Le président de la BOAD a d’abord informé les médias de l’adoption, quelques heures auparavant par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA, du plan stratégique de son institution.
"Nous avons célébré l’année dernière les 35 ans d’existence de notre banque. Nous avons alors évalué ses performances et constaté qu’elle a rempli du mieux sa mission. Nous avons toutefois pris conscience que le mandat de la banque est illimité au regard des défis qui restent à relever dans notre région", a expliqué M. Tchané. Pour lui, si en terme de bilan, on peut être fier des 1200 milliards de F CFA injectés dans le développement de la région, il reste encore beaucoup d’attentes à satisfaire au niveau des populations.

Il cite volontiers les secteurs des voies de communication, de l’hydraulique, de l’agriculture et des services financiers. Dans notre région, on note 11 km de route sur une superficie de 100 km 2 avec seulement 1/3 de ces routes bitumés. Et quel bitume ! l’état de ces routes bitumées est déplorable dans l’ensemble et circuler pose problème tant les tracasseries y ont cours...
Pour l’électricité, 83% des populations de l’UEMOA n’y ont pas accès tandis qu’ils sont 93%, les habitants de l’Union à ne pas accéder aux services financiers. "Notre sous-région reste un chantier", reconnaît Abdoulaye Bio Tchané qui précise que l’adoption du plan stratégique de la Banque permettra de faire davantage pour un mieux-être de nos populations. Concrètement, ce plan prévoit le doublement dans les cinq prochaines années de l’enveloppe annuellement consacrée par la BOAD aux financements de projets de développement.

40 milliards à chaque pays pour lutter contre les effets de la crise

Le montant actuel de cette enveloppe est de 100 milliards de F CFA. La mise en œuvre de ce plan prévoit également la mobilisation de 700 milliards de F CFA pour le désenclavement de la région ainsi que l’amélioration de l’accessibilité des populations aux services financiers. A cet effet, la BOAD est amenée à conduire des réformes interne et externe, moderniser sa comptabilité, améliorer sa gouvernance afin de bénéficier de plus de visibilité sur les marchés internationaux où elle compte bientôt aller mobiliser d’autres financements pour la réalisation de sa mission. Le président de la BOAD a ensuite abordé avec les hommes de média, l’impact de la crise financière sur notre sous-région.

Si d’entrée, il a confirmé que la crise n’a pas eu d’impacts sur le portefeuille de nos banques et de notre banque centrale, il a reconnu que celle-ci aura des impacts sur le niveau d’activités économiques dans les pays de l’espace UEMOA.
"Les conséquences sur l’économie sont là. Des investissements annoncés ont déjà été différés. La contribution de la diaspora africaine très importante pour nos pays a baissé tout comme l’aide publique au développement. J’ai peur que tout cela combiné n’ait un impact sur le niveau d’activités économiques dans nos pays", souligne Aboulaye Bio Tchané.

Le niveau des transferts dans notre zone est aussi à la baisse et selon le président de la BOAD, certaines banques auraient des problèmes de limitation ou de plafonnement de lignes de crédits avec des correspondants à l’étranger depuis quelques temps maintenant. S’agissant des solutions, le président Tchané affirme que sans avoir autant de moyens que les grandes puissances, nos pays, à travers l’institution régionale, l’UEMOA, sont préparés à injecter de l’argent dans leurs économies pour faire face aux effets de la crise.

Cette mesure semble du reste avoir connu un début d’application avec le déblocage annoncé, la semaine dernière, de 40 milliards au profit de chaque Etat-membre de l’UEMOA.
Et en plus de cette mesure, l’UEMOA qui a déjà pris un certain nombre de mesures compte sur l’intégration et la solidarité régionales. Abdoulaye Bio Tchané rassure que son institution jouera sa partition pour que la région traverse mieux cette période difficile.

Victorien A. SAWADOGO

Sidwaya