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Manégré Naaba Kisto Koinbré : "J’ai tout gagné grâce à la musique"

Publié le lundi 9 février 2009 à 03h10min

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Kisto Koinbré ne se présente plus dans le paysage de la musique burkinabè. Son tout récent album "Moogho Singre" lui aura coûté un travail de recherche d’une vingtaine d’années une œuvre qui sera dédicacée le 24 février prochain. Retour sur le parcours d’un chef traditionnel qui perpétue, à travers la mélodie, l’histoire de ses ancêtres.

Kisto Koinbré (K.K.) : Je suis bien connu dans la musique traditionnelle et cela fait quarante (40) ans que je chante. J’ai évolué sous l’ombre du Larlé Naaba Anbga pendant 18 ans. Maintenant j’apporte de temps en temps mon soutien au chef actuel, le Larlé Naaba Tigré. Vous savez, la musique est un travail très dur mais c’est par amour que je la pratique. Dans le passé, nous faisions la musique pour notre plaisir d’abord. Les cadeaux en nature ou en espèces étaient le dernier de nos soucis. Je les prenais si on m’en donnait. Je suis à ma vingt sixième (26e) cassettes. Permettez-moi de présenter mes vœux de bonheur à tout le peuple burkinabè pour l’année 2009 à travers vos colonnes.

Sidwaya Mag Plus (S.M.P.) : Qu’est-ce qui vous a amené dans la musique ?

K.K. : C’est sur le dos de ma mère que j’ai appris à chanter. Ma mère était une chanteuse. A l’âge de 7 ans, j’ai fait mes premiers pas dans la chanson mais mon père n’était pas d’accord que je chante ; alors je suis allé chez ma tante et c’est chez elle que j’ai pu bien me former pour la chanson. J’ai rejoint le Larlé Naaba Anbga en 1969. Ma troupe a aujourd’hui vingt ans.

S.M.P. : Dans le domaine de la musique, qu’est-ce que vous avez pu faire comme production ?

K.K. : J’ai produit 26 cassettes et plusieurs spots publicitaires pour des organismes qui en ont fait un outil de sensibilisation contre le Sida, l’excision, etc.

S.M.P. : Qu’est-ce-que la musique vous a apporté comme satisfaction ?

K.K. : J’ai tout gagné grâce à la musique. Je vous donne un exemple parmi tant d’autres. Je vis chez moi avec toute ma famille. Vélo, voiture tout y est, j’ai visité l’Europe. La musique nourrit son homme à condition de vous donner à fond. Un pied dedans et l’autre dehors c’est l’échec dans le domaine musical.

S.M.P. : Dans le domaine musical quels sont vos projets ?

K.K. : Vous le saurez plus tard car un chef ne dit pas ses projets. N’oubliez pas que j’appartiens à une génération où la parole est sacrée.

S.M.P. : Qu’est-ce qui fait la particularité de votre musique ?

K.K. : Chaque musicien a sa particularité. Quand je chante, c’est pour dire quelque chose qui apporte un plus à l’humanité. A la création de votre journal Sidwaya en 1984, j’ai composé une chanson invitant le peuple à soutenir son journal. Les fruits sont palpables, bientôt vous fêterez un quart (1/4) de siècle de vie du journal.

S.M.P. : Quels reproches faites-vous à la musique burkinabè ?

K.K. : Des encouragements à nos jeunes frères et fils qui veulent faire de la musique leur métier. Il faut de la persévérance. On ne doit pas négliger la musique, c’est un métier comme les autres et on ne peut pas enregistrer la musique dans une chambre de 8 ou 12 tôles. Soignons sérieux, on ne peut pas chanter nu et danser nu et dire qu’on fait de la musique. Il y a des musiciens que j’ai honte de regarder chanter. La femme n’a pas besoin de montrer sa nudité pour se faire apprécier dans la musique. On est fatigué de regarder les fesses de nos mamans, de nos soeurs et de nos femmes. Une femme est belle devant son mari. Je demande aux uns et aux autres de revoir leurs accoutrements sur scène. Faites écouter votre musique par d’autres avant de la sortir.

S.M.P. : Dans votre domaine, à savoir la musique traditionnelle, pour réussir faut-il être fort dans le wack ?

K.K. : Ce n’est pas vrai, c’est comme dans toute activité, il faut s’attendre à tout ; du bien comme du mauvais. Ce n’est pas en faisant du mal aux autres artistes que tu seras aimé par le public. C’est la qualité de ton message qui te fait grandir.

S.M.P. : Quel appel avez-vous à lancer aux autorités en charge de la culture pour la promotion de la musique ?

K.K. : Merci à nos autorités en charge de la culture, elles font beaucoup pour nous mais vu notre nombre, il est préférable que d’autres ministères laissent parler leur cœur. Une seule main ramasse difficilement la farine, dit-on. Tout le monde consomme les produits de la culture. Chaque personne qui a un pouvoir peut, avec sa volonté, contribuer à aider un artiste.

S.M.P. : Quel est le message principal de votre dernier album ?

K.K. : C’est en 1990 que j’ai commencé la préparation du nouvel album qui vient de paraître. Le titre à lui seul justifie le message. J’ai fait la recherche avec les détenteurs de la tradition et les archives documentaires. J’ai voyagé avec le ministre de la Culture de l’époque Mahamoudou Ouédraogo à Gambaga et on nous a montré les tombes de nos grands parents. La cassette est disponible à Bazar, à Afrique Art, à Reemdoogo.

S.M.P. : Est-ce qu’un chef doit chanter devant un public ?

K.K. : Vous savez, moi je n’ai pas vendu une parcelle pour devenir chef. Le jour qu’on m’a proposé, j’ai informé mon grand frère qui est chef au village, il m’a dit : il faut travailler à ne pas décevoir ceux qui veulent te donner cette responsabilité. Alors j’ai donné mon accord. Mais pour chanter, je mets mon bonnet à côté. Après le concert, je prends mon bonnet et je le porte.

S.M.P. : Votre dernier mot

K.K. : Mes remerciements vont tout droit à ceux qui pendant cette longue carrière m’ont soutenu. Le 24 février est prévu pour le lancement de l’album "Mosse singré".
Je remercie particulièrement le Mogho Naaba Baongo, le Baloum Naaba, le Larlé Naaba, le Ouidi Naaba et le chef de Tenkodogo.

Entretien réalisé par Fernand GUETABAMBA et Issiaka DABERE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 9 février 2009 à 09:36, par soldat Kakato En réponse à : Manégré Naaba Kisto Koinbré : "J’ai tout gagné grâce à la musique"

    merci a kisto koinbré pour la qualité de sa musique. je suis a la recherche du merceau qu’il a composé pour l’aniversaire de la radio nationale. ou puis je l’acquerir ?
    pour les tenues sur scene, je suis d’accord avec lui et je trouve assez bizarre le silence des associations feminines. si les femmes tranforment leur corps en marchandise, alors qu’elles ne soient pas surprise qu’on les traitent elles meme comme des marchandises.

  • Le 9 février 2009 à 09:44, par soldat Kakato En réponse à : Manégré Naaba Kisto Koinbré : "J’ai tout gagné grâce à la musique"

    je suis a la recherche de la musique qu’il a composée pour le 40ème anniversiare de la radio. ou puis je l’acquerir ? pour les tenues sur scenes qui passent a la tele, je partage l’idee selon laquelle les femmes et les filles qui s’affichent contribuent a entretenir l’idée selon laquelle on peut faire de la femme ce qu’on veut pour peu qu’on lui propose un peu d’argent... ce qui me surprend par contre c’est le silence des associations feminines qui a longueur de journée nous pompent l’air avec cette histoire de genre.

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