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Discours sur la situation de la nation : Et les remèdes, docteur Tertius ?

Publié le lundi 30 mars 2009 à 01h51min

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90 pages, 3 heures de speech, soit de 16h à 19 h tels sont les chiffres bruts qui caractérisent ce second Discours sur la situation de la Nation (DSN) du Premier ministre Tertius Zongo, prononcé devant les députés le 26 mars dernier. Une nette hausse tant au niveau de la pagination que du temps mis pour le lire par rapport à son premier DSN du 27 mars 2008, qui comportait 68 pages et aura duré 1h 30 environ.

En effet, on a souvenance que le premier DSN s’est déroulé dans un contexte particulier, puisque dit dans la pétaudière de la vie chère, sans oublier que le nouveau chef de gouvernement qu’il était à l’époque venait, quelques mois auparavant, de se taper son Discours de politique générale (DPG, un discours « clone du DSN » selon ses adversaires), qui est en fait sa feuille de route pour réaliser le programme pour lequel son patron a été élu, à 80%. A l’époque d’ailleurs, certains n’ont pas manqué de dire qu’il a amené la vie chère dans ses bagages depuis le 2340 de l’avenue Massassuchets jusqu’au Burkina Faso. Une certaine façon de signifier qu’il a corsé les choses et que rien ne marche plus. Certains émeutiers de la faim de février 2008 en étaient convaincus qui allaient jusqu’à appeler « le koura-koura » (tourteau d’arachide) du nom de Tertius Zongo.

Une année après, les données ont fondamentalement changé, et cette seconde photocopie à l’instant "t" de la situation campe bien l’état des lieux de la politique, de l’économie et du social de notre pays. Que retenir donc de cette grande sortie du PM ? La forme met en exergue un long propos avec souvent des répétitions dont on aurait pu faire l’économie. A force de vouloir tout expliciter et d’entrer dans le menu détail, le locataire de la Primature a allongé son mot, qui aurait pu être synthétisé. Pourtant grand communicateur devant l’Eternel, il sait que plus un discours est long moins l’attention de ceux qui écoutent est soutenue.

Même les grands harangueurs de foules, tels Fidèle Castro ou le défunt Sekou Touré, qui pouvaient tenir le crachoir des heures durant, péroraient, mais savaient que c’était pour la forme et pour des raisons idéologiques, car aucun être humain ne peut suivre attentivement ces discours-fleuve sans s’ennuyer. La preuve est que dans le cas d’espèce, certains députés se tapaient un somme à l’hémicycle, passé la deuxième heure du speech du chef du gouvernement.

Mais si, formellement, l’une des faiblesses notoires de ce DSN est son volume, son fond, quant à lui, a tenu la route, du moins dans beaucoup de ces aspects. Ainsi, on retiendra que le diagnostic, dans son ensemble, fut sans complaisance sur la crise que vit le Burkina Faso . D’abord, les causes mondiales ont été répétées par Tertius : « La crise financière, qui a généré la crise économique actuelle et menace de se transformer en une crise sociale et humanitaire, vient aggraver les chocs engendrés par la flambée des prix des produits alimentaires et de ceux des produits pétroliers », lit-on en page 7 du DSN. Du reste le locataire de la rue Agostino-Neto fera un grand détour pour expliciter pourquoi le Faso ne peut pas se soustraire à cette grande décélération financière de 2008.

Ainsi, que ce soit sur les plans alimentaire ou des hydrocarbures, le Burkina a ressenti et ressentira le séisme économique qui secoue le monde. « Les anticipations de croissance forte et soutenue en vue de lutter efficacement contre la pauvreté dans l’équité ont été... contrariées par les effets conjugués des différentes crises, mais aussi par des rigidités structurelles internes et la forte poussée démographique qui caractérise le pays ».

Les recettes globales ont enregistré un recul de 1,3% comparativement à 2007 et se situent à 630 ,8 milliards cfa,les dépenses se chiffrent à 791,9 milliards cfa et les charges courantes à 455,2 milliards cfa contre 450,3 milliards en 2007.La balance commerciale, chroniquement déficitaire, « est, à fin 2008, à 357,8 milliards cfa, en dégradation de 68,76 milliards cfa par rapport à 2007 ». Quant à la balance des paiements 2008, elle est déficitaire de 40,6 milliards cfa. Fin 2008, comme un boulet, le Faso traine un encours de la dette publique de 936 milliards cfa.

Que ce soit sur les plans de la Santé ,de l’agriculture, de l’éducation, de la bonne gouvernance... le Premier ministre n’est pas resté en surface relativement aux problèmes qui minent ces domaines. Les solutions, quant à elles, n’étaient pas évidentes. Or, si ce n’est pas dans un DSN qu’il faut étaler son programme de gouvernement, mais plutôt dans un DPG, Tertius était attendu pourtant sur ce qu’il va faire pour soulager ses compatriotes.

De ce fait, on a entendu des débuts de solutions, des aveux d’impuissance, un langage souvent dur (par exemple sur l’affaire CNSS ou on a senti sourdre l’ire du PM) qu’alternait Tertius devant la représentation nationale. L’homos communicus Tertius zongo a dressé ce que les médecins appellent un beau tableau clinique des pathologies qui plombent notre développement, des maux d’ailleurs connus des Burkinabè depuis belle lurette.

Quant aux remèdes, beaucoup restent dubitatifs, et sans doute le chef du gouvernement l’a-t-il perçu lorsqu’il a invoqué « l’effet tunnel » comme bouée de sauvetage. Encore faut-il que tous les Burkinabè croient aux mêmes valeurs tels l’égalité des chances (la méritocratie), le travail, la justice...car, justement, tous les peuples qui ont exploité « l’effet communauté de sort » pour émerger ont des valeurs sur lesquelles ils ne transigent pas, qu’on soit riche ou pauvre. Hélas au Faso, on en est encore loin et on a même l’impression que c’est tout ce qui nous fait reculer qui est pratiquement sanctifié.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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