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REARMEMENT EN COTE D’IVOIRE : De sombres perspectives pour la paix

Publié le mercredi 22 avril 2009 à 02h50min

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Le ralentissement du processus de paix en Côte d’Ivoire commence à mettre à vif les nerfs de certains protagonistes. Ce sont les Forces nouvelles qui ont donné le ton de l’exaspération générale qui s’est emparée des uns et des autres. D’abord en demandant à leur chef, Guillaume Soro, de quitter le gouvernement pour éviter d’être comptable de l’échec annoncé ; ensuite en lançant un ultimatum pour la tenue "impérative" des élections au cours de cette année 2009.

A peine a-t-on fini de s’interroger sur le sens et la portée de toute cette agitation au sein des Forces nouvelles, que les Nations unies prennent le relais, avec la publication d’un rapport alarmant sur les armes et le coup de gueule de Ban Ki-Moon. Aux menaces de l’ex-rébellion est venu s’ajouter un nouvel élément encore plus préoccupant, à savoir le rapport d’experts onusiens sur des violations constatées de l’embargo sur les armes.

Ces informations sont à prendre au sérieux car elles ébranlent tout le dispositif de sortie de crise porté par l’Accord politique de Ouagadougou (APO). L’importation d’armes découverte au niveau des parties en conflit et de leurs organisations supplétives comme les milices viole non seulement l’embargo décrété par l’ONU, mais aussi met en péril les efforts de paix. Il devient en effet illusoire de parler de désarmement, comme l’impose le 4e Accord complémentaire à l’APO, si dans le même temps, on assiste à un réarmement des troupes. C’est sans doute sur la base de ce rapport que le secrétaire général de l’ONU est monté au créneau, pour marquer son ras le bol face à l’interminable attente des élections, et surtout manifester son inquiétude quant au risque de reprise des hostilités.

En tout cas, l’inquiétude de la communauté internationale est justifiée au regard du constat que les discours de bonne volonté du camp présidentiel et de l’ex-rébellion ne sont pas traduits en actes concrets. Tout le monde a les mots "paix et élections" dans la bouche. Laurent Gbagbo l’a plusieurs fois répété, suivi en cela par ses différents lieutenants. Mais personne n’est dupe des manoeuvres du pouvoir pour retarder le processus en attendant d’être sûr de sortir victorieux d’une façon ou d’une autre d’un hypothétique scrutin. Du côté des Forces nouvelles, le dernier signe d’impatience qui a conduit à la menace de quitter le processus, ne peut occulter certaines responsabilités. Le rétablissement de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire national tel que préconisé par l’APO est loin d’être effectif, pas plus d’ailleurs que le désarmement. Ce sont des engagements pris par l’ex-rébellion, mais ils tardent à se concrétiser.

Dès lors, le FPI, le parti présidentiel, a beau jeu de prendre prétexte sur ces retards, pour refuser toute élection présidentielle. Mais on notera que lui aussi entretient des milices toujours en armes. Dans tous les deux cas de figure, la mauvaise foi est notoire, chaque partie semblant se complaire dans le statu quo. Les Etats-Unis hier, l’Onu aujourd’hui, tous exigent la tenue de la présidentielle en 2009. Le patron de l’ONU est même allé plus loin, en réclamant de la CENI qu’elle propose d’urgence "un calendrier réaliste et détaillé pour les élections, assorti d’objectifs d’étapes clairement définis". En principe, il n’ ya plus d’échappatoire pour le président Gbagbo et Guillaume Soro. Mais comme des poissons dans l’eau, les deux hommes ont toujours su se jouer des différents ultimatums. Celui-là a-t-il plus de chances d’être respecté ? Wait and see.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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