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Rencontre gouvernement/acteurs de la filière céréales : « Sortez les excédents, Dieu nous aidera »

Publié le jeudi 15 janvier 2009 à 02h39min

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Les ministres Mamadou Sanou du Commerce, Laurent Sedego de l’Agriculture ainsi qu’Abdoulaye Combary, ministre délégué à l’Agriculture, ont rencontré hier mercredi 14 janvier 2009 les acteurs (producteurs et commerçants) de la filière céréales. A l’ordre du jour, raisonner ces derniers afin qu’ils ressortent les denrées gardées dans les magasins et les vendent à des prix raisonnables.

Depuis un certain temps, les stocks des produits céréaliers diminuent drastiquement sur le marché, avec à la clé une augmentation de leur prix. Or la saison a été bonne, et l’on a même annoncé plus de 700 000 tonnes d’excédent.

Mais curieusement, voilà que, juste quelques mois après les récoltes, c’est parti pour la flambée des prix alors que nous ne sommes qu’au mois de janvier, encore très loin de la période de soudure (d’août à septembre). L’an passé, par exemple, à cette même période, malgré la campagne déficitaire, le sac de 100 kg coûtait entre 8 000 et 9 000 FCFA. Cette année, il flirte les 16 000 FCFA.

Face à cette dangereuse surenchère, le ministre de l’Agriculture et son collègue du Commerce ont rencontré les producteurs et les commerçants pour comprendre les raisons de cette augmentation. Car ces produits sont très sensibles au sein des populations, le maïs, le sorgho et le niébé étant la base de l’alimentation des Burkinabè.

Le comité interprofessionnel de céréales, CIC-B, estime qu’il faut des campagnes de sensibilisation afin que les producteurs cessent de faire de la rétention. Il souhaite aussi la tenue de tables rondes entre l’Etat et les organisations des producteurs afin qu’il y ait un bon fonctionnement du marché. Mais en attendant, il faut savoir ce qui s’y passe.

Pour ce faire, la parole a été donnée à ceux qui voulaient s’exprimer. Salimata Baguian, une des commerçantes, estime que c’est à l’Etat de faire agir les vendeurs, car entre eux-mêmes, ils ne parlent pas le même langage. De l’avis de la Fédération des producteurs, les raisons de la flambée se situent à trois niveaux. D’une part le marché national est actuellement inondé par des acheteurs venus du Ghana, qui proposent des prix intéressants pour les commerçants. Conséquence, on élève les prix (autour de 15 000 FCFA), accessibles pour les Ghanéens, mais trop chers pour les Burkinabè.

Ensuite, et selon Joseph Dagano de la Fédération, il y a que la saison a été pluvieuse, mais les récoltes n’ont pas beaucoup suivi du fait de l’indisponibilité des intrants. « On a vu des champs très verdoyants, mais les épis de mil et de maïs étaient maigres. Ce qui donnait de faibles rendements à l’hectare », a-t-il fait remarquer. L’autre aspect, c’est que les céréales ne servent plus uniquement à nourrir les hommes. Elles sont également utilisées dans les fermes pour l’élevage des bovins et des poules.

L’un des commerçants, El hadj Salif Kaboré, pense que l’Etat ne s’occupe pas assez des autres spéculations comme le karité et le sésame, ce qui fait que les producteurs sont obligés de vendre cher les céréales pour se faire de l’argent. Un argument qui a été vite battu en brèche par le ministre du Commerce, qui a souligné que le gouvernement a négocié un financement pour promouvoir ces deux cultures.

Certains ont émis le souhait que la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS) organise des appels d’offres restreintes pour renflouer ses magasins.

Le ministre de l’Agriculture a assuré les producteurs de l’appui du gouvernement. « Nous travaillons même à intensifier notre aide au secteur agricole les années à venir. Les dispositions seront prises plus tôt pour mieux organiser la campagne afin de faire du maïs et du sorgho des spéculations structurées », a affirmé Laurent Sedego.

C’est la raison pour laquelle il leur a demandé de sortir leurs stocks excédentaires : « Sortez vos céréales, Dieu nous aidera, le gouvernement vous soutiendra ». Aux commerçants il a demandé de s’organiser davantage, car il est inadmissible que des acheteurs viennent d’ailleurs pour imposer leur loi sur nos marchés.

En conclusion et à l’endroit des producteurs et des vendeurs, le ministre Sedego a laissé entendre qu’il vaut mieux avoir de petites marges sur de grandes quantités que de vouloir de gros bénéfices et ne rien avoir finalement.

Il a aussi tenu à rappeler que cette rencontre, la 3e du genre, est juste un cadre d’échange et non une imposition. Il faut se demander maintenant si les commerçants et les producteurs entendront les choses de cette oreille.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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