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FRONTIERE BURKINA - NIGER : Un enfer pour les camions surchargés

Publié le mercredi 8 avril 2009 à 01h26min

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La mise en oeuvre du règlement de l’UEMOA sur les surcharges a créé une situation explosive à la frontière du Niger, au poste de contrôle de Makalondi. Les camions passent sur le pont bascule et toute surcharge est sanctionnée et délestée du véhicule. Le mécontentement est grand. Notre envoyé spécial en revient.

Depuis plus de trois mois, la ville frontalière de Makalondi au Niger connaît une situation inhabituelle. En effet, la réglementation de l’UEMOA faisant obligation aux camions gros porteurs de se soumettre au contrôle de la charge à l’essieu crée des incompréhensions à la frontière entre le Burkina et le Niger. Adoptée par la conférence des chefs d’Etat de l’UEMOA, la mesure a pour objectif d’une part, de préserver nos routes de la dégradation rapide, dont l’un des facteurs est lié à la surcharge des camions et remorques de transport de marchandises et d’autre part, de sécuriser les chauffeurs et du même coup prolonger la durée de vie des camions.

Une situation complice de la vie chère

Les conséquences d’une telle mesure sont visibles sur le terrain : plus de cinq cents (500) camions gros porteurs en stationnement au poste « pont bascule » de Makalondi au Niger. Cette situation, à n’en pas douter, n’est ni bonne pour les économies de pays en quête de pénétration des grands marchés mondiaux ni pour une intégration véritable des populations. En effet, le stationnement prolongé de ces camions ravitailleurs des pays de l’hinterland risque de créer des pénuries des denrées de première nécessité. Il n’est un secret pour personne que le riz, la farine, l’huile, le sucre, le pétrole et bien d’autres produits de consommation de nos pays viennent de l’extérieur.

Ces pénuries auront pour conséquence immédiate l’inflation des prix de ces produits de première nécessité, chose qui aggravera sûrement le phénomène de la vie chère. Pour les transporteurs que nous avons pu rencontrer, les exigences des autorités nigériennes sont telles qu’ils ne peuvent les accepter. Tout véhicule surchargé devrait payer une amende de 60.000 F CFA par tonne en plus. Ensuite, il devrait décharger le surplus de poids au profit uniquement des transporteurs nigériens (ce qui crée des frais supplémentaires) même si un autre camion de la même compagnie est en mesure de le faire. Pire, depuis le 28 mars 2009, tout camion devant passer au pont bascule doit au préalable verser la somme de 100.000 F CFA. Ainsi, en attendant la réaction de leur hiérarchie, ils s’adonnent à des jeux de société. De toutes les situations, celle-ci est la plus incompréhensible.

Pour avoir payé la totalité de la somme demandée, soit 1.260.000 F, la barrière est toujours fermée à un chauffeur que nous avons rencontré. Voulant avoir la version des autorités de la douane et de la gendarmerie sur la situation, nous avons été priés de nous faire enregistrer au poste de police frontalier. Après avoir obtenu l’autorisation de la hiérarchie immédiate, le commissaire de police nous autorisa à faire notre reportage. Puis sur instruction de la hiérarchie encore, on nous a recherché pour nous demander de quitter le territoire avec interdiction de faire notre travail. Les implications du contrôle de la charge à l’essieu de Makalondi se font ressentir au niveau des ports d’embarquement du Togo, du Ghana et du Bénin. De nombreux transporteurs hésitent à prendre des marchandises devant les conduire vers le Niger.

Quelles solutions envisager ?

Pourquoi les autorités nigériennes procèdent-elles de cette manière alors que le Ghana et le Mali qui appliquent également le contrôle de la charge à l’essieu ne connaissent pas les mêmes problèmes ? Est-ce dans l’intention de financer la campagne présidentielle à venir comme le prétendent certains ? La pratique est-elle conforme aux recommandations de l’UEMOA ? Que faire pour éviter que d’autres pays ne prennent des mesures de rétorsion ? Pour les chauffeurs, la situation qu’ils vivent à Makalondi incombe à leurs patrons qui n’ignorent pas les mesures que le Niger applique. Ils reconnaissent que les taxes demandées sont exagérées. Pour d’autres, il appartient aux responsables de l’UEMOA de définir les dates d’entrée en vigueur des différentes mesures et d’harmoniser les différentes taxes et amendes à payer. En tout état de cause, une solution durable doit être trouvée pour rendre aux corridors Lomé-Niamey et Accra-Téma-Niamey leur fluidité d’antan. Ce, pour le bonheur des populations et pour permettre à l’intégration de poursuivre tranquillement son petit bonhomme de chemin.


Ce que dit le règlement de l’UEMOA

Voici ci-dessous quelques articles du règlement n°14/2005/CM/UEMOA relatif a l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle du gabarit, du poids, et de la charge a l’essieu des véhicules lourds de transport de marchandises dans les Etats membres de l’union

Article 13 : Contrôle sur route Article 13.1. : Système de postes fixes de contrôle sur route

a. Chaque Etat membre doit mettre en place un système de postes fixes de contrôle sur route des véhicules routiers lourds, couvrant le réseau routier communautaire, à des fins de contrôle du respect des normes fixées par le présent Règlement telles qu’elles sont édictées par les dispositions des Articles 4 et 5 ci-dessus.

b. Chaque poste fixe de contrôle est équipé d’un mécanisme de pesage des véhicules pour le contrôle de la charge à l’essieu et du poids total du véhicule, et d’un dispositif de mesure du gabarit. Les postes fixes localisés au niveau d’un cordon douanier sont équipés d’un scanner à des fins de contrôle douanier et de sûreté Les postes fixes doivent disposer d’espaces d’entreposage sécurisé de marchandises et d’espaces de parcage sécurisés des véhicules immobilisés, facilitant l’exécution des sanctions édictées à l’Article 14 du présent Règlement.

c. Les postes fixes aux frontières sont également équipés de postes de contrôle de police des frontières, de gendarmerie, des douanes et des eaux et forêts.

d. Le système de postes fixes de contrôle sur route doit comporter un poste aux environs des sources d’émission de trafic lourd précisées à l’Article 11. Au niveau de la frontière entre deux Etats membres, le contrôle est opéré en commun par les deux Etats frontaliers au poste de contrôle juxtaposé à la frontière abrité par la plate-forme commune d’entrée-sortie terrestre des deux Etats.

e. Sur tout itinéraire communautaire de transit dans un Etat membre, le nombre de postes de contrôle ne peut dépasser deux postes fixes de contrôle dans chaque sens de circulation, y compris les postes aux environs des sources d’émission de trafic lourd citées ci-dessus lorsqu’ils se situent sur l’itinéraires et les postes aux frontières, compris. Les postes situés sur les routes accédant à l’itinéraire communautaire de transit sont exclus du décompte.

f. Les postes de pesage-péage ne sont pas décomptés dans le nombre de postes fixes de contrôle mentionné à l’alinéa e- ci-dessus. Les véhicules assurant un transport de transit, munis du macaron prévu dans le plan régional de contrôle routier, ne sont pas soumis aux formalités de pesage au niveau de ces postes de péage-pesage.

g. Les règles de dimensionnement des postes fixes feront l’objet d’un Règlement d’Exécution de la Commission de l’UEMOA.

TITRE 6 : sanctions pour non respect sur la voie publique des normes de limitation de gabarit, de poids et de charge a l’essieu

Article 14 : Sanctions Article 14.1. : Obligation de délestage des surcharges et de correction de gabarit

a. L’exploitant d’un véhicule non conforme lors de son contrôle, par rapport aux normes de chargement édictées aux Articles 4 et 5 du présent Règlement a l’obligation de se conformer à la réglementation avant de remettre le véhicule en circulation.

b. Nonobstant l’acquittement des amendes encourues, l’exploitant du véhicule est tenu de faire décharger l’excédent de chargement du véhicule et/ou de réaménager le chargement du véhicule afin de ramener sa charge et son gabarit dans les limites autorisées.

c. Les frais de déchargement, d’entreposage, de gardiennage et de rechargement des marchandises déchargées sont à la charge exclusive de l’exploitant du véhicule.

d. Les opérations de déchargement, de mise en entrepôt et de rechargement, ainsi que le gardiennage sont assurés par l’opérateur du poste de contrôle et sous sa responsabilité. L’opérateur facture l’exploitant du véhicule sur la base d’un barème de prix. L’établissement de ce barème relève de la compétence de l’Etat membre en application des dispositions de l’alinéa a- de l’Article 13-5 ci-dessus, exception faite des postes de contrôle juxtaposés.

e. Dans le cas d’un véhicule assurant un transport sous le régime TRIE, les opérations visées à l’alinéa d- ci-dessus sont effectuées sous le contrôle de la douane.

f. Lorsque le véhicule en défaut de conformité est intercepté au niveau d’un contrôle mobile, le véhicule est conduit immédiatement au poste fixe de contrôle le plus proche.

Par Hubert Dapouguidy DIABRI

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 8 avril 2009 à 11:35, par Aemed En réponse à : FRONTIERE BURKINA - NIGER : Un enfer pour les camions surchargés

    Il n’y a rien de mieux que cela et il faut reconnaitre qu’on a mis du temps pour en arriver là. Ne nous reportons pas à ce que perd les propriétaires des camions qui détruisent non seulement nos routes et surtout le plus important des vies humaines.
    Je pense que nos populations n’en souffriront point si toute fois tout soit bien régulé.
    Au lieu de un ou deux transporteurs qui fassent ces voyages il y en aura un bon nombre qui saura aussi en tirer profit vu les exédents de poids qui en résulteront.
    Qu’on ne pense pas à gagner seulement il faut respecter certaines mesures surtout s’il en va des vie humaines.
    Toutes mes félicitations à l’UEMOA pour cette décision.

  • Le 8 avril 2009 à 22:41, par Lamourdja En réponse à : FRONTIERE BURKINA - NIGER : Un enfer pour les camions surchargés

    Je ne comprends pas votre probleme Mr le journaliste. Vous semblez etre contre les penalités imposés aux camioneurs qui font de la surcharge ! Il faudrait au contraire se demander pourquoi le Burkina et les autres pays de lÚEMOA n’ont pas encore installé les ponts-bascules pour appliquer cette mesure salutaire et sauvegarder nos routes nationales et sauver les vies humaines. Toutes nos routes nationales devraient etre en etre equipées !!! Mrs Gilbert et Tertuis a quand les ponts-bascules sur nos routes ???

  • Le 9 avril 2009 à 18:20, par NIK En réponse à : FRONTIERE BURKINA - NIGER : Un enfer pour les camions surchargés

    M le journaliste, vous etes payer pour defendre les transporteurs ou pour informer le public. Votre commentaire sur les conséqences ne tient pas. Qui vous dit qu’en surchargeant les comions on approvisionne rapidement les magasins. La flambée des prix des produits de 1eres nécessités n’est pas liée à manque de stock. Dans tous les cas, la vie des usagers de la route est plus importante que les taxes payées par les transporteurs en infraction.

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