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Sommet du G20 : Le rouleau compresseur chinois en marche

Publié le mercredi 8 avril 2009 à 01h26min

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Les 1er et 2 avril 2009 s’est tenu en Grande-Bretagne, dans le quartier financier de la ville de Londres, le dernier sommet du groupe de pays dit des Vingt (G20), consacré à la crise financière internationale et à ses conséquences sur l’ensemble des pays de la planète. Une bien regrettable situation dont sont victimes ceux-là qui ne sont ni responsables ni assez riches pour concurrencer les milliardaires de ce monde. Mais l’objet de notre propos n’est pas de revenir sur les détails d’un tel sommet. Il s’agit tout simplement d’essayer de déceler ce qui est en train de se jouer dans le développement dramatique des choses.

Tout d’abord, il n’est pas inutile de rappeler que ce groupe de pays appelé le G20 a vu le jour en 1999 à l’initiative du G7. Suite aux crises financières qui avaient éclaté successivement en Asie, en Russie et en Amérique latine, le G7, ce club de pays riches, a voulu mettre en place une instance où les principales puissances mondiales, y compris les pays émergents, pourraient travailler en commun à résoudre et à éviter ces turbulences à l’avenir. Plus largement, le G20 sert aussi de forum sur les questions budgétaires et monétaires, de croissance, de commerce et d’énergie.

Ce sont concrètement les pays du G7, rassemblant les principaux pays industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Royaume-Uni), plus une douzaine de pays émergents (Afrique du Sud, Arabie Saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Russie, et Turquie). La vingtième place est occupée par l’Union Européenne, représentée par le pays en assurant la présidence tournante (en ce moment, la République tchèque). Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale participent également à ses travaux.

Un premier sommet réunissant les dirigeants du G20 s’est déroulé à la mi-novembre 2008 à Washington, à l’invitation de l’ancien président américain George W. Bush. Cette année, le Royaume-Uni en assure la présidence et c’est donc Londres qui prend en charge l’organisation du sommet des chefs d’Etat du 2 avril.

Selon ses fondateurs, le G20 représente "90% du Produit intérieur brut mondial, 80% du commerce international (y compris les échanges internes à l’UE) et les deux tiers de la population mondiale", lui donnant un poids politique et une forte légitimité - néanmoins contestée, notamment par des groupes altermondialistes qui ont encore fait entendre leur voix ce 2 avril.

Histoire d’accroître un peu plus cette légitimité à l’occasion de la réunion de Londres, et du fait de l’ampleur des problèmes qui y seront évoqués, des représentants de plusieurs autres pays et organisations internationales ont été invités en plus des membres permanents, dont l’Espagne, l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), l’Union Africaine et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Le récent sommet de ce groupe été positivement apprécié par les commentateurs, car, pour eux, ce fut un succès. 4 groupes de travail se sont réunis dans le processus préparatoire autour des thèmes suivants :

- Renforcement de la réglementation et renforcement de la transparence ;
- Renforcement de la coopération internationale et promotion de l’intégrité sur les marchés financiers ;
- La réforme du FMI ;
- La Banque mondiale et autres banques multilatérales de développement. Pour Le Monde : "La plus grande victoire du président Hu Jintao tient au plan mis au point pour relancer le commerce international, qui consacre en particulier 250 milliards de dollars (187 milliards d’euros) au financement des transactions.

Tout ce qui est favorable aux échanges mondiaux sert les intérêts de la Chine, dont la gigantesque machine à exporter a été durement frappée par les effets de la crise financière. Un tiers de la croissance chinoise repose sur l’exportation de produits bon marché". Poursuivant son analyse, le journal ajoute : "La seconde victoire de M. Hu est d’avoir fait entendre la voix de la Chine.

La réforme du Fonds monétaire international (FMI), si longtemps différée, va faire passer la part des votes dévolue au pays de 3 % à 3,7 %, en attendant davantage. Mieux encore, la Chine a été la première à esquisser les grandes lignes de ce que pourrait être le monde, une fois le dollar détrôné". C’est comme si on s’était réuni pour faire l’affaire du "Tigre rouge". Si on ajoute à cela le fait que, sur le plan militaire, la Chine fait des prouesses en matière de technologie, les inquiétudes des Américains s’en trouvent tout à fait justifiées.

En effet, depuis le début du siècle, la Chine est, selon les observateurs, le pays qui fait croître de manière exponentielle ses dépenses militaires : officiellement 17,7% en 2001, soit 141 milliards de yuans, ou 19 milliards d’euros. La réalité est vraisemblablement supérieure.

"La Chine a la plus grande capacité pour rivaliser militairement avec les Etats-Unis et engager des technologies militaires perturbatrices qui pourraient venir modifier à la longue les avantages militaires traditionnels des Etats-Unis", note le Rapport quadriennal sur la défense de 2006 du ministère américain de la Défense.

Il se dégage donc l’impression que la civilisation occidentale s’est lancée désespérément dans une lutte pour préserver son système économique ; une lutte qui, en fait, profite plus à d’autres qu’aux gardiens du temple de l’économie de marché.

Si bien que l’Occident est attaqué sur deux fronts : sur le plan sécuritaire, il a fort à faire avec le monde arabo- musulman avec la nébuleuse Al Qaeda et les organisations assimilées alors que, sur le plan économique, ce sont la Chine, le Japon et les dragons asiatiques qui lui tiennent la dragée haute. La seule partie du monde sur laquelle il peut marcher sans souci, c’est l’Afrique subsaharienne.

Comme quoi, aucun système n’est éternel, et s’il arrive qu’un système ait une très grande longévité, il n’est pas certain qu’au bout du compte, ce ne soit pas, à la place de ceux qui l’ont créé, quelqu’un d’autre (à la manière de la Chine) qui va se l’approprier.

Z.K.

L’Observateur Paalga

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