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L’ONCLE AU NEVEU : 500 détenus se sont évadés de la maison d’arrêt d’Abengourou

Publié le mercredi 25 février 2009 à 00h29min

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Cher neveu, je ne saurais te décrire la peine qui est la nôtre depuis le dimanche 22 février dernier. Ce jour du Seigneur, nous avons connu la honte nationale par cette déculottée infligée aux Eléphants de Côte d’Ivoire par le Mighty Zambia (0-3) en match d’ouverture du premier Championnat africain des Nations (CHAN).

A l’occasion de ce match, ton oncle Laurent Gbagbo avait donné l’entrée gratuite au "Felicia", certes pour encourager les Eléphants mais sans doute pour bénéficier d’un bain de foule et d’ovations d’envergure, lui et ses invités. Dans un de ses écrits, ton cousin Antoine Battiono, le journaliste sportif des Editions "Le Pays" qui fait office d’envoyé spécial à Abidjan, avait annoncé la présence de ton oncle Blaise Compaoré dans la capitale ivoirienne. Avec le chef de l’Etat béninois Yayi Boni et le Premier ministre togolais, le président du Faso, facilitateur dans la résolution de la crise ivoirienne, était effectivement aux côtés de son homologue ivoirien pour assister à l’ouverture du CHAN. Blaise Compaoré à Abidjan, c’était un événement, puisque celui-ci n’y avait pas mis les pieds depuis septembre 2000.

C’est pourquoi ton cousin Abdoulaye Tao n’a pas manqué de titrer dans un commentaire que tu as dû lire dans "Le Pays" d’hier que c’est "une visite sportive aux relents politiques". En effet, l’enfant de Ziniaré a saisi l’opportunité du CHAN pour donner un coup de pouce à l’APO (Accord politique de Ouagadougou) mais surtout pour faire un clin d’oeil aux nombreux Burkinabè vivant à Abidjan, un électorat précieux pour le prochain scrutin présidentiel auquel nos compatriotes vivant à l’extérieur pourraient prendre part. Ainsi en a décidé l’avant-dernier conseil des ministres. Le mari de Chantal a également profité de ce séjour d’une journée pour faire un tour dans sa belle-famille, au quartier résidentiel de Marcory.

Tu sais bien que ta tante Madeleine, quant à elle, n’en a cure de la défaite des Eléphants et des risques que le CHAN continue sans affluences, surtout que l’entrée est maintenant payante. Elle se préoccupe déjà de l’avenir de ses deux enfants car, les quatre syndicats de l’Enseignement (SYNESCI, SYNAFETPCI, Syndicat Solidarité et la Ces-Ci) ont décidé d’arrêter le travail en mars prochain. Selon ton cousin Mamadou Soro, secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (SYNESCI), "l’école va fermer en mars (...) et mars peut marquer la fin de l’année scolaire". Tu vois bien que ta tante que tu appelles affectueusement Mado a de quoi se faire des cheveux blancs.

Il faut noter que les enseignants du secondaire et du technique exigent la prise de décret portant adoption de la grille indiciaire revalorisée et la date des effets financiers ; le reversement de 17 mois de salaires aux enseignants retraités maintenus et le reversement de 2 mois de salaire retenus du fait de la grève à plus de 2000 enseignants. On espère tous que les enseignants et le gouvernement vont s’entendre afin que cette sommation des premiers ne soit pas mise à exécution. En attendant, comme le dit ton oncle Kalifa, un malheur n’arrive jamais seul, puisque c’est le même dimanche de la lourde défaite des Eléphants que 98 prisonniers sur un total de 500 détenus se sont évadés de la maison d’arrêt d’Abengourou, localité située non loin de la frontière avec le Ghana.

Avant de s’évanouir dans la nature, les pensionnaires de cet hôtel "cadeau" ont même eu le temps de dévaliser le bureau du directeur de la prison. Ils étaient munis d’armes blanches de toutes sortes et face à leur supériorité numérique, les gardiens dotés d’armes datant de Mathusalem ont capitulé, n’ayant d’autre choix que d’ouvrir grandement le portail de la prison. Ce qui est véritablement à l’origine de cette psychose qui s’est emparée des populations ivoiriennes, c’est que la "cellule 10" qui hébergeait" les criminels les plus dangereux, se retrouve vide, hormis un seul détenu qui est resté dans son cachot. C’est sur cette triste nouvelle que je termine cette lettre en attendant de te lire mercredi prochain.

Ton oncle

Le Pays

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