LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

RDC : Kagamé revient par la grande porte

Publié le jeudi 22 janvier 2009 à 14h15min

PARTAGER :                          

La décision ressemble, à n’en pas douter, à une stratégie pour en finir avec la coalition de rebelles qui empêchent Joseph Kabila de gouverner tranquillement son pays, la République démocratique du Congo (RDC), cette contrée africaine aux immenses richesses qui suscitent tellement de convoitises ; de là viendraient d’ailleurs ses malheurs. Mardi dernier, des colonnes de plusieurs centaines de militaires rwandais ont fait leur entrée dans le territoire congolais, par le Nord-Est, pas très loin de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu.

Ces soldats, équipés d’armes lourdes, ont une mission qu’ils vont mener conjointement avec les forces armées congolaises : elle consistera à traquer les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), hostiles au pouvoir de Paul Kagamé, et installées en RDC depuis le génocide rwandais de 1994. Cette décision de faire front commun serait issue d’un accord entre Kinshasa et Kigali en vue de la paix dans les deux pays. En effet, les deux capitales avaient manifesté, en décembre dernier, leur désire de combattre dans une unité d’action les rebelles de FDLR.

Mais sur le terrain déjà, entre mouvements rebelles, c’est la discorde. Le chef historique du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), Laurent Nkunda, qui a rallumé la mèche de la guerre en octobre dernier en RDC, voit son autorité contestée : ainsi, une dissidence est née au sein dudit congrès, qui fragilisera sans doute la rébellion. Une fraction de cette dissidence serait même prête à traquer les rebelles des FDLR.

Une opération qu’il faudra savamment cordonner. Car, le plus souvent, en pareille circonstance, ce sont les populations civiles qui souffrent le plus. Déjà, du côté de la MONUC, on dit n’est pas être associé à la planification d’une telle opération. Les choses ne seront donc pas faciles ; c’est le moins que l’on puisse dire. Il faut pourtant arriver à la paix dans cette région. Il faut nous éviter ces scènes de pauvres gens fuyant par colonnes entières les combats. Et on aura tout essayé.

Entre-temps, Paris s’invitait dans la danse, en faisant savoir, par la voix de son président, Nicolas Zarkozy, son intention d’initier des projets pour ramener la paix au Nord-Kivu. A l’Elysée, l’idée est de s’attaquer au problème de fond. Ce qui suppose que l’on soit attentif à l’exploitation commune (RDC/Rwanda) des richesses minières de la région ; que l’on soit regardant sur la question des minorités congolaises dont seraient issus les rebelles du CNDP ; et que l’on prenne en compte le problème du foncier, source de tensions intercommunautaires.

L’idée de passer à cette stratégie commune contre les rebelles des Forces démocratiques de libération du Rwanda est la preuve de l’incapacité de Kinshasa à rétablir la sécurité, l’unité et la stabilité nationales, notamment dans cette région. Et la question qui se pose est de savoir si, véritablement, l’intervention des forces rwandaises en République démocratique du Congo va apporter la paix, une paix durable dans cette partie du monde. C’est le Rwanda, on le sait, qui avait installé Kabila père au pouvoir en RDC, qu’il avait quittée par la petite. Aujourd’hui, il y revient avec l’onction du fils.

Agnan Kayorgo

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique