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Rareté des pluies : "Rien n’est perdu"

Publié le mercredi 7 juillet 2004 à 07h05min

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Contrairement à la quantité de pluies recueillie l’année passée à la même période, cette année, les pluies se font rares, très rares. Et chacun y va de son commentaire.

"Au Burkina Faso, la saison des pluies commence en mai ou juin et se termine en septembre ou octobre". Cette phrase, des millions de Burkinabè l’ont mémorisée depuis l’école primaire. Elle est tirée d’une leçon de géographie portant sur le climat.

Mais depuis, les choses semblent avoir évolué, changé. Cette année, en 2004, la nature semble avoir perturbé cette tradition séculaire. Que se passe-t-il ?

Pourquoi ne pleut-il pas ? Les choses vont-ils s’améliorer avec le temps ? La saison est-elle perdue ? Pourquoi autant de chaleur en lieu et place de la pluie ? Pourquoi la fraîcheur à des moments de la journée ... ? Autant de questions que les uns et les autres se posent.

A ces questions, diverses réponses allant de la plus farfelue à la plus intelligente, voire scientifique.

A Ouagadougou, dame rumeur a fait naître un bébé ayant un pied, un bras. Dame rumeur a fait dire par ce bébé que cette année, il n’y aura que quatre pluies au Burkina. Et ce bébé qui s’est fait passer pour une réincarnation d’un marabout rendu célèbre par ses prêches et sa connaissance du surnaturel (Mor Alim), s’en est allé après avoir prononcé la terrible sentence. La rumeur ne précise pas quel jour, quelle heure et dans quelle partie du Burkina ce "bébé-messager" est né.

Ces rumeurs pour dire que la pluie constitue une véritable préoccupation. Pouvait-il en être autrement dans un pays où la population est à 90 % constituée d’agriculteurs et d’éleveurs ?

Les explications scientifiques

"Cette année, le mois de juin, du point de vue de la qualité pluviométrique a été suffisamment en-deçà de ce qu’on attendait. En dehors de Pô et Fada, toutes les autres stations sont déficitaires". Ces propos sont du chef de service de la météo, M. Didier Ouédraogo. Selon les explications météorologiques, "la situation à l’heure actuelle est caractérisée par une prédominance des hautes pressions du Nord". Or, le cas typique de juin poursuit-il, "c’est que d’habitude ce sont les hautes pressions du Sud qui sont prépondérantes". Ce phénomène atypique s’observe à l’heure actuelle sur toute la bande sahélienne depuis le Sénégal, la Mauritanie, le Tchad ... Les hautes pressions du Nord constituent une forme de barrière dans l’atmosphère qui empêche la mousson d’aller en très haute altitude pour former des nuages capables d’atteindre le stade pluvieux.

Dans le principe de formation de la pluie, il faut que la mousson puisse atteindre une haute altitude et qu’elle ait une forte teneur en humidité.
Alors, les nuages qui se forment se développent, progressent en altitude jusqu’à atteindre une hauteur de 15 à 17 km, ce qui lui donne des sommets très froids avec une température pouvant atteindre moins 80 degrés.

Mais, il se trouve que jusqu’à présent, la mousson, compte tenu du règne des hautes pressions du Nord, n’est pas profonde. Cette situation, selon M. Didier Ouédraogo, ne signifie pas qu’il n’y aura pas de pluie. "Il y en aura, mais pas d’envergure comme nous l’attendons". La persistance des hautes pressions sur toute la bande sahélienne constitue un piège pour la mousson. Car les nuages qui se forment ne sont pas très puissants pour continuer d’évoluer et naturellement, se consolider pour donner de la pluie. Par conséquent, tant que cette situation va perdurer, on constatera des "formations nuageuses plus ou moins isolées, tantôt organisées qui évolueront jusqu’à un certain niveau avant de disparaître ou de se transformer en coup de vent".

Les hautes pressions du Nord sont à une basse altitude si bien que l’air qui devait monter avec l’humidité se retrouve plafonnée.

Généralement, il y a une alternance dans le règne des hautes pressions du Nord et celles du Sud. Mais d’habitude, en pareil moment, (au début de la campagne hivernale), ce sont les hautes pressions du Sud qui prédominent. Malgré la poussée des vents humides, les hautes pressions du Nord ne se sont pas retirées pour permettre aux vents humides de s’installer sur toute la région sahélienne. Il s’en suit une limitation de l’alimentation en humidité et donc, une limitation de la formation des nuages.

Sortir de ce système suppose un affaiblissement, voire une disparition des hautes pressions du Nord au profit de celles du Sud. Et le Programme Saaga ? A cette question, M. Ouédraogo donne la précision suivante. Le programme Saaga travaille sur le nuage. Alors, s’il n’y a pas de nuage, il ne peut y avoir d’ensemencement. Mais il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure car la campagne 2003 qui fut une campagne exceptionnelle n’est pas à comparer à celle de 2004, une campagne normale qui s’installe progressivement.

Parlant de la chaleur qui sévit en cette période, le chef de service de la météo estime que c’est un phénomène normal : "la chaleur dit-il, c’est l’humidité. Lorsque la pluie se prépare, il faut fortement chaud". Un autre constat en cette période c’est que les matinées sont froides.

Et cela parce que les hautes pressions du Nord sont à une basse altitude d’où la fraîcheur. Une humidité qui, malheureusement n’est pas assez forte pour donner de la pluie. Les coups de vent qui s’en suivent suite aux pluies avortées refroidissent le temps.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)
Sidwaya

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