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MEDIATION EN MAURITANIE : Kadhafi se donne du boulot

Publié le vendredi 27 février 2009 à 00h35min

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Le chef de l’Etat libyen, Mouammar Kadhafi, a pris le dossier mauritanien en main. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne s’est pas fait prier pour s’en saisir. A peine investi de sa charge de président de l’Union africaine (UA), l’homme s’est mis dans la peau de médiateur de la crise en Mauritanie.

Et il semble avoir une oreille plutôt attentive du côté de Nouackchott. Notamment celle de la junte militaire dont le patron a déjà été reçu par le Guide libyen mercredi dernier et qui dit faire confiance en la sagesse de Kadhafi. Le nouveau président de l’UA tient son mandat de deux sources de légitimité.

La CENSAD (Communauté des Etats sahélo-sahariens) dont il est le haut Médiateur permanent de la paix et le GCIM (Groupe de contact international sur la Mauritanie) qui, le 20 février dernier, lui a donné le quitus. La tâche s’annonce apparemment complexe tant les positions des protagonistes sont aux antipodes des unes et des autres. Sur quoi vont porter les négociations ? S’agira-t-il de sauver la paix ou la démocratie ? Les décisions issues du dialogue national ne font pas l’unanimité, alors que les prochaines élections sont prévues pour juin, soit dans trois mois. Le chef de la junte, auteur du coup d’Etat du 6 août 2008, entend bien se présenter mais débarrassé de sa tunique de militaire comme l’ont exigé les conclusions du dialogue national.

Connaissant le continent et ses habitudes électorales, les opposants savent bien qu’il sera difficile de battre quelqu’un qui a pris le pouvoir par les armes et qui veut le légitimer par les urnes. C’est une sorte de régularisation de sa situation que le général Ould Abdelaziz est en train de rechercher. Pour lui, c’est le principal enjeu de cette médiation. Mais il doit faire face à deux oppositions. Celle du Front national de défense de la démocratie (FNDD), c’est-à- dire les partisans du président déchu qui demandent le retour à l’ordre constitutionnel et celle du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) qui pratique le "ni, ni". En effet, ce parti de l’opposition rejette le retour en fonction de l’ancien président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et s’oppose à la candidature des militaires.

Dans cet écheveau, le médiateur libyen devrait garder la tête froide pour arriver à un consensus entre toutes les parties. Kadhafi n’est certes pas un novice en la matière, mais le caractère sulfureux et imprévisible du personnage inquiète plus d’un observateur. Sa crédibilité peut être mise en doute quand on sait que l’homme n’est pas lui-même un parangon de vertu démocratique. Le "roi des rois traditionnels" saura-t-il s’élever au-dessus de toutes ces contingences pour redresser la Mauritanie ? C’est tout le mal qu’on peut souhaiter à cet homme qui semble se plaire dans ce rôle de « faiseur de paix ». En la matière, ce n’est pas le boulot qui va lui manquer. La Somalie a renoué avec les vieux démons, Madagascar vacille et le Darfour attend toujours le messie qui va mettre fin à plusieurs années de guerre civile.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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