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Eau et Assainissement : Bamako accueille une rencontre sous regionale

Publié le mardi 20 janvier 2009 à 04h28min

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La délégation burkinabè

Il s’est tenu du 12 au 16 janvier à Bamako au Mali, une rencontre sous régionale sur le finanacement des services de l’eau et de l’assainissement. Organisée par l’ONG Water Aid. Elle a regroupée quarante-cinq participants venus du Burkina Faso, de l’Ethiopie et du Mali.

Réunis du 12 au 16 janvier dernier à Bamako, quarante-cinq participants, venus de quatorze pays dont quatre de la zone d’intervention de Water Aid, ont eu un véritable temps de partage d’expériences, en matière de l’eau et de l’assainissement. Repartis en trois groupes de sortie, les quarante-cinq participants ont

découvert des expériences nouvelles dans trois communes de la ville de Bamako. Denis Zoungrana, enseignant à l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE), est lui, allé à Dialakorobougou
. « Nous y avons assisté à une journée de dialogue public, où les populations touchent directement la cible, en discutant avec les élus locaux. Ce qui fait une rupture avec les conceptions de projets dans les bureaux. Projets auxquels les populations ne s’identifient pas toujours. Ce qui entraîne leur échec… », témoigne t-il.

A cet échange d’expériences, participait une délégation burkinabè, dont le ministre délégué chargé des collectivités territoriales, Abel Toussaint Coulibaly. Il a par ailleurs, animé un débat en présentant la stratégie du Burkina pour le financement local de l’eau. « Après l’adoption des plans communaux de développement, on leur a couplé des programmes d’approvisionnement en eau potable, explique le ministre. Et au Burkina Faso, les acteurs vont du gouverneur aux usagers de l’eau qui sont organisés en associations. Les usagers participent financièrement à l’acquisition des points d’eau, à leur gestion et à l’entretien des ouvrages. », a poursuivi M. Toussaint Coulibaly.
Cette expérience burkinabè a été appréciée par les autres participants. Seulement le Burkina lui-même, devra actualiser cette méthode pour l’adapter à la logique de la décentralisation intégrale. C’est en cela que les expériences du Mali et de l’Ouganda sont instructives. Au Mali, la population est impliquée dans la gestion d’eau, à travers les comités aussi bien au niveau communal que villageois. En Ethiopie, les objectifs de développement du millénaire sont localisés à la base et l’eau et l’assainissement sont pris en compte.

Bruno Gniminou


Propos de quelques participants.

Toussaint Abel Coulibaly, ministre délégué chargé des collectivités territoriales.

Quels sont les enjeux pour votre département de participer à la conférence de Bamako ?

Toussaint Abel Coulibaly : Le Burkina Faso est engagé depuis Avril 2006 dans une communalisation intégrale du territoire. Cela organise le développement du village jusqu’à l’état central. Et je crois que s’agissant de l’évocation du financement local de l’eau, il m’était impérieux d’être présent. Surtout que Water Aid m’y a invité. Mais aussi j’ai pu partager l’expérience du Burkina et m’enquérir de celles développées ailleurs. Etant donné que la plupart des pays participants ont les mêmes problèmes d’eau, à quelques variantes près.

Vous avez présentez un exposé sur la stratégie du Burkina en la matière, que faut-on en retenir ?

T.A.C : Après l’adoption des plans communaux de développement, on leur a couplé des programmes d’approvisionnement en eau potable. J’ai apporté cette expérience, en disant qu’au Burkina les acteurs vont du gouverneur aux usagers de l’eau, organisés en associations. Les usagers participent financièrement à l’acquisition des points d’eau, à leur gestion et à l’entretien des ouvrages. Notre expérience, quoique encore nouvelle est porteuse. Ce qui a été reconnu par certains participants.

Qu’avez-vous appris, d’instructif pour le Burkina, à partir de l’expérience des autres ?

T.A.C : L’expérience malienne est très prometteuse. A travers les exposés et surtout par les visites de terrain nous avons vu combien la population est impliquée dans la gestion des points d’eau. Cela par des comités aussi bien organisés au niveau communal qu’au niveau villageois. Et il y a aussi les expériences de l’Ethiopie et du Ghana. C’est dire donc que cette multitude d’expériences doit aider à mettre à la portée de nos populations, de l’eau potable, mais surtout à les former à sa gestion.

Que devrons-nous attendre comme premier acte, quand vous rentrerez au Burkina ?

T.A.C : Ce sera d’abord initier la sensibilisation, à travers les medias, pour une appropriation du processus par les acteurs de base. Car si au niveau étatique, nous pouvons comprendre le problème, il n’en est pas de même pour les populations locales. Donc il faut les amener à s’approprier le processus. Nous sommes entrain d’envisager, au niveau du ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, un mécanisme d’informations à grande échelle pour faire en sorte la décentralisation soit un sujet maîtrisé par tous les burkinabè. C’est comme cela que les populations pourraient suivre la marche de ce processus.

- Yéréfolo Mallé, le représentant de Water Aid au Burkina.

Comment votre institution est –elle arrivée à une collaboration avec les élus locaux ?

Yéréfolo Mallé : La collaboration avec les communes est partie d’une réflexion, que nous avons menée en 2004. Mais avant cela, nous avions planifié pour les quatre pays membres de Water Aid, un renforcement des capacités des communes. Donc en 2004, nous avons réfléchi sur ce qu’il fallait faire. Et une formation donnée nous paraissait ponctuelle et éphémère. C’est de là, que nous avons eu l’idée de nous engager dans un processus, qui se différencie d’un projet dont la durée de vie est connue. Alors nous accompagnons les communes par un appui assez constant, qui vise à renforcer les capacités des communes.

Quelles sont les responsabilités de part et d’autre dans ce processus ?

Y.M : Au départ il y avait deux parties : Enda-tiers-monde et Water Aid dans la réflexion. Notre partenaire Enda-tiers-monde se chargeait de la formation tandis que Water Aid apportait tout ce qui est appui logistique, financier et la mobilisation des élus. Et nous avons appelé ce processus, la localisation des objectifs du millénaire pour le développement. Cela a été lancé dans six pays : le Burkina Faso, le Mali, Ghana, le Nigeria, le Sénégal et la Mauritanie. Et Enda s’occupait des deux derniers et les quatre autres ont l’intervention de Water Aid. Quant aux communes, elles se doivent de lancer le processus avant de se mettre à la disposition de Water Aid pour participer à des sessions de formation et à des échanges d’expériences sur de meilleures pratiques, en matière de décentralisation.

Quelles autres actions Water Aid mène sur le terrain ?

Y.M : Water Aid, comme son nom l’indique, est une ONG intervenant depuis 2004, dans le domaine de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement. Mais nous nous sommes aussi dit que si le processus de décentralisation est en marche dans nos pays, autant s’y lancer pour l’aider à aboutir à transfert de la responsabilité. Par le renforcement les capacités des élus locaux.
B.G : Pourquoi cette troisième conférence se tient-elle à Bamako ? Est-ce parce que le Mali est une référence par rapport à la thématique choisie ?
Y .M : Oui, en partie ! Mais nous organisons nos rencontres de façon tournante : la première s’est tenue à Accra, en 2006, la deuxième à Ouagadougou en 2007. C’est pourquoi nous avons tenu la troisième à Bamako, mais c’est pour aussi voir de près les expériences de Water Aid Mali, en terme d’appuis directs aux communes.

- Prosper Zombré, maire de Ouargaye et Secrétaire AMBF chargé de l’eau et de l’assainissement.

Quels sont les enjeux pour votre commune que vous preniez part à cette conférence ?

Prosper Zombré : Les enjeux, c’est d’abord pour apprendre comment faire un plaidoyer pour un financement de l’eau et des latrines pour ma commune. Ensuite je souhaitais comprendre comment élaborer un plan sectoriel, en matière d’eau d’hygiène et d’assainissement. En somme bénéficier des expériences d’autres pays.

Pour le financement, avez-vous eu quelques idées pour Ouargaye ?

P.Z : Nous essaierons d’identifier les partenaires au niveau local, national et international. C’est déjà le cas de Water Aid, qui travaille avec la commune de Ouargaye depuis trois ans pour nous apporter beaucoup de choses. Mais nous verrons aussi au sein de la population locale, une stratégie visant à la faire participer. Pour ne pas seulement compter sur l’extérieur.

Comment trouver de l’eau dans une commune sèche comme Ouargaye ?

P.Z : L’eau est vraiment une priorité dans la commune de Ouargaye. Il nous faut énormément de forages et de retenues d’eau. Environ quarante forages pour les cinq ans à venir pour pouvoir abreuver les trente mille habitants de Ouargaye et de ses douze villages. Mais nous avons une promesse de quatre forages de la part de Water Aid pour l’année prochaine. Et au niveau national, on nous promet de construire vingt et deux bornes fontaines pour la ville et de faire une munie addiction.

Bruno Gniminou

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