Au premier rang du public venu assister à cette rentrée politique du PAI : les représentants des partis signataires du manifeste pour la Refondation. Parmi eux, de grandes figures de l’opposition dont Ram Ouédraogo (RDEB), Hermann Yaméogo de l’UNDD, Toubé Clément Dakyo de l’UDD... Ils sont là ce 30 mars 2009 pour soutenir le parti frère du PAI, signataire du manifeste. Soumane Touré, dans un bazin bleu, après les amabilités, s’engage dans un exercice dont il a seul le secret. Debout devant l’auditoire, il se lance dans un "cours d’histoire", regardant à peine son discours.

Le 30 mars est une journée du souvenir pour son parti. Cette date marque l’anniversaire de la naissance du fondateur du PAI, Amirou Thiombiano. La coïncidence avec la commémoration officielle de la journée du 30 mars par l’Etat n’est qu’une coïncidence selon lui et ne le gêne pas dans la mesure où c’est une occasion pour le parti de rendre hommage au fondateur du parti et à tous les camarades disparus. Le 30 mars a donc vocation à devenir un événement médiatique pour le parti qui marquera désormais sa rentrée politique à cette date. 2008 aura été l’année du manifeste pour la refondation.

Des partis aux idéologies différentes ont initié le mouvement pour la refondation nationale et rencontré les composantes de la société afin d’adresser une correspondance au chef de l’Etat. Dans cette adresse, les refondateurs appellent à "un débat national républicain". Il s’agit, selon Soumane Touré, de réunir le maximum de Burkinabè pour qu’ils discutent des solutions. Il s’agit pour lui d’organiser une transition paisible. Car, à partir de 2010, soutient-il, "la succession de Blaise Compaoré est ouverte et dans son propre camp et dans les autres également". Il n’ a pas de mots tendres pour les réformes en cours à l’Assemblée nationale. Pour lui, il faut carrément une cinquième République pour rompre avec cette constitution héritée de la colonisation et qui ne permet pas le plein exercice du jeu démocratique avec les partis politiques en première ligne.

Il a critiqué les futurs 25 ans de règne du président Compaoré et conclu que le Burkina, depuis Maurice Yaméogo, est sous le joug de l’armée. 2009 pour le PAI marquera deux cinquantenaires : la chute du mur de Berlin marquant "la fin de l’expérience de la construction socialiste dans les pays de l’Est" et l’entrée du Burkina dans le PAS (Programme d’ajustement structurel). Entre les deux, il y a l’affaire PAI qui aura ses 10 ans de chronique judiciaire. Cette affaire est le reflet, selon Soumane Touré, de la volonté du pouvoir en place de faire disparaître le parti et ce depuis le jour où celui-ci a, pour des raisons idéologiques, refusé l’entrée du Burkina au PAS. En effet, explique le secrétaire général du parti, la chute du mur n’était pas la fin de la lutte des idéologies mais le paroxysme de l’impérialisme et le PAS était une régression sérieuse par rapport aux efforts du peuple avec le redressement financier de la "Garangose".

L’opposition du PAI au PAS marque, selon son premier responsable, les débuts des difficultés en son sein. "Nous étions les seuls à refuser la voie que l’impérialisme cherchait à nous imposer" d’où "une lettre de menace dans laquelle le président du Front populaire Blaise Compaoré nous reprochait de vouloir évoluer au contraire de tous les partis politiques, de tous les syndicats et autres organisations de la société civile qui le soutenaient." Aujourd’hui, soutient le PAI, la crise montre que l’impérialisme est en difficulté et que le PAS a conduit le pays dans l’impasse.

Le régime du président Compaoré n’a rien à proposer, selon lui, et lance déjà la campagne présidentielle de 2010 avec pour "seul programme, la continuité dans la corruption, l’impunité" et les malversations, etc. Pour Soumane Touré, personne ne parle de comment sortir de cette impasse, sans programme alternatif. Les partis qui parlent déjà de présidentielle "veulent alterner pour alterner, car en réalité rien ne les différencie quant au fond".

Par Abdoulaye TAO

Le Pays