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FESPACO : Valorisons notre patrimoine

Publié le mardi 3 mars 2009 à 18h43min

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« Cinéma africain, tourisme et patrimoines culturels ». Le thème de la 21è édition du FESPACO interpelle fortement. Dans un monde caractérisé par de fortes mutations doublées d’un choc des civilisations, l’Afrique doit s’approprier les valeurs et attributs de son génie afin de pouvoir se projeter avec sérénité vers l’avenir. Le lancement, cette année, de la campagne internationale du FESPACO à Dakar, participe de cette vision.

En effet, le cinéma n’est pas seulement qu’art ou industrie. C’est aussi un puissant facteur de socialisation, d’humanisation, d’affirmation d’une certaine spécificité. Pour cette raison, des tribunes d’expression comme le FESPACO doivent être soutenues. Après 40 ans, le festival s’affirme de plus en plus comme un réceptacle duquel émergent le génie et l’identité de l’Afrique. Sur le continent noir, le cinéma se voit ouvrir la voie à de nouvelles interrogations sur le rapport entre image et mémoire. Les mythes traditionnels se voient réactualisés à travers les formes modernes du septième art réinterrogeant les termes inédits du dialogue entre tradition et modernité, oralité et image dans une perspective universaliste.

Il est bien de constater que le FESPACO anticipe en ayant à l’idée l’organisation, dans les années à venir, d’une semaine de la femme cinéaste et en instituant des cadres pour permettre aux enfants de se familiariser avec les images et les réalités africaines vues sous un angle autre que caricatural. C’est une orientation salutaire car le changement a été très net lorsqu’après les indépendances, des cinéastes d’Afrique noire ont commencé à tourner librement leurs propres films.

D’une façon très générale, on peut dire que le cinéma africain s’est d’abord caractérisé par une volonté visible de réalisme social, d’éducation morale, voire politique, et de réhabilitation culturelle. En fait, tout était à faire : tourner le dos à l’exotisme et à l’aliénation coloniale, mettre au premier plan l’homme et la femme africains, montrer les conflits sociaux, les inégalités de classe, le déchirement des consciences, la richesse ou la pesanteur des traditions vivaces ou reniées.

La plupart des cinéastes ont opté pour l’engagement, conscients, comme leurs collègues écrivains, de leur pouvoir virtuel et de leurs responsabilités. Qu’ils s’appellent Sembène Ousmane (Sénégal), Gaston Kaboré, Pierre Yameogo, Idrissa Ouedraogo, Dani Kouyaté (Burkina Faso), Souleymane Cissé, Cheick Oumar Sissoko (Mali), Bassek Ba Kobhino, Jean-Marie Teno, Jean-Pierre Bekolo (Cameroun), Ngangura Mweze, Balufu Bakupa Kanyinda (Congo), Med Hondo, Abderrahmane Sissako (Mauritanie)... tous ces auteurs expriment, chacun à sa manière et sans exclure le plaisir cinématographique pur, le désir de témoigner et de faire prendre conscience.

Aujourd’hui, beaucoup continuent de battre en brèche tous les stéréotypes et autres clichés déversés consciemment ou inconsciemment sur l’Afrique. Seulement, dans ce combat pour la préservation du patrimoine culturel, un des handicaps majeurs c’est que faute de moyens financiers, de politique gouvernementale suivie et cohérente pour la création d’infrastructures aidant à la production et à la diffusion de films, le cinéma ne s’est pas développé en tant qu’industrie et vit tant bien que mal de subventions, d’aides et de coproductions souvent extérieures au continent.

Les Etats africains à quelques exceptions près, n’investissent véritablement pas dans cet art et cette industrie aux coûts jugés prohibitifs. Quant aux capitaux privés, là où il en existe, ils prennent d’autres chemins. L’autre handicap principal du cinéma africain c’est qu’en se construisant dans un grand dénuement, il est plus facile de le manipuler. Mais heureusement, il s’en trouve des cinéastes qui font face avec dignité pour imposer leurs images et leurs points de vue.

Former les consciences, relier le passé au présent et du présent éclairer l’avenir, tel semble être aujourd’hui le rôle majeur du cinéaste africain. Il est alors important de plaider pour la reconstitution de l’Histoire, de la cosmogonie et des arts africains ainsi que pour la désaliénation des créateurs. Le FESPACO est porteur du nouvel élan de cette nécessité vitale !

Arsène Flavien BATIONO (bationoflavien@yahoo.fr)
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