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Jean-Pierre Palm, ministre des Sports et des Loisirs : “Il faut qu’on arrête de tricher sur les âges en Afrique”

Publié le mercredi 18 février 2009 à 09h28min

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Jean-Pierre Palm

Au terme de ces premiers jeux de la CEN-SAD qui se sont tenus à Niamey au Niger, du 4 au 14 février dernier, le ministre burkinabé des Sports et des Loisirs, Aldiouma Jean-Pierre Palm, tire ici les enseignements de cette fête de la jeunes de l’espace CEN SAD.

Monsieur le ministre, que dites-vous de cette première expérience ?

Organiser des jeux au sein de l’espace CEN-SAD est une bonne chose dans la mesure où, et comme je me plais à le dire, là où les politiques vont lentement, le sport permet de balayer les barrières en un clin d’œil. Vous avez suivi les manifestations, en une dizaine de jours, les jeunes se sont rencontrés, ont créé des amitiés, des rapports nouveaux sont nés. Les gens n’ont plus certains regards vis-à-vis de telle où telle nationalité. Je crois que c’est comme cela que nous allons lever les obstacles au niveau de nos pays. Je pense que le président nigérien, S.E Mamadou Tandja, l’a également souligné. Il a dit que le porte-flambeau d’un pays, c’est le sport. Il est convaincu que c’est par le sport que l’intégration peut beaucoup plus rapidement se réaliser, qu’avec autre chose. Vous voyez, quand on dit de lever les barrières douanières pour une libre circulation des personnes et des biens, vous trouverez toujours un policier, un gendarme, ou un douanier qui voudra faire son petit malin, qui va arrêter les gens, qui va contrôler, qui va toujours essayer de fouiller, pour bloquer tout ce que les politiques ont pu élaborer. Mais par le biais du sport, c’est du spectacle, vous êtes là, vous aimez, vous applaudissez, il y a votre passion qui se déchaîne et ça finit par des appréciations, il y a tel joueur du Burkina, du Mali etc, qui était bien, ça crée des liens beaucoup plus solides qu’autre chose. Je crois c’est bien ces raisons qui fondent les jeux de la CEN-SAD.

En marge des jeux, s’est tenue la réunion des ministres de la Jeunesse et des Sports de l’espace CEN-SAD, qu’elles sont les questions qui ont été abordées ?

Nous avons abordé la question de l’occupation saine de notre jeunesse. C’est vrai, on parle de mondialisation mais, est-ce que nous, à notre niveau de développement, on est appelé à s’ouvrir à toute sorte de culture ? C’est la question qu’il faut se poser. Personnellement, je pense que non. Nous avons des besoins extrêmement primaires, notamment les problèmes de santé, d’éducation et il ne plaît à personne d’entendre chaque jour que l’Afrique est le continent où il y a le plus de malades du VIH-SIDA. Nous avons d’autres bagarres de développement, en conséquence nous avons choisi des loisirs sains qui nous permettent de nous épanouir. Toutes les cultures sont bonnes, mais ne sont pas toutes bonnes à pratiquer. A cette réunion, il a été question de la périodicité des jeux de la CEN-SAD. Le président nigérien a émis l’idée d’organiser les jeux chaque année. Nous, les ministres des Sports, nous ne pouvons que suivre les décisions des chefs d’Etat. Nous attendons, lors de la prochaine réunion, ce qu’ils vont arrêter à ce sujet. Nous serons obligés de les suivre. Mais, je l’ai déjà dit, ça va être lourd, parce que l’année prochaine, il y a la coupe du monde en Afrique du Sud. C’est une première pour le continent africain et je pense que tout pays digne de ce nom en Afrique, doit appuyer l’Afrique du Sud dans l’organisation de cet événement, afin que ce ne soit pas un échec, mais qu’à la fin, l’on dise " l’Afrique a réussi quelque chose de grandiose ". Donc, organiser les jeux l’année prochaine, ça va être un problème. Et l’autre année qui va suivre, nous avez la CEDEAO qui veut organiser une compétition, l’UA aussi veut en faire autant, il y a le tournoi de l’UEMOA et ça fera beaucoup de compétitions. Je me demande si les budgets de nos pays en ces temps de crise vont suivre. Les chefs d’Etat, s’ils dégagent les fonds pour ça, nous les ministres, nous ne pouvons que nous exécuter.

Un mot sur la participation du Burkina Faso à ces jeux dans les huit disciplines.

En sport de mains, nous avions perdu sur le plan national, j’entends par là que nous avions perdu le sport scolaire. Depuis trois ans, avec l’appui du conseiller spécial du chef de l’Etat, François Compaoré, nous avons réussi à réveiller les sports de main (Basket, handball) qui ne sont pas tellement pratiqués dans nos pays, sauf à l’école. En réveillant le sport scolaire, je pense que ça va amener les enfants à pratiquer le handball, le basket-ball. Accessoirement, en volley-ball, nous sommes quand même champions de la zone III, mais dans les deux premières disciplines citées, nous avons beaucoup perdu. Et l’équipe que nous avons amenée aux jeux est celle justement de la sélection des sports scolaires. Vous voyez, c’était des enfants qui étaient là, et qui se sont battus. Aussi d’ici à 5 ans, je pense que ces enfants seront des médaillés quelque part.

Avez-vous abordé la question sur la tricherie sur les âges des enfants à vos réunions ? Qu’en est-il ressorti ?

Oui, nous l’avons dit, c’est une histoire entre jeunes. Et en plus, il s’agissait de permettre aux juniors qui n’ont pas beaucoup de compétitions dans nos pays (parce que nous n’avons pas de championnats de petites catégories) de sortir, de se frotter aux autres jeunes des autres pays. Cela a pour avantage de les former et cela permet à l’avenir d’avoir des équipes solides, plutôt que d’essayer de tricher. La médaille d’or en elle-même n’est pas importante dans ces jeux-là. L’important est de préparer de grandes victoires sur l’échiquier mondial. Nos juniors footballeurs qui ont gagné ce soir, cela fait deux ans qu’on les bat, tout le monde les traite de tout au Burkina, mais j’ai foi en cette équipe. J’ai dit qu’il faut les laisser se frotter à l’extérieur, ils sont sortis, ils sont partis en Côte d’Ivoire, au Mali, au Nigeria. C’est de la Côte d’Ivoire où ils étaient, qu’ils ont rejoint directement le Niger, cela fera trois ans qu’ils se sont baladés sur les terrains. Quand je les voyais jouer ce soir, j’étais heureux, parce que le fond de jeu est là, ils se retrouvent les yeux fermés et c’est ce que l’on recherche. Nous l’avons souligné, le Niger, le Tchad, le Maroc, n’ont pas respecté les âges et ils ont reconnu. Au niveau des recommandations, nous avons insisté sur le fait que ces jeux-là, soient vraiment pour les juniors, nous entendons le faire respecter. D’ailleurs, je pense que dès la phase finale des cadets en Algérie, le 19 mars prochain, il y aura des tests IRM, (Imagerie par résonance magnétique), pour déterminer l’âge réel des enfants. Je pense qu’en Afrique, il est temps qu’on arrête de tricher sur ce plan-là car cela y va de l’intérêt de tous.

ITW réalisée à Niamey par Ibrahim BAYILI

L’Express du Faso

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