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Espace UEMOA : La crise financière s’impose au Sommet

Publié le mercredi 18 mars 2009 à 01h39min

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La XIIIe session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (UEMOA) tenue, hier mardi 17 mars 2009 à Ouagadougou, a examiné l’état de l’Union et préconisé le renforcement des mesures pour juguler l’impact de la crise financière internationale.

Après deux années de présidence en exercice de l’UEMOA, le Président du Faso, Blaise Compaoré, a passé le témoin à son homologue malien Amadou Toumani Touré au terme de la XIIIe session ordinaire tenue ce 17 mars. Six chefs d’Etat sur huit (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Togo) ont effectivement fait le déplacement de Ouagadougou. Les présidents sénégalais et nigérien se sont fait représenter.

A propos de l’état de l’Union, la conférence a souligné l’environnement de plus en plus préoccupant dans lequel évoluent les Etats membres caractérisé par “l’aggravation de la crise financière internationale et le ralentissement de l’économie mondiale”. Elle relève que cette crise économique présente pour l’UEMOA, à travers de nombreux axes de contagion, des risques de décélération de la croissance et de remise en cause des progrès en cours en vue de la réduction de la pauvreté. “Les Etats membres ont, de fait, éprouvé en 2008, des difficultés à maîtriser les pressions inflationnistes consécutives, notamment, au renchérissement des produits pétroliers et à la flambée des prix des produits alimentaires importés et des céréales locales”, ont noté les chefs d’Etat et de gouvernement.

A cet égard, ils se sont réjouis des actions conduites par le Conseil des ministres, les institutions communautaires et l’ensemble des Etats membres pour la maîtrise de l’inflation et la relance de la production agricole. Par ailleurs, la conférence s’est félicitée des dispositions mises en œuvre par la Banque centrale, dès l’apparition des premiers signes de la crise financière. Ces dispositions ont permis notamment la sécurisation des réserves de change de l’Union et le suivi de la situation des établissements de crédit. “L’impact de la crise sur la situation du système bancaire de l’Union reste limité en raison de l’absence d’effets toxiques dans leurs portefeuilles et de la réglementation en vigueur”, ont-il poursuivi. En revanche, le ralentissement de la demande mondiale devrait affecter les perspectives économiques des Etats de l’Union en 2009.

S’approprier davantage le processus d’intégration

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont exhorté la Banque centrale à renforcer sa vigilance quant au développement de la crise en vue de prendre, à temps, les dispositions appropriées. En outre, ils ont instruit le Conseil des ministres et les institutions communautaires à mettre en place un dispositif de veille relatif à l’impact de la crise sur les différents secteurs d’activités, coordonnés par la Banque centrale, afin de proposer des mesures de soutien aux économies de l’Union. L’année 2009 marque le XVe anniversaire de la création de l’UEMOA. La conférence s’est, à cet effet, réjouie des acquis enregistrés en ces années d’existence et a insisté sur la nécessité pour l’Union et les populations des Etats membres à s’approprier davantage le processus.

Dans ce sens, elle a adopté une déclaration intitulée “Réaffirmer l’appartenance à une communauté solidaire”, fixant les grandes orientations des actions à mener par les organes et institutions de l’Union. Ceci, en vue d’améliorer la visibilité du processus d’intégration pour les populations. Concernant le commerce international, ils ont réaffirmé l’engagement des Etats à tout mettre en œuvre avec les autres pays de la région Afrique de l’Ouest pour “conclure à la date convenue avec l’Union européenne, un Accord de partenariat économique (APE) régional prenant en compte la dimension développement et à même de favoriser l’ancrage des économies de la région dans l’économie mondiale”.
Après un hommage au défunt président de Guinée- Bissau, la conférence a invité la classe politique de ce pays au dialogue et à la sérénité au cours de la phase transitoire qui s’est ouverte afin de préparer dans la transparence, les prochaines échéances électorales.

De vives félicitations à Blaise Compaoré

Les chefs d’Etat et de gouvernement se sont en outre réjouis de l’évolution positive en Côte d’Ivoire et encouragé le Président Laurent Gbagbo à poursuivre les efforts devant aboutir à l’élection présidentielle. Ils ont félicité le facilitateur Blaise Compaoré pour l’ensemble des actions réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord politique de Ouagadougou. En outre, ils ont encouragé les présidents malien Amadou Toumani Touré et nigérien Mamadou Tandja à poursuivre leurs efforts pour la sauvegarde de la paix dans la région sahélo-saharienne.

Avant de se donner rendez-vous pour la XIVe session ordinaire en 2010 à Bamako, les chefs d’Etat et de gouvernement ont tenu à adresser “leurs vives félicitations au Président du Faso Blaise Compaoré pour son engagement et ses actions déterminants en vue de la consolidation de la paix et de la solidarité dans l’Union”. De même que pour “l’impulsion décisive qu’il a su donner au processus d’intégration de l’Union, en sa qualité de président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement”.

Bachirou NANA et Alban KINI


Toumani Touré, Président du Mali, s’exprime sur le choix porté sur sa personne pour assurer la présidence de l’UEMOA

“Je remercie les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA qui ont bien voulu nous honorer en nous confiant la présidence de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine, pendant un ou deux ans. Nous essayerons durant notre mandat de poser des marques positives pour l’institution. Evidemment, des grandes préoccupations nous attendent. Nous tenterons avec le soutien des autres chefs d’Etat, d’y apporter des réponses adéquates”.


Joseph Christophe Dabiré, commissaire de l’UEMOA se prononce sur les réponses préconisées par l’institution face à la crise financière

“Pour ce qui concerne la crise énergétique, les chefs d’Etat, déjà à leur XIIe session ordinaire, avaient commandité un travail. Ce travail avait été confié à leur pair, le président béninois, Yayi Boni. Les résultats du travail du Président Boni ont été soumis aux autres chefs d’Etat et de gouvernement qui l’ont approuvés. Des mesures sont alors préconisées. A ce propos, il y a la vision de l’avenir s’appuyant sur la valorisation des énergies renouvelables. Face à la crise financière, nos Etats ne peuvent pas apporter une réponse budgétaire comme l’ont fait les Européens et les Américains, dans la mesure où nous connaissons des déficits sur le plan économique. Cependant, il faudrait que nos économistes se réorganisent.

Il faudrait par exemple, que nous arrivions à mobiliser à l’interne ce qu’il faut pour pouvoir travailler. Parallèlement à cela, il faut mettre en œuvre des politiques volontaristes de développement des secteurs réels. C’est-à-dire faire en sorte que nous ayons des investissements dans l’agriculture, dans les infrastructures routières et énergétiques. En outre, il va falloir faire un développement réel dans le secteur des Technologies de l’information et de la communication. Sinon, nous savons qu’avec la crise économique, l’aide publique au développement va s’amenuiser, mais il existe d’autres ressources sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour pouvoir faire face à cette nécessité de dynamisation du secteur réel.”


Dans les coulisses du Sommet

Une minute de silence pour Nino Vieira

A l’ouverture de la XIIIe session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA, le Président du Faso, Blaise Compaoré, a fait observer une minute de silence en la mémoire du défunt président de la République de Guinée-Bissau, Joao Bernardo “Nino” Vieira. “Sa disparition au début de ce mois a été pour notre Union, une perte douloureuse”, a déclaré Blaise Compaoré. Il a relevé que depuis le 2 mai 1997, le président Vieira a traduit sa solidarité avec ses voisins et sa ferme détermination à œuvrer à l’amélioration des conditions de vie des populations bissau-guinéennes, en intégrant l’UEMOA.

Deux heureux artistes

Bilgo et Pamika la Star sont les deux artistes qui ont eu l’honneur de se produire au cours de la XIIIe session ordinaire. Le premier a été lauréat du clip d’or de la RTB et la deuxième, lauréat du concours Case Sanga 2 de la chaîne de télévision Africable. “Des talents immenses de la nouvelle génération de la musique burkinabè”, a commenté le maître de cérémonie, Gnama Paco Drabo. Naturellement, ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes car ce n’est pas tous les jours qu’on a l’honneur de prester devant des chefs d’Etat.

Le président Wade représenté par son ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances

Les présidents sénégalais Abdoulaye Wade et nigérien Mamadou Tandja sont les deux chefs d’Etat de l’UEMOA qui se sont fait représenter au cours de la XIIIe session ordinaire. Si le président Tandja a envoyé son Premier ministre Seyni Oumarou pour le représenter, le choix du président Wade s’est porté sur son ministre d’Etat, ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop.


Le président de la Commission de l’UEMOA, Soumaïla Cissé, évoque la solidarité de l’institution avec la Guinée-Bissau

“Depuis la dernière conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA, nous avons envoyé une équipe à la demande des chefs d’Etat en Guinée- Bissau pour évaluer la situation dans ce pays. Tant sur le plan macro-économique que sur le plan sectoriel, nous avons identifié des programmes dans les domaines des routes, des problèmes d’énergie, des télécommunications, des appuis aux régies financières, etc. Nous avons estimé ces besoins à cent (100) milliards de francs CFA. Il y a un programme bien détaillé allant jusqu’au nombre de personnes que nous devons envoyer pour aider la Guinée Bissau à sortir de la crise.

Aujourd’hui, il y une urgence de 25 milliards pour boucler le déficit budgétaire et permettre à la Guinée-Bissau de rentrer en programme avec le Fonds monétaire international (FMI). La conférence des chefs d’Etat nous a donné instruction de trouver cet argent. Nous allons le trouver.
C’est aussi là un exemple de solidarité”.

Propos recueillis par A.K.

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 18 mars 2009 à 21:00, par STRAIGTH TALK En réponse à : Espace UEMOA : Le Senegal représenté par un ministre d’état et le Niger par son 1er ministre

    Pourquoi les chef d’etat sénégalais et nigérien n’ont pas pris part à la XIIIe session ordinaire du sommet de l’UEMOA ?

  • Le 19 mars 2009 à 12:30, par Paris Rawa En réponse à : Espace UEMOA : La crise financière s’impose au Sommet

    Honnêtement les sommets de sommités qui ronronnent avec plein de protocoles et de discours polis ne sortiront pas nos pays du sous-développement sans de vraies ambitions de sortir des sentiers battus pour accélérer réellement l’intégration économique par des actes concrets de politiques nouvelles.

    Remarquer toute l’énergie qui est dépensée pour faire aboutir des projets initiés par d’autres pays (l’union Européenne) et qui concernent notre survis économiques tels que les APE. Relisez ça : « Concernant le commerce international, ils ont réaffirmé l’engagement des Etats à tout mettre en œuvre avec les autres pays de la région Afrique de l’Ouest pour “conclure à la date convenue avec l’Union européenne, un Accord de partenariat économique (APE) régional prenant en compte la dimension développement et à même de favoriser l’ancrage des économies de la région dans l’économie mondiale”. » Mais quand est-ce que nous nous déciderons dans le sens de conduire nos propres initiatives de développement de manière qu’elles obligent les autres à nous suivre et à s’organiser eux aussi pour répondre à nos attentes ? Notre développement sera toujours compromis tant que nous n’en seront pas les premiers acteurs. Il ne suffit pas d’en être un acteur incontournable, mais de jouer le premier rôle, et cela vaut, même pour les plus pauvres de chez nous.

    Exemple : Pendant qu’on se préoccupe des APE, que prévoit-on de faire à l’échelle de l’UEMOA ou de la CEDEAO pour la filière "coton" par exemple qui peut être un moyen très efficace pour la lutte contre la pauvreté de la paysannerie, un puissant facteur de développement et même un argument convainquant de négociation dans le commerce international. On sait bien réaliser l’interconnexion des réseaux électriques de certains de nos pays pour plus d’efficacité n’est-ce pas ? Pourquoi ne pas envisager de la même manière l’interconnexion de la filière "coton" ? Est-il vraiment impossible que l’UEMOA fonctionne comme un père de famille qui investit pour doter ses enfants d’outils (métiers) de travail pour les permettre de devenir autonomes et ne pas être condamnés soit à la mendicité, soit à travailler pour d’autres ou à dépendre éternellement du paternalisme de tiers. Je suppose qu’il existe dans les structures de l’UEMOA un pôle développement-investissement (sinon il aurait fallu le créer). Serait-il illusoire qu’une telle structure prenne l’initiative de regrouper les embryons d’usines de transformation du coton qui existent dans nos États pour en faire des filiales d’une seule grande firme internationale ouest-africaine du textile qui pourrait être créée avec des capitaux provenant des réserves de l’UEMOA. Une forme de rétrocession-privatisation intra ouest-africaine pourrait faire en sorte que la majorité du capital d’une telle société internationale soit détenue sous forme d’action par la Banque centrale, les trésors publics de nos États, les cotonculteurs et leurs coopératives, les opérateurs économiques ouest-africains... N’est-ce pas ce genre de choses qu’on appelle développement des capacités ? Il s’agit de consommer ce que nous produisons déjà en transformant tout le coton ouest-africain pour habiller les populations ouest-africaines et faire en sorte que tous profites de la manne financière ainsi générée. Bien évidement, il ne faut pas s’attendre aux encouragements et au soutient financiers de ceux qui nous achètent le coton pour nous le revendre sous forme de "Wax", T-shirt, bandes, compresses... Et ce qui est dit du coton peut valoir aussi pour d’autres filières qui nécessiteraient une interconnexion des réseaux grâce à mutualisation des capacités à l’échelle de l’UEMOA et la CEDEAO.

    On me répondrait peut-être que c’est une utopie, mais elle est beaucoup moins illusoire que de perdre son tant à hurler en vain à chaque occasion contre les subventions agricoles européennes et américaines. Il vaut toujours mieux utiliser les mêmes armes (celle des subventions agricoles) pour mener le même combat. Et dans ce combat, est d’avance vaincu celui qui croit qu’il n’a pas les moyens de la lutte, car il ne s’agit pas uniquement de la capacité financière, mais aussi et surtout de stratégie prenant en compte les ressources humaines, les avantages comparatifs, les potentialités géographiques et démographiques et bien d’autres facteurs avantageux. En plus, je dirai que c’est un réalisme qui consiste à partir de ce que nous avons pour conquérir davantage de pouvoir économique. C’est la stratégie de certains les paysans analphabètes qui ont réussi chez nous, par le petit commerce, à se hisser au rang de riches opérateurs économiques. Les chinois l’appellent la méthode ou la diplomatie des petits pas.

    Sinon, je reconnais qu’une telle proposition ne cadre pas avec l’orthodoxie des méthodes sophistiquées des experts économistes. Seulement, nos populations et nos économies souffrent d’un tel manque d’outils de productions de la richesse que les solutions sophistiquées inventées dans des universités sous d’autres cieux, sont quelques peu irréalistes et mêmes oiseuses quant à l’urgence qui est la nôtre. Si nous attendons que de gros investisseurs (cf. NEPAD) viennent d’ailleurs pour créer le tissu industriel qui nous est indispensable, nous attendrons encore longtemps. L’étranger qui investit chez vous pense d’abord à son profit et dès la moindre baisse de rendement, il délocalise. La Chine, l’Inde ou le Brésil n’ont pas attendu les autres pour se frayer un chemin et se faire une place au soleil. Tous les moyens sont bons pour mettre en place chez nous un marché dont les autres ne peuvent pas se passer. C’est ainsi que l’on rendre dans l’histoire comme acteurs mais pas comme spectateurs. Dès lors, il semble suicidaire pour nous de nous contenter diplomatiquement comme font nos chefs d’États de « “Réaffirmer l’appartenance à une communauté solidaire”, fixant les grandes orientations des actions à mener par les organes et institutions de l’Union. Ceci, en vue d’améliorer la visibilité du processus d’intégration pour les populations », alors que dans le même temps, ceux qui subventionnent outrageusement leur agriculture nous obligent à un acte concret qui consiste à tout faire pour signer les APE à temps ! Ces derniers n’hésitent pas à protéger leur marché intérieur du travail (refus de nos immigrés non-choisis par exemple) et à recapitaliser avec des fonds étatiques leurs entreprises et leurs banques privées pour qu’elles aillent à la conquête de nos marchés que nous renonçons à protéger par pure fidélité aux règles de la prétendue globalisation qui nous aurait été "imposées". Oui, il existe des règles du commerce international, mais elles sont accompagnées du principe non-écrit (sournois) selon lequel on ne les respecte que quand ça vous arrange. Seuls les dirigeants africains semblent n’avoir pas encore compris ce principe, au point de refuser de l’adopter au profit de leurs peuples. Mais s’ils étaient suffisamment solidaires de leurs peuples, s’ils mobilisaient ceux-ci derrière des projets concrets de développement comme ils savent bien le faire pour les élections présidentielles. Et alors, même l’OMC, le FMI, la Banque Mondiale, l’UE, la Chine et les USA ne pourraient venir dicter toute l’Afrique de l’Ouest une seule règle d’orthodoxie financière et économique pour notre propre développement.

    C’est une question de volonté et d’amour concret de la patrie avant tout ! Je veux parler de notre partie l’Afrique de l’Ouest et toute l’Afrique ; nos pays, ne sont que nos domiciles respectifs.

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