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Législatives et municipales au Burkina : Femmes, à vos marques !

Publié le lundi 20 avril 2009 à 01h42min

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L’Assemblée nationale a voté, jeudi dernier, une loi portant fixation de quotas aux élections législatives et municipales au Burkina. Désormais, toute liste de candidatures présentée par une formation politique ou un regroupement de partis auxdites élections doit obligatoirement comporter au moins 30% candidats de l’un ou de l’autre sexe. Disons tout simplement qu’il y aura au moins un tiers de femmes sur toute liste.

C’est un ouf de soulagement pour l’autre moitié du ciel et les acteurs de la société civile qui, depuis presque toujours, ferraillaient pour que le pouvoir législatif vote cette loi. Elle est désormais effective et a été votée avec 87 députés pour, 13 contre, 1 abstention, 1 bulletin nul. Beaucoup de personnes avisées sont unanimes pour reconnaître que, de nos jours, le taux de représentation des femmes en politique est l’un des baromètres de la démocratie dans un pays. Profondément préoccupée par cette situation, la représentation nationale a mené, depuis 2005, une réflexion sur la problématique de la participation de la femme en politique. Et un caucus genre avait été mis en place pour poursuivre la réflexion.

A entendre ceux qui connaissent un tant soit peu l’histoire politique de notre pays, des inégalités considérables entre les sexes ont toujours existé dans l’accès au pouvoir législatif, aux fonctions nominatives et à l’administration publique. Les principales raisons de la faible représentation de l’autre moitié du ciel dans les sphères de décision du Burkina sont, entre autres, les pesanteurs socioculturelles, les contraintes économiques. En dépit de ces barrières qui limitent l’équilibre social, aucun acte fort n’avait été posé à ce jour pour une éventuelle correction.

Et, ce n’est un secret pour personne, bien que notre pays ait ratifié les textes internationaux telles la Convention sur l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et la charte africaine des droits de l’homme et des peuples relative au droit de la femme en Afrique (CADHP/DFA) afin de promouvoir une plus grande participation politique des femmes et d’accroître leur taux de représentation, aucune disposition législative ou règlementaire aussi forte que la mesure des quotas n’avait été prise. C’est pour cela que, depuis quelques années, des discussions et des actions étaient en cours pour l’adoption d’une loi sur les quotas.

Pour César ce qui lui revient, disons que cette idée de quotas a été surtout promue par les associations et organisations féminines lors des communales de 2000 et 2006 ainsi que des législatives de 2002 dans le cadre de leurs activités de plaidoyer et de lobbying auprès des partis politiques et de l’Assemblée nationale.

Cette sensibilisation a amené certains partis politiques à prévoir des quotas internes, et le principe a connu une expérimentation lors des communales de 2006, avec pour résultats l’augmentation significative du nombre de femmes conseillères municipales. Mieux, la réflexion a été poursuivie en 2006 par le caucus genre du Parlement, dont les travaux ont débouché sur l’élaboration d’un texte de loi fixant des quotas de 30% au moins pour une participation plus équitable des femmes et des hommes à la vie du Parlement et à la vie politique en général.

L’application de la loi votée jeudi dernier vise l’atteinte de la parité, qui est l’idéal pour une société de justice. L’objectif majeur de cette loi est de surmonter les barrières structurelles qui empêchent une compétition équitable entre les hommes et les femmes en politique et, partant, de contribuer au renforcement de la démocratie grâce à la participation égale des citoyens aux différents niveaux de la vie politique par la résorbtion de l’écart, considérable, qui existe entre les hommes et les femmes dans la gouvernance politique à travers l’inscription de plus de femmes sur les listes électorales afin de favoriser leur accès aux postes politiques.

Véritablement, l’autre moitié du ciel devrait en être comblée, d’autant que, comme mesure de rétorsion, il est prévu la perte de 50% du financement public par tout parti ou regroupement de partis qui ne respecteraient pas le quota de 30%. Encore un sujet susceptible de faire des gorges chaudes les jours à venir.

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 20 avril 2009 à 22:46, par Desioo En réponse à : Législatives et municipales au Burkina : Femmes, à vos marques !

    Il faudrait que cette loi soit le déclencheur d’une politique plus active et plus accentuée en ce qui concerne la formation politique des femmes (mais aussi des hommes)tant sur le plan national qu’au niveau de chaque parti politique. Ce que cette loi ne doit pas être, c’est un moyen de remplir les listes coute que coute et de favoriser les magouilles pour fragiliser davantage les femmes. Cette loi ne doit pas être un prétexte pour inscrire sur les listes des incompétentes !

    • Le 21 avril 2009 à 11:44 En réponse à : une bonne loi pour la promotion du genreLégislatives et municipales au Burkina : Femmes, à vos marques !

      Merci pour notre Assemblée Nationale qui a pris son courage pour achever le tarvail noble débuté par les organisations de la société civile ( surtout les associations feminines).
      Cette loi permet de prendre en compte la question du genre dans notre quête permanente de la démocratie. Elle ouvre la porte, je l’espère aux femmes dans les villes et campagnes de prendre aux débats politiques qui étaient toujours l’affaire des hommes.
      Alors nos chères mères, epouses et soeurs, à vous de valoriser vos compétences politiques.

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