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DEMISSION DE LA MINISTRE KENYANE DE LA JUSTICE : Un acte de courage politique

Publié le mercredi 8 avril 2009 à 01h26min

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Le gouvernement de coalition mis en place au Kenya au lendemain des violences de l’élection présidentielle de décembre 2007, vient d’enregistrer sa toute première démission. Il s’agit de celle de la ministre de la Justice et des affaires constitutionnelles, Martha Karua. Cette dame que l’on présente comme une fidèle du chef de l’Etat, Mwaï Kibaki, a justifié son attitude par les bâtons volontairement mis dans ses roues pour l’empêcher de mener des réformes dans son ministère.

Mais ce qu’elle n’a pas pu supporter par-dessus tout, c’est la nomination, la semaine dernière, par le chef de l’Etat, de 7 juges à son insu. Fidèle à sa réputation de dame de fer comme on l’a d’ailleurs surnommée au pays de Jomo Kenyatta, Mme Karua a donc préféré claquer la porte du gouvernement. "Un ministre, ça ferme la gueule ou ça démissionne", avait donc dit Jean-Pierre Chevènement en France pour marquer son opposition à l’engagement de la France dans la première guerre du Golfe.

Or, en Afrique, les ministres préfèrent se la boucler, avaler des couleuvres plutôt que de rendre le tablier, un geste perçu comme un suicide, un hara-kiri et, pour tout dire, la fin des haricots. Mais Mme Karua n’en a cure de ces considérations et a donc opté de démissionner pour manifester son opposition à cette manière de conduire les affaires, pour dénoncer les manoeuvres politiciennes. Sur un continent où la démission n’est pas entrée dans les moeurs des responsables, on peut dire que son acte est hautement courageux. Au nom de ses convictions, de sa liberté de parole, elle n’a pas hésité à claquer la porte au chef de l’Etat qu’elle a pourtant soutenu bec et ongles au temps fort de la crise post-électorale.

Ils sont nombreux les fidèles de chefs d’Etat africains tombés en disgrâce mais qui n’osent jamais broncher contre leur situation peu enviable de peur d’essuyer le courroux de ceux qui les ont fait rois. Au-delà de ce qui s’apparenterait à un bras de fer avec le chef de l’Etat, la démission de l’ex-ministre de la Justice met au grand jour l’immobilisme du gouvernement de coalition qui peine à entreprendre les réformes pour lesquelles il a été formé.

La démission de la ministre ne manquera pas d’attirer l’attention de tous ceux qui ont concouru à la formation du gouvernement d’entente que l’attelage ne marche pas aussi bien qu’il en a l’air. Et dire que c’est sur ce même modèle que le gouvernement du Zimbabwe est formé pour aussi mettre fin, là-bas, à la crise post-électorale ! Maintenant que le divorce est consommé, quelles peuvent être ses répercussions sur la vie nationale kényane ? Ce tout premier départ donnera-t-il un coup de fouet au gouvernement qui semble avoir fait le deuil de ses ambitions ? Entravera-t-il son fonctionnement ? En tout état de cause, les Kényans doivent tirer une leçon de cette mini-crise, pour éviter le retour des vieux démons.

Par Séni DABO

Le Pays

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