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Sommet extraordinaire de la CEDEAO : Sanctions et soutien à la Guinée

Publié le mercredi 14 janvier 2009 à 02h04min

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Un sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenu, le 10 janvier 2009, à Abuja au Nigeria. Le président du Faso, Blaise Compaoré a pris part à cette rencontre sur la situation en Guinée suite au coup d’Etat du 23 décembre 2008.

Le 10 janvier 2009 à Abuja, les chefs d’Etat et de gouvernement dont le président du Faso, Blaise Compaoré, se sont préoccupés de la situation qui prévaut en Guinée depuis le coup d’Etat du 23 décembre 2008. C’était dans le cadre d’un sommet extraordinaire de la CEDEAO. Huit chefs d’Etat (les présidents du Faso, de la Côte d’Ivoire, du Liberia, du Ghana, de la Sierra-Leone, de la Gambie, du Nigeria et du Togo), deux Premiers ministres (Niger, Guinée) et cinq délégations de rang inférieur (Sénégal, Mali, Bénin, Guinée- Bissau, Cap-Vert) ont pris part à cette rencontre.

Après l’examen des propositions formulées par les ministres des Affaires étrangères, la décision est tombée comme un couperet : "Conformément à la Charte et au Protocole additif de la CEDEAO, les chefs d’Etat et de gouvernement condamnent le coup d’Etat intervenu en Guinée". Par conséquent, précise le ministre d’Etat burkinabè en charge des Affaires étrangères, Alain B. Yoda, "la Guinée est suspendue des instances aussi bien présidentielles que ministérielles de la CEDEAO". Ainsi, le Premier ministre guinéen, Koumara Kabiné a dû quitter la salle. La suspension durera tant que le pays ne connaîtra pas un retour à une "vie constitutionnelle normale".

Malgré cette condamnation et exclusion par principe, la CEDEAO se préoccupe du devenir de la Guinée. "Que faire pour aider la Guinée à retrouver une vie constitutionnelle normale" a été la préoccupation de ce sommet.

Et cela, parce que, comme l’a souligné le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso, "bien qu’il n’existe pas de bon coup d’Etat, le putsch intervenu en Guinée n’est pas du genre de ce que l’on a l’habitude de voir". La prise du pouvoir par un coup d’Etat sans effusion de sang en Guinée est survenue dans une situation particulière : D’abord, un chef d’Etat est décédé, l’Assemblée nationale ne jouit pas d’une légitimité constitutionnelle (car le mandat des parlementaires est épuisé depuis plus d’une année). Ensuite, l’armée connaît des dissensions en son sein et le pays a connu une longue période de léthargie... Enfin, la population a adhéré massivement au coup d’Etat. Pour toutes ces raisons, la CEDEAO, bien que condamnant le coup d’Etat, a décidé "d’accompagner la Guinée" vers le retour à une vie constitutionnelle dans moins d’un an. Pour l’organisation sous-régionale, cela est possible d’autant plus que les nouvelles autorités du pays ne soutiennent pas le contraire.

La CEDEAO souhaite donc pour cela, un élargissement du Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD, l’instance dirigeante de la Guinée depuis le coup d’Etat) aux différentes couches civiles qui participent au jeu démocratique dans le pays. Cependant, la réussite de la transition et le retour à la démocratie dans un bref délai ne seront possibles qu’à certaines conditions.

Consciente de cela, la CEDEAO lance un appel à la communauté internationale à ne pas prendre de sanctions économiques contre la Guinée. De telles sanctions affligées à un pays mal en point, relève Alain B. Yoda, n’auront pour effet que de provoquer un allongement du temps de la transition avec tous les risques que cela comporte.

Une telle situation est à redouter car elle fera plus de mal au pays de Sékou Touré et au-delà, à toute la sous-région. Consciente également que seule une CEDEAO unie avec des membres regardant tous dans la même direction, peut aider les Guinéennes et Guinéens à retrouver le sourire, le président du Nigeria, Umaru Musa Yar’Adua a fait une mise au point. A l’ouverture des travaux du sommet, il a dit ceci : "Que tous les Etats membres de l’Union évitent de donner le sentiment que sur le dossier guinéen, nous travaillons en rangs dispersés". A ce propos, le président Abdoulaye Wade du Sénégal qui s’est rendu à Conakry pour manifester son soutien et apporter ses bénédictions aux putschistes a été le grand absent de ce sommet extraordinaire.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr), Envoyé spécial à Abuja (Nigeria)

Sidwaya

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