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FESPACO 2009, c’est déjà fini !

Publié le samedi 7 mars 2009 à 14h33min

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Dans quelques heures, ce sera la fin de la 21e édition du Fespaco. Les membres du jury vont livrer leur verdict, attribuer des prix, des récompenses et des distinctions. Temps d’angoisse pour les cinéastes dont les œuvres ont été retenues dans les différentes compétions. Bien sûr, ils sont tous venus, confiants quant à la qualité de leur travail et prétendent tous au sacre rêvé de tout cinéaste : l’Etalon de Yennega.

Mais il faudra bien trancher, hisser quelqu’un plus haut que les autres parce qu’il a fait la différence grâce à de menus détails. Tâche délicate pour les membres du Jury, conscients que leur choix ne fera pas l’unanimité. Ca va commenter, voire polémiquer et la vie reprendra son cours. Les plus téméraires, ceux qui ne lâchent jamais prise et croient profondément en leurs talents reviendront bien évidemment à la charge.

Il faut le reconnaître : à cette édition, les réalisateurs de l’Afrique du nord
font forte impression tant par la quantité que la qualité de leurs œuvres. Le choix est subjectif, mais après une semaine de fréquentation des salles, on garde des images, des scènes inoubliables, des figures qui se sont imprimées dans votre subconscient et qui vous accompagneront durant quelques années. Comme dans La Maison jaune de l’algérien Amor Hakkar où le réalisateur happe et maintient le spectateur immergé dans l’histoire d’un paysan frappé par la mort de son fils en service militaire et qui, avec dignité va affronter bien de péripéties pour lui offrir une sépulture digne et honorer sa mémoire. Que l’Etalon de Yennenga quitte l’Afrique de l’ouest pour s’installer dans la partie nord du continent ne serait nullement une surprise. On reviendra bien entendu sur le palmarès que tout le monde attend avec impatience.

Mais ce soir, tous ceux qui ont fait le déplacement de Ouaga repartiront avec le sentiment d’avoir assisté à une belle fête du cinéma. « Que mon film ait été sélectionné me comble déjà de bonheur », déclare Cherif Keita, un cinéaste malien auteur de CEMETERY STORIES : A rebel missionnary in South Africa », l’histoire d’un missionnaire américain qui a consacré sa vie à soutenir la lutte des Zoulous contre l’apartheid et qui a permis à l’un des premiers fondateurs de l’ANC, John Dube de poursuivre des études aux Etats-Unis. En 2005, son premier documentaire sur la vie de John Dube, peu connu du grand public, y compris en Afrique du Sud, avait reçu la mention spéciale de l’association Ecran

Le début du Fespaco a pourtant été poussif. Une fois les formalités d’aéroport terminées, certains ont dû patienter pour avoir leur chambre. A l’hôtel Palm Beach, le patron des lieux avait laissé des consignes à son personnel : plus de chambre pour les invités du Fespaco arrivés le 28 février au soir, alors que certains arrivés plus tôt y avaient été bien accueillis. Les choses se sont arrangées, mais « la prise en otage » aura quand même eu lieu, conséquence d’un dysfonctionnement entre le Fespaco et le directeur de l’hôtel. Pour l’image de la capitale africaine du cinéma, ça fait franchement désordre !

Même après l’ouverture officielle, de nombreux festivaliers faisaient encore le siège de la commission des badges pour obtenir les deux macarons qui permettent d’assister aux différentes manifestations. Les yeux rivés sur leur écran, les animateurs de la commission faisaient de leur mieux pour satisfaire les demandes exprimées dans un surprenant tohu-bohu, après tant d’années d’expérience dans l’organisation de la vitrine africaine du 7e art. Un peu de cafouillage aussi dans la programmation des films. Tel réalisateur n’a pas vu son film projeté à l’endroit et à l’heure indiqués et le programme du jour n’a pas toujours été sans erreur. Tel autre n’a même pas vu son film sur le catalogue du Fespaco, un document que seuls les chanceux ont pu se procurer. Les moins chanceux se sont contentés de photocopie, au grand bonheur des secrétariats publics.

Les innovations de cette édition ont rencontré un succès. A commencer par les nuits musicales à la place de la nation. Une fois le dernier film du jour vu, de nombreux festivaliers ont continué la fête tard dans la nuit.

Producteurs, acheteurs de programmes, réalisateurs, comédiens ont trouvé un idéal dans le cadre du MICA qui s’était déplacé cette année au siège du SIAO.
Puis il y a les traditionnelles animations à la maison du peuple et au siège du Fespaco. Ambiance de fête où vendeurs d’objets d’arts, d’articles de souvenirs côtoient les restaurateurs, un marché à ciel ouvert où il n’est pas possible de ne pas y trouver son compte.

Quant aux tables rondes organisées pour débattre des difficultés du cinéma africains, notamment les circuits de diffusion et de distribution des œuvres, on a presque répété ce qui a déjà été dit. Le diagnostic fait depuis des années reste malheureusement d’actualité. Alors que le Fespaco fête ses 40 ans d’existence, on constate que dans de nombreux africains, les salles de cinéma disparaissent, rachetées par les églises du réveil, ces marchands du bonheur qui prospèrent sur la misère de leurs fidèles. Les Etats africains ont-ils la volonté de structurer l’économie du cinéma pour permettre aux cinéastes de vivre de leur travail ?

Pour les hôteliers et les restaurateurs et les parkers dont on ne peut se passer pour assurer la sécurité de son moyen de transport, le Fespaco, tout comme le SIAO est formidable opportunité d’affaires, mais pour en avoir le cœur net, il faudra un jour se décider à mener une étude plus approfondie sur l’impact économique du Fespaco. Avec humour, l’ancien délégué du festival, Baba Hama avait déclaré qu’au-delà du gros chiffre d’affaire généré à chaque édition, le Fespaco permet aussi des rencontres qui peuvent déboucher sur la formation de couple ».

En dépit de nombreuses insuffisances parfois agaçantes que l’on constate tous les deux ans, le rendez-vous de Ouaga est très prisés par les cinéastes et y être primés est une consécration pour tout cinéaste africain. La multiplication de Festivals à travers le continent ces dernières années n’y fait rien, le Fespaco demeure la première fête du 7e art en Afrique et en 2011, c’est sûr, on se démènera pour être à nouveau à Ouaga

Joachim Vokouma
Lefaso.net

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