C’est donc dire que ce sport ne laisse personne indifférent, et il attire des foules quand l’événement est de taille. Le week-end dernier, à la faveur de la première journée des éliminatoires combinées de la CAN et du Mondial 2010 sur les différents stades du continent africain, l’heure était à la mobilisation du côté des supporters. Que ce soit à Kumasi en passant par Ouagadougou où à Abidjan, on est sorti nombreux pour aller soutenir son équipe nationale.

Mais si au Ghana et au Burkina, les amoureux du sport roi sont bien rentrés chez eux en faisant du bruit dans les rues, il n’en est pas de même au bord de la lagune Ebrié où il y a eu 19 morts et 132 blessés ; une terrible tragédie qui a jeté l’émoi chez les âmes sensibles. Des hommes, des femmes, de jeunes filles et garçons qui ont quitté leur domicile pour aller supporter leur équipe fanion et qui ne reverront plus leurs familles. Un tel drame fait saigner le cœur.

Comment une telle tragédie a-t-elle pu arriver ? Les informations qui nous parviennent parlent de billets parallèles vendus alors que toutes les places étaient occupées dans l’enceinte du « Félicia » que nous connaissons très bien. Une horde de supporters à la lutte avec des forces de l’ordre devant les portes d’accès au stade, dit-on, auraient forcé l’entrée et un pan du mur a cédé. Pire, il semblerait que des supporters auraient payé de l’argent (300, 500 FCFA) à des policiers pour pourvoir passer ; une pratique qui est devenue monnaie courante en Afrique, où l’occasion est toujours bonne de se faire un peu d’argent.

Deux jours après ce drame, les autorités sont montées au créneau, et le Premier ministre, Guillaume Soro, qui a annoncé des sanctions, a présidé hier mardi 31 mars 2009 un Conseil de gouvernement pour situer les responsabilités et, si possible, prendre les mesures qui s’imposent. En tout cas, quand pareil malheur arrive, c’est certain que le gouvernement ne peut pas ne pas réagir, et on comprend qu’on ait décidé un deuil national de trois jours, à l’occasion duquel les drapeaux sont mis en berne ce mercredi 1er avril 2009. Une enquête pour faire la lumière sur les circonstances de ce drame, c’est vraiment une bonne chose, mais il est inutile de se rejeter la balle. Aujourd’hui, il est temps que la Côte d’Ivoire songe à se doter d’un grand stade digne de ce nom.

Là-bas, on dit que le stade Félix-Houphouët-Boigny, avec sa trentaine de mille places est devenu exigu. Qu’adviendra-t-il quand les Etalons et le Syli National de Guinée se présenteront dans cette cuvette ? Les deux pays ayant une forte colonie dans ce pays, tous leurs supporters feront certainement le déplacement. Ce n’est pas la première fois que de tels incidents se produisent dans des stades en Afrique. On se souvient, tout près de nous, des incidents du Baba Yara stadium de Kumasi, il y a quelques années au Ghana : deux cents vingt-six supporters avaient trouvé la mort dans ce stade.

Ce qui vient de se passer à Abidjan devrait nous servir de leçon ici parce que lors du match Burkina # Guinée joué le 28 mars dernier, il n’y avait plus de place à l’intérieur à trente minutes du coup d’envoi. On sait que des supporters n’ont pu accéder au stade et s’ils avaient voulu forcer, peut-être que les choses auraient pris une autre tournure. Au Burkina, ils sont nombreux, les inconditionnels des Etalons qui attendent toujours des tickets pour aller jouer leurs partition.

L’autre jour, on a encore distribué des billets gratuitement sans compter les cartes d’invitation. Ceux qu’on ne voit jamais au stade étaient assis tranquillement à la loge officielle. On veut à tout prix que le stade du 4-Août soit plein comme un œuf, mais a-t-on pensé un seul instant qu’il y a un certain nombre à ne pas dépasser ? La recette de ce match était de 12 875 100 FCFA ; une somme que des clubs n’ont même pas dans leurs caisses. Avec le onze national, ça marche bien et le public ne jure désormais que par son équipe.

Le 20 juin prochain, contre les Eléphants de Côte d’Ivoire à Ouagadougou, il est certain qu’on jouera à guichets fermés, surtout que les Drogba, Baki, Kalou et autres seront de la partie. Et comme il faut mieux prévenir que guérir, espérons qu’à la Fédération burkinabè de football ( FBF) et au Comité national de soutien aux Etalons ( CNSE), toutes les dispositions seront prises pour que tout se passe bien.

Justin Daboné

L’Observateur Paalga