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Burkina-Côte d’Ivoire : Rencontre ministérielle de travail pour un meilleur partenariat

Publié le mercredi 4 mars 2009 à 09h09min

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Les ministres Youssouf Bakayoko et Alain Yoda

L’axe Abidjan-Ouagadougou, semble fonctionner à plein régime depuis la signature des accords de paix inter-ivoiriens à Ouagadougou. Ce mardi 03 Mars, c’était au tour du ministre ivoirien des Affaires étrangères de rendre visite à son homologue du Burkina. Cette rencontre de travail qui portera sur le traité d’amitié et de coopération en cours d’adoption entre les deux pays, se tiendra la journée durant.

En plus de partager une frontière commune, le Burkina et la Côte d’ivoire ont de nombreux intérêts communs. Le bétail burkinabè est apprécié de l’autre coté de la côte d’ivoire, tandis que le port d’Abidjan sert à désenclaver Ouagadougou. En outre, trois millions de Burkinabè vivent en terre ivoirienne. Une population dont le ministre Ivoirien Youssouf Bakayoko dira apprécier le travail, le sens de l’initiative et la parfaite intégration.

Nous ne sommes visiblement plus au moment de la crise ivoirienne qui a fait tant de mal aux immigrés burkinabè. Le temps est à la diplomatie. C’est dans ce cadre que le 28 Juillet 2008, les présidents Blaise Compaoré du Burkina et Laurent Bagbo de la Côte d’Ivoire signaient un traité d’amitié et de coopération pour donner une nouvelle dynamique aux relations bilatérales de ces deux nations. Pour le ministre d’Etat burkinabè en charge des affaires étrangères, Alain Bedouma Yoda, “Il s’agit de faire de l’axe Ouagadougou-Abidjan un exemple de coopération réussie et une épine dorsale du processus d’intégration de notre sous région“.

Etudier les modalités de mise en œuvre du traité d’amitié et préparer le sommet entre les chefs d’Etat des deux pays, ce sont les objectifs de la journée de travail qui a réunit les deux ministres et leurs conseillers. A l’occasion de l’ouverture des travaux, les deux ministres sont revenus longuement sur les liens naturels entre le Burkina et la Côte d’Ivoire et que selon le ministre ivoirien, rien ne saurait altérer. C’est vrai que le ministre ivoirien Youssouf Bakayoko porte un patronyme qui se retrouve aussi au Burkina Faso. Belle illustration donc du fait que se sont les mêmes populations que l’on retrouve de part et d’autre des deux frontières.

A la clôture des travaux autour de 17h ce mardi 3 mars, le ministre ivoirien s’est montré très heureux d’avoir été invité par son homologue burkinabè pour cette séance de travail. Le total engagement du Burkina en commençant par le président lui-même pour la résolution de la crise ivoirienne est pour lui une grande marque d’amitié entre les deux pays. Pour témoigner de son contentement, Youssouf Bakayoko a offert à son homologue burkinabè une statue d’éléphant taillée dans du bois. Signe selon le Ministre d’Etat burkinabè que le Burkina et la Côte d’ivoire partage les mêmes valeurs et non plaisantera-t-il, pour l’enrôler au parti ADF/RDA, dont le symbole est l’éléphant.

Le ministre ivoirien des Affaires étrangères s’est engagé à travailler dans le sens de l’appropriation du traité d’amitié en étude par les populations. Il a exhorté son homologue burkinabè à en faire de même, pour que ce formidable outil de coopération, comme il le définit lui-même, ne soit pas l’apanage des gouvernements.

Toujours dans le cadre de l’adoption de ce traité, des rencontres sectorielles entre les deux pays vont se tenir dans les semaines à venir et cela prendra en compte tous les secteurs d’activités ; notamment l’économie, la santé, le transport. C’est donc une nouvelle page qui se tourne entre “le pays des Hommes intègres“ et la république ivoirienne.

Et pourtant l’on est passé à coté de la catastrophe entre les deux pays, au plus fort de la crise en Côte d’Ivoire. L’on se souvient du charnier de Yopougon avec le massacre des étrangers, mais aussi que le Burkina était montré du doigt comme instigateur de la crise. Que de chemin parcouru donc depuis l’époque où le président ivoirien Laurent Bagbo, traitait le Burkina d’Etat voyou, à aujourd’hui avec ce ballet diplomatique.

Espérons, pour le bien être des populations, que le traité d’amitié et de coopération entre bientôt en œuvre. Déjà, les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire se réjouissent de ne plus avoir à payer la “Carte de séjour“ qui leur coûtait la bagatelle de .25 000 F CFA par an et par personne. Signe notable d’une réelle avancée dans les relations entre les deux pays.

Hermann Nazé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 mars 2009 à 10:01, par Paris Rawa En réponse à : Burkina-Côte d’Ivoire : Rencontre ministérielle de travail pour un meilleur partenariat

    On se flatte trop facilement d’un axe Abidjan-Ouagadougou qui fonctionnerait à plein régime. Cela ne serait qu’illusion éphémère si le ronronnement des politiques et des diplomates ne laisse pas toute sa place à une amitié réelle entre les populations ivoiriennes et burkinabè. Cette amitié existe de manière informelle et il faut lui donner des structures institutions (organisations de la société civiles, échanges universitaires, chambres de commerces, secteur bancaire, coopération agricole et industrielle...)
    L’auteur de l’article le dit bien : "Que de chemin parcouru donc depuis l’époque où le président ivoirien Laurent Bagbo, traitait le Burkina d’Etat voyou, à aujourd’hui avec ce ballet diplomatique". Ajoutons que le président Blaise Compaoré le lui rendait bien ! On aurait dit un mauvais jeu d’écoliers dans leur cours de récréation. Il faut donc éviter que désormais, les humeurs fluctuantes de nos politiciens viennent aggraver les tensions qui peuvent naitre (et qui ne manqueront pas de naitre encore puisque cela fait partie de la vie) entre les populations d’un même pays ou de part et d’autre des frontières postcoloniales.

    Il faut tirer les leçons de la crise jusqu’au bout, et éviter de se réjouir trop tôt et à bon compte en sacrifiant la lucidité nécessaire pour l’avenir des nations : Il faut, mais il ne suffit pas que les dirigeants se réconcilient.

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