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Questions à Laurent Gbagbo : Etes-vous certain que le 29 novembre est sûr ?

Publié le mardi 19 mai 2009 à 03h01min

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Au commencement sont les armes, tout doit se terminer par les armes. Tel est, résumée de façon lapidaire, la formule qui sied à la situation actuelle en Côte d’Ivoire, sur laquelle le 5e Cadre permanent de concertation (CPC) ou plutôt le club des 5 gourous s’est penché hier 18 mai à Ouaga 2000, comme il est de coutume.

Tout est parti, on le sait, un 19 septembre 2002 lorsque de jeunes gens ont pris les armes pour renverser Laurent Gbagbo alors en visite à Rome, qui, avec une témérité inouïe, est revenu reprendre en main la situation et sa chose, la présidence, qu’il a mis des années à conquérir.

Depuis lors et en dépit de l’accord de Ouaga, signé le 4 mars 2007, et de toutes les avancées notables y afférentes, il y a comme un malin génie ou plutôt Mars, le dieu de la guerre, qui s’amuse à retarder l’arrivée du train de la paix en gare.

Et épisodiquement, si ce ne sont pas les rebelles qui se mitraillent entre eux, ce sont des sorties de certains responsables pour signifier que tant que les armes ne seront pas rangées il n’y aura pas de présidentielle qui ont lieu. Face à ceux qui veulent la tenue de l’élection malgré la présence des armes entre les mains des Forces nouvelles, le camp présidentiel, qui affirme qu’il n’en est pas question dans un pays divisé en deux.

Certaines personnes estiment pourtant qu’il n’y a pas de quoi se focaliser sur cette question, car de nombreux acquis ont été obtenus même avec ces armes dans la nature, entendez entre les mains de Guillaume Soro et Cie.

Laurent Gbagbo déclarait le 17 mai dernier à l’aéroport de Ouagadougou, à la veille du CPC, que « tout est mis en œuvre... la réunification est en place...les processus de désarmement aussi ...la présidentielle n’est plus une question politique, mais matérielle... le 29 novembre n’est pas une date fétiche (1)... mais c’est une date sûre...il faut que matériellement les forces de sécurité soient en place...le chef d’état-major est à Bouaké, puis il sera à Odienné, Man... pour cela »

Malheureusement, l’optimisme feint ou réel du chef de l’Etat ivoirien n’est pas contagieux, car si le tocsin du FPI, le camp présidentiel, retentit régulièrement comme un stentor quant à sa volonté d’en découdre avec les autres adversaires, son clairon sonne faux en ce qui concerne son empressement à redemander l’onction populaire. Peur que le président sortant ne retrouve plus son fauteuil de Cocody ?

Plausible ! Leurs adversaires d’ailleurs ne sont pas loin de le penser, évoquant même un fantomatique sondage secret que Gbagbo aurait commandité, le donnant perdant au second tour face à ADO.

Les Forces nouvelles n’en démordent pas non plus, car elles connaissent trop bien le fondateur du parti frontiste ivoirien que d’aucuns qualifient de malin voire matois, et ils savent que, sans leurs arsenaux de guerre, ils sont « biscuits ».

Enfin, n’oublions pas que dans ce contexte de ni chair ni poisson, de pauvres hères sont devenus des Crésus dans le Nord, inimaginable donc pour eux de perdre les prébendes et privilèges que leur confère le statut de seigneurs de ces zones.

Enfin, les perspectives pour certains ex -rebelles ne sont pas réjouissantes, car on ne se refait pas une vie avec 500 mille CFA, somme prévue pour la réinsertion sociale individuelle..

Pourtant, il faudra bien que cette glace se brise et que le scrutin présidentiel se tienne à bonne date. La lassitude s’est installée de part et d’autre, et toute bagarre se termine toujours autour d’une table.

Pour le cas ivoirien, même si les urnes ne seront pas une baguette magique pour effacer les stigmates des années de guerre, elles auront l’avantage de commencer à panser les plaies. Ce serait déjà le début d’une catharsis nationale.

Z. Dieudonné Zoungrana

- Notes : (1) Laurent Gbagbo répondant à une question de l’auteur de ces lignes le 17 mai 2009 à l’aéroport de Ouagadougou

L’Observateur Paalga

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