Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
Pour la quatrième fois, Nicolas Sarkozy a foulé le sol africain, hier jeudi 26 mars 2009, en sa qualité de président de tous les Français. Ses trois premières tournées africaines l’avaient notamment conduit au Sénégal, au Gabon (juillet 2007), au Tchad, en Afrique du Sud (février 2008)…toujours au pas de charge.
Pour sa dernière sortie en date, les deux Congo et le Niger sont concernés par la visite présidentielle. Sarkozy, lors de son voyage inaugural sur le continent noir, entaché d’ailleurs par une escale libyenne avait littéralement raté le coche. En effet, du discours stéréotypé livré à l’université Cheick Anta Diop de Dakar par l’homme pressé à l’épilogue gabonais, la randonnée sarkozienne a maladroitement entamé la rupture avec les travers de son prédécesseur à l’Elysée, Jacques Chirac. En février de l’année dernière, Sarko s’est permis une session de rattrapage par un speech qui célèbre un partenariat somme toute décomplexé entre la Métropole et ses anciennes colonies d’Afrique.
Congo (Kinshasa), Congo (Brazzaville) et Niger constituent d’autres étapes de cet examen de passage de Sarkozy. Sur la République démocratique du Congo (RDC), où il est arrivé jeudi dans la matinée, le premier des Français avait jusque-là « une nouvelle approche » du conflit du Kivu (est). Nicolas Sarkozy avait à l’occasion prôné « un partage de l’espace et des richesses », minières cela s’entend, entre l’ex-Zaïre et le Rwanda voisin.
Son séjour a donc permis d’atténuer la fièvre patriotique, par une mise en avant des vertus de l’intangibilité des frontières et des dividendes de la paix. Devant un parlement tout ouïe, Sarkozy a tenu un discours flatteur, prudent, évoquant discrètement les questions de bonne gouvernance. Morceaux choisis : « Votre souveraineté ne peut plus être bafouée (…) Vos richesses ne peuvent plus être exploitées dans la grande illégalité ».
A Brazza, il s’agira d’apporter en sourdine un soutien à Denis Sassou Nguesso, qui a maille à partir avec son opposition, divisée. Entre les deux hommes, il sera question de transparence mais aussi et surtout de business. Au pays de Mamadou Tandja, le Niger, la brève escale qui boucle la virée de « Sarkozy l’Africain » mettra au centre des échanges la rébellion touareg et la constitution. Mais le gisement d’uranium d’Imouraren sera surtout un sujet que les deux chefs d’Etat ne manqueront pas d’aborder.
Pour l’essentiel, le passage éclair (36 heures) de Sarkozy dans les trois pays cités met l’accent sur la paix, la démocratie et la rénovation des liens avec le continent africain. En filigrane, il faut voir à travers les trois Etats, dans l’agenda du président de la France une préoccupation ni plus ni moins économique.
La tournée de Nicolas Sarkozy chez les Africains a lieu à un moment où certains groupes français connaissent de véritables problèmes. C’est, entre autres, le cas du groupe Bolloré dans le domaine de la gestion portuaire en Afrique. Le mari de Carla Bruni, en déboîtant en Afrique, veut montrer à la face du monde que la France n’est pas du tout insensible à ses investissements dans cette partie du globe.
Loin de là, puisqu’elle n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Chaque fois que l’actuel locataire de l’Elysée se rend en Afrique, il ne faut donc pas s’étonner qu’il s’intéresse exclusivement à des entités ciblées, et cela, au pas de course. Cela conforte tout simplement nombre d’observateurs de la scène politique qui pensent que le berceau de l’humanité, à vrai dire, n’est pas sa tasse de thé. S’il vient chez les Noirs d’Afrique, c’est parce qu’il n’a pas tellement le choix. Comme ses prédécesseurs, il ne fait que sacrifier à une tradition.
D. Evariste Ouédraogo
L’Observateur Paalga
Vos commentaires
1. Le 27 mars 2009 à 03:20 En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
Il faut que le président français sache que les anciennes colonies françaises n’ont plus besoin de la France.Le pays qui s’est toujours intéressé à ceux avec qui il a des intérêts particuliers.IL doit cesser de rappeler aux africains ce qu’ils connaissent déjà.Soyons en sûre,la France ne peut pas resoudre les problèmes de l’Afrique.Il revient aux afriicains de prendre conscience de leur situation pour se mettre au travail.Surtout que quand on parle de l’Afrique maintenant,on ne voit ni le Magrheb ni l’afrique du Sud mais les autres qui se connaisent bien.il est temps.A quand l’Afrique ?
Le 27 mars 2009 à 15:07, par Patricia - Sud de la France En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
Assez de lire ou d’entendre "Les Africains doivent se mettre au travail". Je suis française, j’y demeure mais mon coeur est au Faso. Là-bas, j’ai rencontré des enfants, des femmes, des hommes qui s’organisent collectivement et localement pour éviter de passer à côté de l’éducation, pour éviter de mourir de faim ou de soif. Boire de l’eau sans y laisser sa peau et/ou celle de sa famille. Ici, je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour les aider dans ce sens. Je cherche des fonds, je défends leur projet et leurs actions, bénévolement.
Alors quand ? mais quand est-ce que nos hommes politiques respectifs, en Europe comme en Afrique (ce sont les mêmes, oui, oui je vous le jure) cesseront de se nourrir de la pauvreté, de la famine et du peu de travail qu’il reste à leurs ouailles quand il en reste ?
Quant à mon Cher Président Sarkozy, il nous mène à la catastrophe ici comme en Afrique. Allez chères et chers compatriotes, les plus chanceux, remettez vous au boulot avant d’entendre "Les Français doivent se mettre au travail"...
Travaillons plus pour gagner moins pendant que Sarko négocie l’uranium au Niger, le pays le plus pauvre de la planète selon les Nations Unies. De toutes façons, nous on s’en fout, parce que Carla, elle, elle va à Ouaga. Bien joué Sarko...
Le 29 mars 2009 à 12:22, par Françoise G. En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
Comme vous je suis française mais je réside au Burkina Faso depuis 9 ans. Je partage entièrement votre façon de voir ! Les burkinabés sont dignes et courageux pour la plupart. Ce sont les politiciens main dans la main avec la Françafrique qui pillent leur pays...
Quant au voyage éclair de Sarkozy, je regrette de n’avoir pas lu dans la presse le fait qu’aucun de ces accords commerciaux n’est censé profiter un tant soit peu aux populations. Comme d’habitude tout partira dans les banques occidentales... ou moyennes orientales : brigands du Nord et du Sud, même combat !
Le 30 mars 2009 à 09:52, par Patricia - Sud de la France En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
à l’attention de Françoise G.
Bonjour, nos points de vue semblent convergés. Je me ferais un plaisir de correspondre avec vous plus longuement via nos adresses mail respectives, si vous acceptez bien sûr. Mon adresse mail : patriciaselva2003@yahoo.fr
En attendant de vous lire,
bien cordialement
Patricia S/
2. Le 28 mars 2009 à 01:07, par henry clay En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
je pense qu’il n’y pa de mal pour le president francais de chercher a donner un avantage aux entreprises francaise en Afrique. c’est plus l’incapacite de nos dirigeant a avorle best deal avec ces companies et a maximise la returnee sur les royalties payes par ces companies a nos etats qui fait probleme. nous ne sommes generalement qu’au bas de la chaine de production, generalement l’extraction. donc presque rien comme valeur ajoutee et on n’a pa besoin d’une importante main d’oeuvre et encore moins une qualifiee pour creuser des trous. pour resumer ma pensee, l’investissement privee interne doit participer davantage. on voit des so-called operateur economique en Afrique mais tout ce qu’il font c’est de l’import pas meme de l’export. il nous inonde avec ceu que babylone ne veu pas et pense nous rendre service alors qu’ils tuent l’initiative local.
3. Le 28 mars 2009 à 08:46, par Mr california En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
la france ne fait rien de mal a l’Afrique, ce sont les africains eux memes qui se font du tort. Que la France cherche ses interets en Afrique, rien de plus normal. L’Afrique aussi doit etre assez malin de jouer le jeu pour ses propres interets. A chacun pour soi, Dieu pour tous.
PS : je suis burkinabe et demeure patriote.
Le 29 mars 2009 à 12:38, par Françoise G. En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
Je suis française, résidente au Burkina Faso. Je vous rappelle que votre critique serait valable si le Burkina Faso - et autres nations africaines - étaient réellement indépendantes. Mais ce n’est pas le cas. La Françafrique s’assure que les dirigeants en place sont à sa botte. Au besoin elle assassine, ou fait assassiner, pour parvenir à ses fins... En tant que burkinabé vous avez la mémoire bien courte...
Quel visage aurait l’Afrique aujourd’hui si l’on n’avait pas éliminé de véritables patriotes comme Thomas Sankara, Amilcar Cabral, Patrice Lumumba, Olympio, Achille Um Nyobé (et j’en oublie) ?
Le 2 avril 2009 à 14:28, par BBR En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
merci Françoise G. je pense sincèrement que la faute de developpement de l’Afrique provient de l’afrique. si l’afrique n’est pas capable de produire des enfants intélligents capable de savoir ce qui est bien pour eux et arrêter de tuer les meilleures d’entre eux alors l’afrique se portera mieux. bravo à sarko qui ne dort pas pour que ses concitoyens français dorment avec le pain dans la bouche.
si nous avons des croutards de chefs d’état qui se foutent de leur peuple est ce le probleme de sarko et autres ?
j’apprécie ce que vous faites pour nos freres et soeurs burkinabè mais votre réaction même montre que vous avez la même façon de considerer les africains.
Le 29 mars 2009 à 17:42, par Patricia - Sud de la France En réponse à : Nicolas Sarkozy : L’Afrique, ce n’est pas vraiment sa tasse de thé
à Mr California.
Entièrement d’accord avec vous. Les Français ne font rien de mal aux Africains ; la France cherche ses intérêts en Afrique mais le bénéfice de ses intérêts revient à qui ? A vous ? à moi ? Certainement pas aux travailleurs, aux salariés, aux employés encore moins aux sans-emploi. Les Français aussi se font du tort en acceptant ce qui ne l’est plus : la répression camouflée, les malversations et autres parachutes dorés voire diamantés, les prix qui flambent, les loyers qui explosent, les peu d’acquis sociaux qui disparaissent, les sans-abris qui meurent dans les rues de Paris, les sans papiers qu’on prend pour des sacs de linge, etc, etc, etc. Et on continue à nous bassiner avec la démocratie sans oublier bien sûr les Droits de l’Homme. De quoi halluciner...Toutes mes salutations du sud de l’Europe