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Transport terrestre : La gare routière de Bobo-Dioulasso appelée à être déplacée

Publié le vendredi 6 février 2009 à 00h01min

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La gare routière de Bobo-Dioulasso, communément appelée “autogare”, est l’un des points névralgiques de l’activité économique de la ville de Sya. Installée “provisoirement” depuis plus de 20 ans au secteur 9 de Bobo-Dioulasso, cette gare est gérée par les syndicats des transporteurs routiers. Ce qui était conçu au début comme point de départ et d’arrivée de tous les transporteurs routiers, fait face aujourd’hui à la concurrence des gares privées ou spontanées qui essaiment la ville de Sya.

Les occupants sont constamment harcelés par les autorités municipales qui veulent construire sur cet espace, un marché de fruits de dimension sous régionale. D’un coût de 1 milliard et demi, ledit marché sera construit avec l’aide du Millenium challenge account (MCA).

Au commencement c’était un terrain nu au secteur n°9, près de l’aéroport de Bobo-Dioulasso. Depuis 1988, cet espace est devenu la gare routière de la ville de Sya. Ce fut donc le point de chute des transporteurs après qu’ils aient été délogés de l’actuel emplacement du Ciné Sanyon, c’est-à-dire l’ancienne “autogare”. Rien ne prédestinait le terrain du secteur n°9, par ailleurs propriété de l’ASECNA (Agence pour la sécurité et la navigation aérienne en Afrique), à l’activité du transport routier. Au moment où les transporteurs rejoignaient l’actuel site attribué par l’autorité municipale, il n’y avait qu’un seul hangar comme investissement. Le conseiller technique de l’Organisation des transports routiers du Faso (OTRAF), Baba Traoré, est témoin depuis 40 ans, de l’évolution de ce secteur d’activité et de l’“autogare”.

Il se souvient des péripéties : “C’est sous la Révolution qu’il a été construit. Les autorités municipales nous avaient dit que l’espace appartenait à l’ASECNA et que c’était donc un emplacement provisoire en attendant une solution définitive. La mairie qui disait n’avoir pas de moyens d’ériger une clôture nous a néanmoins recommandé de ne pas construire en dur à cause du caractère temporaire de l’occupation”, explique M. Traoré. Mais depuis lors, la gare n’a pas changé d’emplacement. Une situation provisoire qui, dans les faits est en train de s’éterniser.

C’est une infrastructure publique dont la gestion est confiée aux organisations des transporteurs. “La mairie ne met pas sa bouche dedans”, nous a confié Bipio Bakouan, responsable de l’Union des transports du Sanguié (UTS).

Sauf peut-être pour percevoir les taxes de stationnement qui lui sont dues. Au quotidien, trois syndicats gèrent les activités à l’“autogare” de Bobo. Il s’agit de l’OTRAF, de l’ONTTB (Organisation nationale des transports terrestres du Burkina) et du SNTRVB (Syndicat national des transporteurs routiers de voyageurs du Burkina). Une situation qui ne va pas sans poser de problèmes, selon le conseiller technique de l’OTRAF, pour qui une gestion unifiée serait souhaitable. En effet, les transporteurs versent les différents frais liés à l’exploitation de la gare, chacun à son syndicat.

Concrètement, ce sont ces syndicats qui octroient les lignes de desserte aux transporteurs qui en font la demande. Une ligne correspond à une destination et il y en a une quarantaine à l’“autogare”, à raison de 30 transporteurs par ligne.

A la gare routière de Bobo-Dioulasso, chaque transporteur doit construire lui-même les infrastructures nécessaires à ses activités, sur l’emplacement qui lui est attribué par son syndicat. De l’avis du responsable de l’UTS Bipio Bakouan, ce sont les syndicats qui délivrent des billets de sortie à chaque départ de car ou de camion moyennant la somme de 1 000 F CFA pour les transporteurs nationaux et 2 000 F CFA pour les autres nationalités. En contrepartie, ce sont eux qui interviennent, en cas d’accident, pour évacuer les victimes et prodiguer les premiers soins aux blessés.

Et le conseiller technique de l’OTRAF d’assurer que la gestion s’effectue en toute transparence et s’appuie sur trois commissions mises en place à cet effet, à savoir les commissions voyageurs, hydrocarbures, et fret. Les membres des structures de gestion restent convaincus que l’érection d’une gare moderne pourrait être la solution à certaines difficultés rencontrées. Le port sec n’a rien à voir avec l’autogare. Après avoir obtenu la cession de l’espace par l’ASECNA contre un autre terrain, les autorités communales de Sya comptent utiliser l’emplacement de la gare à d’autres fins. Une autre place sera attribuée aux transporteurs.

Le maire de Konsa, Karim Barro, est très clair à ce propos : “Le site était provisoire, nous sommes en train d’aménager le site de l’ancien marché de Lafiabougou (secteur n°20) pour les transporteurs. Nous allons bientôt leur indiquer le site de la nouvelle auto gare et leur donner une date pour y aménager”. Cette nouvelle donne trouve sa justification dans le fait que la commune a obtenu du MCA, le financement à hauteur de 1 milliard et demi de francs CFA de la construction d’un marché moderne de fruits qui aura une vocation sous régionale.

Par ailleurs, un bruit court à Bobo-Dioulasso, faisant croire que la gare routière internationale ou port sec, en chantier au secteur n°18, est destinée à recaser les transporteurs qui seront déguerpis du secteur n°9. Il n’en sera rien, affirme le maire de Konsa, Karim Barro qui précise notamment : “Le port sec sera réservé exclusivement au fret et n’a rien à voir avec le déplacement de l’autogare”. Il faut souligner que le port sec en question est une initiative de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso.

Quant à l’“autogare”, les automobilistes qui y sont présentement, font face comme ils peuvent, à la concurrence des gares privées. Seule la ligne Bobo-Côte d’Ivoire est encore rentable, celles de l’intérieur étant saturées, aux dires de certains transporteurs. Ceux-ci dénoncent les gares privées et réclament le regroupement de tous les transporteurs à la gare routière.
Chose difficile à faire pour le moment car les premiers responsables des syndicats sont aussi les premiers à ériger leurs propres gares. En plus, les compagnies de transports de référence se contentent au mieux, juste d’un guichet à l’autogare, le gros de leurs activités étant mené ailleurs.

Ce qui rend difficile du même coup, le contrôle de la réglementation sous régionale en matière de transport terrestre. Le Directeur des services techniques municipaux (DSTM), Seydou Drabo, reconnaît que la construction et la gestion d’infrastructures telles les gares routières, relève de la municipalité.
Il ajoute que des études ont été menées en prélude au projet de construction de trois gares aux sorties Est, Ouest et Sud de la ville. La mise en place d’une structure telle que la Régie autonome de gestion des équipements marchands (RAGEM) à Ouagadougou est envisagée, soutient-il, pour améliorer la gestion de ces espaces économiques.

Mahamadi TIEGNA (camerlingue78@yahoo.fr)

Sidwaya

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