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Sale temps pour la ferraille de récupération

Publié le mardi 27 janvier 2009 à 19h30min

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Des artisans à l’oeuvre

Les exportateurs de la ferraille de récupération broient du noir. La chute brutale du cours de la ferraille et la baisse de la demande en sont les raisons. Conséquences : stocks invendus, chute du chiffre d’affaires et chômage technique. Dans un tel contexte, les exportateurs espèrent une réaction positive du marché avec l’investiture d’Obama.

« La ferraille, plus personne n’en veut ! » Cette phrase, Moussa Sawadogo exportateur de ferraille de récupération la répète à souhait à qui veut l’entendre. Sur sont entrepôt à ciel ouvert, situé à la sortie nord de Bobo-Dioulasso, les stocks s’empilent les uns sur les autres. « J’ai sur cette aire plus de 500 tonnes de ferraille qui ne trouve pas acheteur depuis plus de cinq mois », dit-il dans un long soupir. « Depuis 2000 que j’ai entrepris cette activité, c’est la première fois que je connais une telle situation », lâche-t-il, tout amer. Depuis juillet, la dizaine d’employés de M. Sawadogo se retrouve chaque matin sur cet espace à se tourner les pouces. Ils n’ont rien d’autre à faire à part de longues et stériles discussions. Par conséquent, ils ne perçoivent plus le moindre salaire. « J’ai toutes les peines du monde pour subvenir aux besoins de ma famille. Cela fait trois mois que nous ne travaillons plus normalement », affirme Hamidou, chargé de la pesée et chef d’une famille de trois enfants.

Le désarroi de la PME de Moussa Sawadogo n’est pas un cas isolé dans la ville de Bobo. Chez Gaoussou Sanou, c’est pire encore ! Sur son aire de travail, cinq montagnes informes de débris métalliques donnent à l’endroit un décor apocalyptique. Cela fait quatre mois que le jeune commerçant n’exporte plus de la ferraille. « Les acheteurs, dit-il, ne viennent plus chez nous. Cela m’a contraint de me séparer de mes six employés » avance t-il en guise d’excuse.

La fin de la poule aux œufs d’or ?

« Avant, j’exportais en moyenne 50 tonnes de fer par mois », se souvient Moussa Sawadogo. Ce commerçant a bâti sa fortune sur l’exportation de la ferraille usée. Rien que dans la ville de Bobo, il compte cinq entrepôts à ciel ouvert. Il possède également des entrepôts à Banfora et même à Sikasso au Mali. « Je faisais un bénéfice mensuel d’un million par entrepôt. Mais à présent, je crois que les beaux jours sont derrière nous », poursuit-il dépité. L’euphorie née autour de la vente du produit ces deux dernières années s’est estompée depuis un trimestre. La raison : la brutale chute du cours mondial du fer. Entre avril et juillet, le prix de la tonne de la ferraille est passé de 220.000 f cfa à 95 000 f sur le port de Lomé, principal marché de vente la ferraille de récupération. Les acheteurs ghanéens et indiens qui autrefois sillonnaient le pays à la recherche de ferraille ont complètement disparu de la circulation. Les jeunes gens qui ramassaient le fer pour le revendre aux exportateurs ont presque tous abandonné le commerce du fer. « Ce n’est plus rentable. Avant, on nous achetait le kilogramme de fer à 100 f, mais aujourd’hui on nous le prend à 25f », regrette Ismaël, âgé de 17 ans.

En attendant « l’effet Obama »…

Petits revendeurs, exportateurs et acheteurs assistent impuissants à la mort de leur commerce. La plupart ne comprennent pas ce soudain changement. Les explications demeurent vagues. « Il parait que les chantiers en Chine qui utilisaient beaucoup de fer ont cessé toute activité. C’est pourquoi on n’achète plus notre ferraille » analyse Moussa.

En réalité, les difficultés de ce secteur sont imputables à la crise financière née aux Etats-Unis et qui a embrasé toute l’économie occidentale et asiatique. Les industries navales, les grandes constructions et de l’automobile, principales consommatrices de fer, ont pris un coup sérieux. La firme General Motors par exemple, numéro mondial dans le secteur de l’automobile, est au bord de la faillite. Elle et sa consoeur Ford espèrent que l’administration démocrate de Barack Obama leur viendra en aide avec des crédits. Ce plan de sauvetage est attendu par toute la société américaine car l’industrie automobile représente 3 millions d’emplois. Avec les Américains, le secteur de la ferraille de récupération se prend à rêver d’une relance possible. « Au lendemain de l’investiture d’Obama, j’ai reçu pour la première fois depuis plusieurs mois la visite d’un acheteur indien. Avec Obama, nous avons espoir que les affaires reprennent comme avant », confie Moussa. Véritable sortie de crise ou espoir mal placé ? A Bobo les exportateurs sont prêts à croire en n’importe quoi pourvu que la crise prenne fin.

Nourou-Dhine Windpouiré Salouka
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier 2009 à 20:55 En réponse à : Sale temps pour la ferraille de récupération

    Bonjour,

    Je reagis a propos de l’expression qui se trouve dans l’article. Cette expression est une mauvaise habitude que les francais utilisaient en reference aux noirs durant la traite et la colonisation. C’est une expression a connation raciste, alors SVP epargnez nous ces expressions.

    Nous aspirons tous une REELLE INDEPENDANCE, une reaffirmation de notre identite culturelle et il faut laisser tomber ces habitudes pejoratives que les colons utilisaient.

    SOYONS AFRICAINS, je vous prie.

  • Le 27 janvier 2009 à 21:44 En réponse à : Sale temps pour la ferraille de récupération

    Bonjour,

    Je reagis a propos de l’expression - Broyer du Noir - qui se trouve dans l’article. Cette expression est une mauvaise habitude que les francais utilisaient en reference aux noirs durant la traite et la colonisation. C’est une expression a connation raciste, alors SVP epargnez nous ces expressions.

    Nous aspirons tous a une REELLE INDEPENDANCE, une reaffirmation de notre identite culturelle et il faut laisser tomber ces habitudes pejoratives que les colons utilisaient.

    SOYONS AFRICAINS, je vous prie.

    • Le 29 janvier 2009 à 14:34 En réponse à : Sale temps pour la ferraille de récupération

      Tout en comprenant la réaction de celui qui m’a précedée , je ne pense pas que broyer du noir içi soit mal utilisé , les vendeurs de ferraille broient effectivement du noir lorsque dans leur situation, ils ne voient rien poindre à l’horizon .

      Si nous n’avons pas de langue de communication adéquate avec une partie du monde et au Burkina faso ,pouvant faire mieux que le français pour le moment, acceptons de l’utiliser pour décrire ce que nous voyons quotidiennement avec des images et un vocabulaire correct.

      Le savoir se partage , qu’auriez-vous dit à la place de " broyer le noir" ?

      Merci de nous aider à nous améliorer .

      Mahaoua Konaté
      Québec

  • Le 1er février 2009 à 18:04, par Mugabe En réponse à : Sale temps pour la ferraille de récupération

    Je tombe par hasard sur cette discussion un peu surréaliste à propos de l’expression broyer du noir.
    Cette expression trouve son origine dans les arts graphiques ou l’on avait l’habitude de fabriquer ses couleurs en malaxant différentes substances pour les obtenir. Pour obtenir du noir on broyait ainsi du charbon avec d’autres composants.
    Par ailleurs broyer du noir a signifié dans une époque encore plus lointaine "digérer" en relation avec le travail de l’estomac et des sucs ( bile ) qu’il secrète.

    Donc aucun rapport avec ces supposés propos racistes que certains ont tendance à voir derrière chaque mot suspect dont l’intelligibilité leur échappe.

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