plaisance, ce sera un lieu rêvé ou organiser des rencontres, se reposer ou faire du tourisme de vision. Foi de Maxime Ouédraogo, responsable de ce projet, ceux qui séjourneront en ces lieux ne seront point déçus, surtout avec la présence de produits touristiques très recherchés comme les nombreux éléments de la faune aviaire, les crocodiles et les hippopotames.
Belles perspectives donc pour la maîtrise d’ouvrage de Bagré, est-on tenté de conclure. Malheureusement, il y a un grand « MAIS » : si l’Etat burkinabè n’y prend garde, le départ de la dernière mission technique taïwanaise, prévu pour la fin de cette année, risque de sonner le glas d’une si belle aventure. Ce serait donc adieu à la culture moderne du riz, à la pisciculture ainsi qu’au centre écotouristique.
Et les douze années d’exploitation accoucheraient d’une souris. Menaces de Tao Wen Lung, ambassadeur de Taiwan au Burkina Faso, qui a laissé tomber l’habituelle langue de bois du diplomate pour dire ces vérités toutes crues : « Les transferts de compétence ont eu lieu. On ne peut accompagner quelqu’un à vie ! Pendant 10 ans, 20 ans !
L’année prochaine, les nationaux vont prendre la relève. Je serai très clair ! Si les nationaux ne peuvent pérenniser l’œuvre, il va de soi qu’il sera difficile pour nous de continuer à y injecter des milliards ». Les visiteurs ont également perçu le danger du départ des Taïwanais de Bagré.
A commencer par le chef de la mission venue de Ouagadougou, la députée Gisèle Guigma, qui a lancé ce cri du cœur : « Bagré est un investissement important qui a été réalisé par la République de Chine. Avec l’équipe technique qui est sur le départ, il faudra que nous prenions le relais. Les producteurs installés sur le site doivent également faire du succès du projet Bagré leur affaire ».
Issa K. Barry
L’Observateur Paalga
Vos commentaires
1. Le 19 mai 2009 à 09:48 En réponse à : Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
Ceci n’est pas une surprise pour ceux qui connaissent le projet ;
Il suffira d’opérer une audit de la gestion du précédent DG et vous comprendrez comment en est on arriver là ?ce monsieur pendant huit(08) ans a travaillé comment si une lettre de mission ne lui a pas été assigné.A-t-il des compétences outre le fait qu’il peut exhiber un diplôme du supérieur car jamais lors d’une rencontre au ministère où la MOB a été decrié , il n’a fait la moindre tentative de réponse. Et pourquoi ?
Ayons le courage de demnadé des comptes à nos responsables sinon ne soyons pas surpris
2. Le 19 mai 2009 à 11:52, par Donmozoun En réponse à : Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
Pourquoi toutes ces inquiétudes ? ayons quand même un peu de dignité et d’honneur ? Les compétences ont été transférées, que voulez-vous d’autres ? Souvent, il ya à se demander ce qui se passe dans ce pays. Les chinois sont de grands travailleurs, dignes et intégres. ce sont ces mêmes valeurs qui doivent nous accompagner si nous voulons que Bagré s’améliore et ne voit pas sa courbe fléchir dès le départ des chinois. Faisons l’effort de combattre le népotisme, la fainéantise, la corruption et le favoritisme, et vous verrez que Bagré restera un pôle d’excellence dans la producion de riz et du poisson.
je comprends aussi pourquoi les uns et les autes s’inquiètent. Le laxisme va vite s’installer et le copinage et le pillage prendra vite le dessus. Yaako !!! "Etre Burkinabè, ca se mérite". Bagré est un défi pour nous tous, BURKINABE !!!!
Le 19 mai 2009 à 21:51, par Roumi En réponse à : Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
Nous avons aussi l’habitude de renier l’évidence jusqu’au jour où...Nous savons tous comment de grands projets comme tels sont souvent gérés par nos politiciens quand il y a l’argent dedans ; ce ne sont généralement pas les gens qu’ils faut qu’on place la-bas mais des amis , des parents qui foutent la merdes .Les inquiétudes sont bien fondées ; il y a des exemples des gâchis parmi lesquels on peut citer la gestion de l’AMVS, les constructions d’usines qui n’ont jamais ponctionnées à Ziniaré et Boromo. que dieu protège le BURKINA FASO.
3. Le 19 mai 2009 à 12:18 En réponse à : Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
C’est curieux que que le départ des Taiwanais soit une inquiétude. Je souscris à la première intervention. En plus de dix ans il doit en principe être possible que des Burkinabès prennent valablement le relais. Ce ne sont pas les compétences qui manquent au Faso, notamment celles qui ont été formées sur ce projet. Il faudra donc mettre un responsable et du personnel compétent pour prendre la relève. A mon avis c’est plutôt là qu’il faudra être vigilant pour ne pas que au lieu des compétences ce soit encore les relations de copinage ou de parentée qui prennent le dessus dans le choix et la gestion !!!
4. Le 19 mai 2009 à 21:52 En réponse à : Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
Vraiment ce n’est pas une surprise pour ceux qui ont suivi de près l’évolution de ce projet.
5. Le 21 mai 2009 à 15:37, par lilboudo En réponse à : Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
Je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer ! Dans tout le burkina il n’y aurait pas de compétences pour assurer la relève des partenaires ? Si pendant dix ans nous n’avons pas pu profiter du transfert de compétences, on ne serait plus à plaindre. Si un peuple mérite ses dirigeants, devrons nous en conclure que nous méritons aussi la médiocrité des relations de copinage qui sapent l’expression des honnêtes compétences ?
J’en pleure !
6. Le 25 mai 2009 à 18:36, par Pol04 En réponse à : Maïtrise d’ouvrage de Bagré : On redoute le départ des Taïwanais
Il faut être franc. Les infrastructures d’irrigation seront valorisées mais pas le site touristique et l’infrastructure de la pisciculture trop sofistiquée