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CONDAMNATION DE L’EX- PRESIDENT PERUVIEN : Un cas d’école pour l’Afrique

Publié le vendredi 10 avril 2009 à 02h05min

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Alberto Fujimori

Connaître les délices et les saveurs du pouvoir (l’argent, les honneurs, la puissance et la gloire) et terminer de cette façon, au soir de sa vie, comme c’est le cas pour l’ex-président péruvien Alberto Fujimori, c’est un destin tragique que nul homme sur terre ne viendrait à envier. Un destin qui devrait amener tout dirigeant à se rappeler qu’il faut décidément avoir peur de la vie qui réserve bien des surprises. Après avoir dirigé d’une main de fer, le Pérou, Alberto Fujimori a finalement été rattrapé par son passé. Il vient d’écoper d’une peine de 25 années de prison, pour avoir ordonné à un escadron de la mort de commettre deux massacres qui ont fait 25 morts au cours de la lutte antiguérilla menée sous sa présidence.

Autant dire, la peine capitale pour ce sexagénaire qui n’est plus loin du Grand voyage. Evidemment, si le sort s’acharne ainsi sur "el Chino" comme on le surnomme, et qu’il a été obligé de rendre compte, c’est que, manifestement dans ce pays, personne n’est au-dessus de la loi, pas même celui-là qui "aura laissé un Pérou stabilisé et pacifié". Reste que ce pays revient de loin et semble avoir tourné le dos à l’impunité et au passé, comme s’il avait décidé d’abandonner les sombres années de braise et de révolution, pour enfin emprunter la voie de la liberté, de la justice et de la démocratie. Plus généralement, c’est toute l’Amérique latine qui est en train d’opérer sa mue, jetant aux orties ces années de dictature féroce pour préférer une nouvelle ère où les libertés s’expriment mieux, la démocratie se consolide et l’Etat de droit se renforce. Sur ce dernier point, l’Amérique latine montre, une fois encore, qu’elle est en avance sur l’Afrique.

Aussi, la condamnation de l’ex-président péruvien doit-elle constituer un cas d’école pour le continent. D’abord parce que le Pérou n’aura pas eu besoin de faire recours à la Justice internationale pour régler une affaire qui la concerne d’abord et avant tout. Même si, dans le cas d’espèce, cette Justice pourrait avoir moins les mains liées parce que l’affaire concerne un ancien chef d’Etat et non un président en exercice. Encore que la présidence de Alberto Fujimori n’a pas été un long fleuve tranquille. Si le Pérou a pris en main « son affaire », c’est généralement loin d’être le cas en Afrique où l’impunité qui entoure certains dossiers finit par être une raison suffisante pour une implication de la Justice internationale. Les juridictions nationales sont incompétentes ; on connaît généralement la chanson. Une pseudo-incapacité qui cache mal des pressions de toutes sortes, et qui situe sur le long parcours et l’immense travail qui reste encore à faire en l’Afrique pour la fin de l’impunité.

On dira, il est vrai, que juger un ancien chef d’Etat est un exercice très délicat et sensible. Le risque étant que de tels procès sonnent généralement le réveil des vieux démons, qui débouche sur l’instabilité. Mais il faut bien que la catharsis s’opère, et pour cela, que la vérité soit dite, que la justice soit rendue. C’est après tout cela qu’on peut envisager toute forme de réconciliation. Comment parvenir à la réconciliation des cœurs tout en maintenant en l’état l’impunité ? Voilà un jeu d’équilibrisme auquel bien des régimes africains tentent tant bien que mal de s’adonner. Le Pérou aura, lui, préféré donner un coup de pied à la fourmilière des crimes impunis. Quant à son ancien président, il aura clamé de bout en bout son innocence, niant avoir ordonné la mort de quiconque. Il a, du reste, fait appel du jugement. Comme si, pour avoir été à la tête du pays andin, il ne porte pas au moins la responsabilité morale des crimes économiques et des nombreuses atteintes aux droits de l’homme, survenus pendant ces sombres années de plomb.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 10 avril 2009 à 14:05, par kindamoussa En réponse à : CONDAMNATION DE L’EX- PRESIDENT PERUVIEN : Un cas d’école pour l’Afrique

    Bonjour
    Nous recoltons toujours ce que nous avons semé.
    Trop parler ses vouloir le juger,que la volonté de Dieu
    soit faite

  • Le 12 avril 2009 à 11:45, par wend waoga En réponse à : CONDAMNATION DE L’EX- PRESIDENT PERUVIEN : Un cas d’école pour l’Afrique

    Pauvres pays en voie de dévéloppement !On aide leurs dirigents préalablement manipulés pour qu’ils accèdent au pouvoir,on les pousse,les encourage,les protège meme !à utiliser les moyens les plus ignobles pour mater ceux qui sont assoifés d’un véritable ordre social,actes qui par la suite vont servir de moyens de pressions et de chantages de tous genres pour parvenir à ses fins et,une fois le but atteint,on les jette en pature à la justice qu’on avait jusque-là empechée d’agir,comme une orange pressée de son jus !Mais c’est quoi,la prison meme à vie d’un ex-président par rapport à celle d’un voleur de poulailler dont la peine ne dure pourtant que quelques mois ?

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