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Démission des refondateurs du CDP : Triste aboutissement d’erreurs stratégiques

Publié le mercredi 29 avril 2009 à 02h17min

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« Devant l’impossibilité, dans la situation actuelle des responsabilités au sein du parti, d’obtenir le moindre débat démocratique, nous avons décidé de rendre notre démission de tous les structures et organes du C.D.P. pour compter du 23 avril 2009. Nous invitons tous les refondateurs, les militants et sympathisants du parti qui partagent nos idéaux à la vigilance et à la patience. Les jours et les semaines à venir nous situeront davantage ». C’est ce qui conclut une déclaration des refondateurs, publiée dans L’Observateur paalga n° 7369 du lundi 27 avril 2009. Ainsi, Moussa Boly, Réné Emile Kaboré, Rakiswiligri Mathieu Ouédraogo, Amadé Taho, Pierre Emmanuel Tapsoba et Oubkiri Marc Yao ont quitté le navire battant pavillon CDP.

Le sextuplé compte-t-il créer un énième parti politique au Faso ou envisage-t-il de se greffer à une formation politique déjà existante ? S’il est difficile, pour le moment, d’apporter une réponse à cette question, il est, par contre, permis de penser qu’ils n’en resteront pas là au regard de l’appel ‘’à la vigilance et à la patience’’, lancé à leurs ‘’sympathisants’’, et de la promesse que ‘’les jours à venir nous situeront davantage’’.

En attendant de voir ce que les refondateurs vont montrer ou proposer à l’opinion publique, il y a lieu de faire quelques observations : la première, c’est le symbole. Remarquez que leur démission coïncide avec le premier anniversaire de leur première déclaration. la deuxième, c’est qu’ils ont en fait devancé, selon certaines sources, la réunion du Bureau politique qui devait se charger de les exclure et d’en tenir informé le prochain congrès du mégaparti ; la troisième, c’est que les refondateurs donnent l’impression de vouloir rester dans l’univers du pouvoir et de continuer ainsi à soutenir Blaise Compaoré.
Alors que la situation leur était favorable

A lire leurs déclarations et leurs lettres publiées dans la presse, les refondateurs, sur bien des points, avaient et ont toujours raison. La direction du CDP a d’ailleurs déjà reconnu cela. Seulement, il nous semble qu’ils ont été en retard d’une bataille, et cela leur a été fatal. Cette bataille, c’est ce qu’a été la Révolution démocratique et populaire (RDP). Ayant combattu les révolutionnaires de l’extérieur ou ayant essayé d’ignorer leur existence, ils n’ont pas su ou voulu réajuster la forme de leur combat pour qu’elle soit en phase avec l’évolution interne du CDP, tenu par ces révolutionnaires avec leurs méthodes bien à eux. Ainsi, ils n’ont pas voulu faire l’autocritique tant exigée. En fait, si, au cours des quatre premiers mois de l’année 2008, c’est une position qui pouvait se défendre, la suite jusqu’à maintenant les a quelque peu désavantagés.

En effet, le second semestre de 2007 et le premier trimestre de 2008 ont été marqués par deux faits majeurs : d’abord, l’arrivée au Premier ministère de Tertius Zongo, qui entendait assumer toutes ses prérogatives de Premier ministre au risque de déplaire à certains puissants ministres, dont l’enfant terrible de la région du Nord, Salif Diallo, alors ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. En tant qu’un des principaux acteurs historiques de l’avènement de B. Compaoré au pouvoir, il donnait l’image de quelqu’un qui estimait avoir plus de droit que ne voulait lui accorder T. Zongo. La suite est connue ; ensuite, l’inside du CDP était marqué par des luttes de positionnement et de contrôle de l’appareil entre les bonzes et entre les bonzes et les potentiels concurrents membres ou non des instances dirigeantes du parti. Là encore, S. Diallo, en bon politique, n’entendait pas se laisser faire.

Une telle atmosphère permettait aux refondateurs de faire consciemment ou inconsciemment le jeu (à travers leurs critiques) d’au moins d’une des parties sans être inquiétés. Et puis, il s’en trouvait même pour justifier leurs attitudes bien qu’ils ne fussent pas des leurs. En clair, les rapports de forces n’étaient pas clairement déterminés, et chacun luttait pour se maintenir et éventuellement grignoter du terrain à son vis-à-vis. Aussi ménageait-on les uns et les autres.

Le tournant qu’ils n’ont intégrer dans leurs méthodes

Seulement voilà : avec le départ de Salif Diallo du gouvernement et du pays pour l’Autriche comme ambassadeur, les bras de fer tels qu’ils se présentaient ont brutalement baissé d’intensité.

Pour les uns, c’est parce que le reste des poids lourds craignaient que pareil sort leur soit réservé par qui vous savez, et pour les autres, c’est dû au départ de Salif Diallo qui, à l’époque, aurait été le principal animateur de ces luttes. Si tout cela était avéré, ç’aurait voulu dire que les méthodes de contestation des refondateurs auraient gagné à être revues de fond en comble, car nombre de puissants et de seconds couteaux qui pouvaient épouser leur cause ont, soit trouvé leur compte dans la nouvelle disposition des forces, soit tout simplement peur. Dans les deux cas, cela ne les incitait plus à soutenir moralement les refondateurs encore moins à se faire leurs avocats.

Certes, c’est une analyse qui peut ne pas tenir la route, mais, dans un milieu où la vérité n’est pas la même qu’en mathématiques, il ne faut exclure aucune hypothèse ; surtout pas celle qui apparaît la plus saugrenue, car la politique telle que nous la pratiquons est parfois pire que les hypothèses les plus saugrenues.
Les refondateurs sont-ils uniquement des victimes ?

A l’évidence, ce n’est pas humainement acceptable de se réjouir du malheur d’autrui. Surtout pas quand il endure le malheur au nom de valeurs partagées comme la démocratie, la tolérance, la justice et l’équité dans le traitement des militants au sein du parti majoritaire. Mieux, on se doit de les soutenir au moins moralement.

Cependant, au nom de ce soutien moral, on se doit aussi de leur dire la vérité ou ce qu’on pense être la vérité. En d’autres termes, nous sommes en politique, et la politique, telle que nous la pratiquons, au lieu d’être un art, est une planète sur laquelle tous les coups (même bas) sont permis. Ce faisant, quand vous voyez un politique se plaindre des misères qu’on lui fait subir, demandez-vous si le degré de ses jérémiades n’est pas proportionnel au tort qu’il a causé à son prochain.

A l’échelle de notre petite vie de petit militant de jadis, nous savons ce que nous avons fait de mauvais aux autres. Il y en a même à qui nous sommes allé demander pardon. D’autres sont morts avant que nous puissions le faire hélas… Si donc tous les coups sont permis, celui qui reçoit les coups bas est tenté d’en donner, ne serait-ce que par instinct de conservation.

Le problème est que, tant que le rapport de forces permet aux humains de donner, des coups sans en recevoir, c’est motus et bouche cousue. Quand les rapports changent et que celui qui donnait commence à en recevoir sans pouvoir répliquer conséquemment, il est tenté de se présenter comme un agneau inoffensif ou un redresseur de torts victime de la méchanceté du puissant du jour.

En d’autres termes, les refondateurs sont, certes, des victimes malheureuses d’une gouvernance qu’il vaudrait mieux améliorer, mais il faut relever que, quand ils étaient aux affaires, ils ont défendu, justifié et promu ce type de gouvernance. Le procès qu’ils font au CDP est aussi leur propre procès. Disons-le tout rek, comme nos cousins sénégalais.

En conclusion, une chose nous vient à l’esprit : le fait qu’en dépit de leurs expériences individuelles et collectives, les Six, comme on peut aussi les appeler, n’ont pas compris ou perçu toutes les subtilités politiques dont peuvent user les communistes d’hier pour conquérir et surtout conserver le pouvoir. C’est en cela qu’à notre sens, ils ont tactiquement séduit l’opinion en début 2008, mais, faute d’avoir élaboré une stratégie conséquente à l’époque, ils se sont vus obligés de prendre la porte avant qu’on la leur montre.

Z. K.

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 avril 2009 à 00:04 En réponse à : Démission des refondateurs du CDP : Triste aboutissement d’erreurs stratégiques

    ZK., je propose que tu souffles aux Six Mousquetaires qu’ ils feraient mieux de faire une Marque deposee comme Nadia Suleymane qui a eu 8gosses en Californie. Sa marque deposee c’est Octo- Mom. Le Burkina n’est pas dernier. Les gens sont jaloux de nous. regarez, on pourrait montrer aux autres que ns avons aussi notre Hexa- Mom (que dis-je, notre Hexa- Dad, on a meme fait mieux dans ce monde patriarcal et on a montre auxc femmes qu’elle ne peuvent pas ns battre pendant longtemps).
    LeCynique

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