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Commerce international au Burkina Faso en 2008 : De nombreuses valeurs de marchandises redressées en Douane

Publié le vendredi 16 janvier 2009 à 14h06min

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En novembre 2007, le gouvernement burkinabè décidait de soumettre toutes les marchandises entrant sur son territoire à inspection tant pour déterminer la valeur que pour en certifier la qualité. Plus d’une année après, la mise en œuvre de cette décision qui vise à lutter contre la fraude et à sécuriser les importations du pays, commence à donner les fruits… doux du succès mais…

Les recettes douanières ont en effet, nettement augmenté en 2008 au grand bonheur du Premier ministre, Tertius Zongo et du ministre de l’Economie et des Finances qui a même consenti à décorer en fin 2008, certains acteurs de l’exploit tout en félicitant les partenaires de l’administration douanière pour les appuis multiformes. Faire augmenter les recettes en période de crise internationale comme celle qui a secoué le monde en 2008 n’était pas donné à l’avance, surtout que le gouvernement en vue de contrer les effets de la vie chère au niveau des ménages, a dû renoncer aux droits de douanes sur les produits de grande consommation tels que le lait, le riz et l’huile. Mais des interrogations subsistent car au-delà de ce résultat exceptionnel, les chiffres issus des différentes vérifications que nous avons aperçus, laissent entrevoir beaucoup d’efforts à opérer notamment dans le sens du civisme au niveau des importateurs.
L’an dernier, près de 15 300 attestations de vérification ont été émises par COTECNA contre 11 300 en 2007.

Ce volume d’attestations émises en 2008 représente 27 000 DPI (Déclaration préalable à l’importation) d’une valeur estimée à 1000 milliards de F CFA. Pour 2007, 10 523 DPI avaient été concernés pour une valeur estimée à 804 milliards de F CFA. Cela représente un accroissement en nombre d’attestations émises en une année de l’ordre de 35 %. Sur la même période, on note un accroissement en valeur des attestations émises de l’ordre de 65 %. Pour les DPI, l’augmentation en volume est de 154 %, tandis que leur valeur financière progressait de 24 %.

La valeur financière totale des marchandises inspectées avant embarquement, selon les déclarations faites par les importateurs à COTECNA pour la période de 2008 enregistrée, est de l’ordre de 443 milliards pour une valorisation de COTECNA établie à 731 milliards de F CFA. Pour les marchandises inspectées à destination, les importateurs ont déclaré une valeur financière d’environ 20 milliards, 500 millions de F CFA tandis que COTECNA les jugeait plus chères : 40 milliards de F CFA, soit presque le double pour 8 000 attestations émises à ce niveau. De source proche des douanes, on reconnaît que de tels niveaux de recettes n’ont jamais
été atteints.

"Quasiment toutes les déclarations faites par les importateurs ont été réhaussées. Ce qui se traduit par plus de recettes engrangées par les douanes au profit du Trésor public", précise Sébastien Dayama, DG de COTECNA-Burkina.

Ces chiffres traduisent un état de fait qui est que nombre d’importateurs pratiquent encore apparemment la sous-facturation avec la complicité de leurs partenaires étrangers à moins que ce ne soit le système de contrôle qui est assez contraignant.

Joëlle Le Doeuff, Chef d’agence de GETMA, une société de transport et de logistique au Burkina, ne veut pas leur jeter la pierre. Tout en reconnaissant certaines pratiques peu recommandables dans le milieu des importateurs, elle souhaite qu’on accorde le bénéfice du doute à nos opérateurs économiques. "Il faut changer les mentalités au niveau de la perception qu’on a souvent de nos importateurs. Il ne faut pas voir en eux de potentiels fraudeurs. Il y en a qui opèrent avec une grande probité. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille baisser de vigilance puisque la confiance n’exclut pas le contrôle", soutient Mme Le Doeuff. Elle qui pense que le contrôle est utile à plus d’un titre. Elle cite, bien entendu, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale mais retient aussi la protection sanitaire des populations ainsi que la garantie d’une concurrence saine entre les acteurs économiques. "La règle est la même pour tous et c’est la qualité personnelle de chacun qui fait la différence", indique Mme Le Doeuff. Cet avis est, du reste, partagé par un autre transporteur-transitaire et logisticien, Roland Sow de SDV-Burkina.

Pour M. Sow, "l’inspection permet d’établir des valeurs de référence et d’établir les bases d’une saine concurrence". Cependant, il déplore certaines lenteurs et lourdeurs dans les procédures : "Au début de l’inspection notamment, nous avons connu des difficultés pour les marchandises qui arrivent par avion. Il fallait 24 h pour demander le contrôle, attendre 24 h pour l’avoir et patienter plus d’une semaine pour voir sortir la marchandise des bureaux des douanes. Cela faisait beaucoup pour une marchandise expédiée par avion parce que urgemment attendue. Heureusement qu’au cours de l’année 2008, COTECNA s’est déployé sur tous les sites de dédouanement permettant d’accélérer les choses. Restent certaines lourdeurs au niveau des douanes que nous comprenons parce qu’il faut optimiser les recettes mais nous pensons que cela peut être amélioré. Nous travaillons avec particulièrement des miniers qui ont beaucoup investi au Burkina, paient beaucoup d’impôts et qui, lorsqu’ils importent parfois de petites pièces en urgence, ne comprennent pas que ça traîne...".

Alors, les procédures d’inspection sont-elles si rigides ? Ce n’est pas l’avis de Désiré Kam, directeur des opérations de COTECNA : "Nous ajustons une valeur lorsque nous estimons qu’elle est inférieure au prix pratiqué dans le pays d’exportation. Nos bureaux à travers le monde nous permettent de disposer des prix réels et, à partir d’instruments édictés par l’OMC, de déterminer la valeur réelle de la marchandise à destination du Burkina".

Il déplore l’analphabétisme qui pourrait expliquer en partie les redressements au niveau de certains importateurs notamment, ceux qui passent par l’inspection à destination. Toujours est-il qu’il préconise une formation de ceux-ci aux règles du commerce international. Il conseille en outre, aux importateurs, quel que soit le volume de leurs commandes de privilégier les inspections avant embarquement qui permettent de gagner du temps et de disposer de l’attestation de vérification plusieurs jours voire des semaines avant l’arrivée des marchandises sur le territoire national. Et précise-t-il, "ils sont, chaque jour, plus nombreux à solliciter
ce service".

La direction générale de COTECNA s’engage à les accompagner dans ce sens. Sébastien Dayama annonce que des actions de sensibilisation seront ainsi organisées en 2009 au profit des acteurs du commerce extérieur. Des renforcements de capacités devant venir compléter ces interventions pour ce qui concerne les agents des douanes, des Finances et du Commerce. "2008 a été une année positive sur le plan de la lutte contre la fraude et de l’optimisation des recettes douanières au Burkina. Elle a été difficile mais nous sommes moralement satisfaits de son issue. Nous sommes davantage heureux que des produits prohibés comme ceux contaminés à la mélamine n’ont pu entrer au Burkina", souligne M. Dayama.

Ceci explique-t-il cela, sa société a renoncé à ses honoraires, poursuivant gratuitement ses contrôles sur les produits qui ont fait l’objet de suspension de droits de douanes par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la vie chère, en vue de garantir leur qualité et de ne pas alourdir la facture supportée par l’Etat du fait de la crise. Une autre manière pour cette société citoyenne de participer à l’amélioration des conditions de vie des populations tout en gardant à l’esprit qu’elle ne pourra plus reculer. Le Premier ministre, Tertius Zongo y tient, lui qui a tenu à relever et à saluer ces performances enregistrées à la rencontre gouvernement-secteur privé et qui attend que demain soit meilleur. Les institutions de Bretton Woods ont également décerné un satisfecit à notre pays pour l’atteinte de ces objectifs en matière de recouvrement des recettes.

Victorien A. SAWADOGO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 janvier 2009 à 10:02 En réponse à : Commerce international au Burkina Faso en 2008 : De nombreuses valeurs de marchandises redressées en Douane

    A l’attention de nos journalistes.

    J’ai souvent remarqué dans certains de vos écrits beaucoup d’abréviations surtout des institutions sans pour autant dire au préable la signification. Pour nous de la diapora et même pour certains citoyens nationaux, il n’est pas évident de connaitre ces expressions.En exemple pour ce qui concerne cet article précis "COTECNA", "GETMA". Pour cette raison, je sollicite à nos éminents journalistes de prendre note de ma remarque. Je vous souhaite une excellenece année 2009.

    Madou en Allemagne

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