A 67 ans, l’ancien vice-président de Thabo Mbeki est devenu calife à la place du calife. Si son élection n’a été qu’une simple formalité, il ne faut pas oublier qu’il a beaucoup bavé pour pouvoir se hisser à la tête de l’Etat.

Comme un insubmersible, l’homme a toujours pu garder la tête hors de l’eau et continuer à nager vers le palais présidentiel. Dans un océan agité, il a pu garder le cap et se faufiler avec succès entre tous les obstacles dressés devant lui.

Sa descente aux enfers a commencé en 2005 lorsqu’il a été limogé de la vice-présidence de la république par Thabo Mbeki par suite de la condamnation pour corruption de son conseiller fiscal, Schabir Shaik. Tout le monde le croyait alors politiquement fini.

Mais c’était mal connaître l’ancien détenu de Robben Island, qui a montré qu’il avait les qualités d’un bon ballon : plus il tombe, mieux il rebondit. Ainsi, il a survécu à un procès pour viol et a des années d’enquête pour corruption.

Alors qu’il se démenait comme un beau diable devant la justice, il a réussi à prendre le contrôle de l’ANC puis a poussé Mbeki à la démission de la présidence de la république en septembre 2008. Du coup, il s’est ouvert un large boulevard qui mène au pouvoir d’Etat.

Mais on ne saura jamais la vérité sur ce qu’on reprochait à Zuma, puisque la justice, juste avant les élections générales, a décidé de laisser tomber définitivement les charges qui pesaient contre lui. Et cela, les détracteurs du nouveau maître de la nation arc-en-ciel le lui reprocheront toujours.

A 67 ans, Jacob Zuma, ce tribun polygame, devient donc le 4e président de l’Afrique du Sud postapartheid après Nelson Mandela, Thabo Mbeki et Kgalema Motlanthe. Il a arrive aux affaires au moment où la crise financière internationale frappe de plein fouet son pays. Alors, beaucoup se demandent si ce Zoulou qui n’a jamais été à l’école est véritablement l’homme de la situation.

C’est justement pour cela qu’il doit être un meneur d’hommes, en somme un bon manager qui sait s’entourer des compétences diverses dont regorge l’ANC. Il semble avoir compris cela, puisque, selon des indiscrétions, il va garder dans son équipe gouvernementale l’inamovible Trevor Manuel, qui occupe le ministère de l’Economie et des Finances depuis 13 ans.

C’est dire que la composition de son gouvernement, qui pourrait être connu ce dimanche, sera un bon indicateur de ce que Jacob Zuma veut faire de l’Afrique du Sud, lui qui a battu sa campagne sous les thèmes des services publics, du chômage et de la lutte contre la pauvreté.

A présent qu’il est président, on espère que l’enfant zoulou va mettre de l’ordre dans sa vie et surtout faire mentir tous ceux qui l’accusent de corruption ou qui ont peur de le voir occuper le palais présidentiel. Comme un maçon, il est au pied du mur. C’est à ses actes qu’il sera jugé et non à ses paroles.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga