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SOFITEX s’endette en chantant !

Publié le jeudi 9 avril 2009 à 01h48min

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Alors que dans la zone sous son contrôle, les rares paysans qui ont fait cette année du coton attendent d’être payé, la SOFITEX, comme à son habitude, vient de procéder à Paris à ses traditionnelles signatures de convention, avec tout le flonflon qui va avec. Le cadre n’a pas changé et les partenaires sont toujours les mêmes ou presque, puisque cette année, il y a un nouveau prêteur, notamment le pool des banques islamiques.

C’est vrai, SOFITEX reste la plus grande société cotonnière du pays et l’Etat burkinabè y a encore ses billes. Mais pourquoi chaque année, c’est la seule SOFITEX qui doit nous convier à ses séances d’endettement ? En nous, il s’agit bien entendu d’un "NOUS" inclusif, puisque les heureux convives aux banquets des endettements de la SOFITEX sont bien triés sur le volet.

Ce sont de toute façon toujours les mêmes. Ne va pas aux agapes de la SOFITEX qui veut.
Mais plus les années passent, et au regard de la configuration des sociétés cotonnières du Burkina Faso, on se demande bien pourquoi c’est la seule SOFITEX qui chaque année oblige les Burkinabè à être témoins de ses séances d’endettement ? Les autres sociétés cotonnières font comment ? Qui a déjà entendu parler de signature de convention entre Faso Coton et un quelconque organisme bailleur de fonds ? Il est vrai qu’avec seulement une production de coton d’environ 21 000 tonnes, cette société cotonnière ne pèse pas lourd à côté du mastodonte SOFITEX. Mais qu’en est-il de l’autre société cotonnière ? Celle qui opère dans tout l’Est, la SOCOMA ? On n’en sait pas grand-chose. Ces sociétés apparemment gèrent leurs affaires sans nous y convier.

On peut certainement saluer le besoin de transparence de la SOFITEX et alors dans ce cas, l’exercice doit aller jusqu’à son terme. On sait chaque année, combien société emprunte, on ne dit jamais officiellement le chiffre d’affaire qui en résulte et comment les banques sont remboursées.

On sait aussi apparemment et au regard des montants empruntés que la SOFITEX n’arrive pas à mettre de l’argent de côté pour progressivement diminuer son endettement à défaut de l’endiguer. On peut penser que le géant du coton burkinabè est continuellement sous perfusion de ses banques prêteuses.

Cette année encore, la SOFITEX vient de s’endetter pour environ 84,4 millions d’euros. Le pool HSBC a mis à sa disposition 34,4 millions et un nouveau conglomérat de banques, dite pool banques islamiques, pour 50 millions. Selon les explications, la destination de cet argent est déjà connue et plus de 60% devraient servir à payer les paysans. Il reste quand même une préoccupation pour la première société cotonnière du pays ; elle survit grâce à des prêts régulièrement contractés. On nous dira que c’est le lot de toutes les sociétés de la trempe de SOFITEX. Soit.

Alors que ces séances d’endettement cessent d’être des agapes. On n’a pas d’idée que les rendez-vous pour emprunter puissent être aussi solennels et festifs. Comme disent les Dioulas, un prêt c’est une corde. Quand on se met la corde au cou "djourou don kana", on ne s’en réjouit pas.
La situation du coton est de toute façon assez préoccupante dans notre pays. Chaque année, la production baisse. Cette année, les prévisions réalistes tablent sur moins de 500 000 tonnes de coton produit. Les paysans se découragent et se retournent, justement comme les y invite le thème de la Journée nationale du paysan, vers d’autres spéculations, plus porteuses. Faire du sésame rapporte plus aujourd’hui au paysan que de produire du coton.
Il reste tout de même, et c’est là le dilemme, que le coton est devenu indispensable dans l’économie de notre pays. Les sous produits du coton, notamment la graine, alimentent un réseau de plus en plus dense de petites unités industrielles d’extraction de l’huile. En même temps, les sous produits de cette opération servent à l’alimentation du bétail.

Dans notre environnement, chaque année dégradé, il n’est plus possible pour les éleveurs de se passer des sous produits du coton pour les animaux. Sauf à condamner tous les éleveurs à l’exode vers le Ghana, le Togo ou la Côte d’Ivoire. Une hypothèse inenvisageable au regard des dommages économiques qu’elle va engendrer.
Il faut alors trouver une solution à notre coton. Il faut une vraie politique cotonnière, avec de vraies sociétés cotonnières. SOFITEX doit changer. Avec son endettement de cette année, elle a commencé à grever la "quotité cessible " de son capital. Sur un marché mondial aléatoire, il suffirait encore de quelques exercices déficitaires pour reposer de nouveau, la question de la recapitalisation. Comme c’est une belle poule aux œufs d’or, sachons la préserver.

L’Evénement

Par Newton Ahmed Barry

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Vos commentaires

  • Le 9 avril 2009 à 13:09 En réponse à : SOFITEX s’endette en chantant !

    Souvent je me demande où on vit ! La dernière fois parlant de mon pays, du fait que nous africains avec la crise financière attendons une aide de l´occident après le G20, j´ai été surprise de voir un article dans un journal allemand datant du mois de mars qui m´a été remis par un ami, parlant du DG de la Sofitex („Weißes Gold, schwarze Kassen“).
    J´ai eu honte !!! Il faut payer les pauvres paysans, comme vous avez l´argent et le coton pour dealer.
    Avec ça là on ne peut pas nous prendre au sérieux !!!

  • Le 9 avril 2009 à 17:44, par nyno En réponse à : SOFITEX s’endette en chantant !

    comment la sofitex peut se structurer, cest triste de le dire.....tous ses directeurs st des milliardaires...des fonctionnaires milliardaires ;qui viennent en europe pour leur propre affaire, dans des hotels de luxe c,est genre de conneries..tandis que les producteurs et les vrais travailleurs glade dans la misére et d,une avenir insertaine,mais un jour l,histoire va les jugés...........
    dans mon pays il faut un changement sinon un jour ha

  • Le 14 avril 2009 à 14:27, par ANSSO En réponse à : SOFITEX s’endette en chantant !

    OUI NEWTON CONAIT BIEN LA SOFITEX. LA SOFITEX DOIT CHANGER DE DG. LA MAUVAISE GESTION FAIT QUE LA SOFITEX EST OBLIGE DE S ENDETTER CHAQUE ANNEE.

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