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Décentralisation : Le concours des communicateurs sollicité

Publié le lundi 5 juillet 2004 à 08h17min

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La salle de conférences du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale a servi de cadre à un atelier d’information des communicateurs sur la décentralisation. C’était le jeudi 1er juillet 2004 sous la présidence du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Moumini Fabré, qu’accompagnaient pour la circonstance ses collègues de l’Information, Joseph Kahoun, et celui de l’Economie et du Développement, Seydou Bouda.

"Quelle contribution des communicateurs au processus de décentralisation", tel fut le thème de la journée de réflexion qui a réuni autour de responsables du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), les nombreux journalistes de la presse écrite et de l’audiovisuel venus de divers horizons du pays.

Quatre communications ont ponctué l’événement à savoir :"Historique et Evolution de la Décentralisation au Burkina Faso", thème traité par le conseiller Alidou Sanfo ; "Situation actuelle de la mise en œuvre de la décentralisation", par Victorien Bonou, directeur général du développement des collectivités rurales ; "Organisation du territoire", morceau disséqué par le directeur général de la Coordination des Affaires territoriales, Ernest Diarra et Idrissa Soré, directeur des études et de la planification ; enfin "Les défis de la décentralisation", ont été abordés par le duo Kalifara Séré, secrétaire général et Baba Sawadogo, secrétaire permanent, tous relevant, comme écrit plus haut, du MATD.

De 1927 à 2004

Comme l’a laissé entendre le ministre Fabré à l’ouverture de cette journée d’échanges, le Burkina Faso, en optant pour la décentralisation, ambitionne d’impliquer davantage les populations dans l’exercice du pouvoir et la gestion des affaires dites locales. En cela, la loi du 2 juin 2001 est plus qu’explicite, qui fait de ce concept "le fondement de la démocratie et du développement". Et c’est fort de cette conviction que le gouvernement, appuyé par ses partenaires à tous les niveaux, a entrepris depuis 1995 d’enclencher ce processus qui, s’il est bien conduit, ne fera que le bonheur des populations. Ceci passe avant tout par la correction des erreurs du passé, la relecture des textes d’orientation de la décentralisation (TOD), car la notion de décentralisation ne date pas d’aujourd’hui.

En effet, comme l’a souligné le premier communicateur, Alidou Sanfo, elle remonte à la période coloniale avec la création des premières communes voltaïques en 1927 par le gouverneur français Carde ; celui-ci, se rappelle-t-on par un arrêté du 4 décembre 1926, érigeait la ville en commune mixte de 1er degré à compter du 1er janvier 1927, avec à sa tête un administrateur-maire, assisté par une Commission municipale. Cette disposition sera chamboulée le 18 décembre 1955 par la loi n° 55-1489 portant réorganisation municipale en Afrique Centrale et Occidentale : les communes mixtes deviennent alors des communes de plein exercice avec, pour la Haute-Volta, les villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso comme bénéficiaires de cette mesure.

Puis, le 24 mai 1958, quatre communes de moyen exercice verront le jour : Ouahigouya, Kaya, Banfora et Koudougou. Viendront s’y ajouter les collectivités rurales (loi n° 24-60/AN du 21 février 1960) qui mueront en collectivités rurales de moyen exercice à partir du 30 novembre 1964 (loi n° 16-64/AN). De cinquante-trois (53) en 1960, leur nombre passera à quatre-vingt- trois (83) en 1964.

Fait important, avec l’arrivée de l’armée au pouvoir le 3 janvier 1966, les Conseils des collectivités qui géraient jusque-là lesdites collectivités sont remplacés par des délégations spéciales. L’ère des maires et des Conseils municipaux ne fera sa réapparition qu’en février 1995, tous les gouvernements ayant tenté, à leur manière, de réorganiser l’administration du territoire avec bonheur certaines fois, mais avec toujours des insuffisances qu’il fallait corriger. Et c’est en cela que les TOD constituent un acquis puisque fruit d’une réflexion mûrie, même si sa relecture se poursuit pour en expurger les déchets.

Quid de l’organisation actuelle du territoire ?

Après avoir inscrit la décentralisation dans la Constitution de 1991, le gouvernement burkinabè s’attela à sa mise en œuvre. Tant et si bien que sous l’impulsion de la CND (Commission nationale de la décentralisation) et du MATD, des actions furent entreprises : création de cadres juridique et institutionnel, évaluation des acquis et insuffisances, projections, etc.

Tout ceci visant bien sûr à une meilleure déconcentration et à une décentralisation efficiente à même de répondre au souci de l’Etat qui est d’assurer sa propre représentation du niveau local tout en impliquant les populations à la gestion de leurs propres affaires. D’aménagement en réaménagement, l’organisation administrative actuelle du territoire, consacrée par la loi n° 041/98/AN du 6 août 1998 et modifiée par la loi n° 13/2003/AN du 2 juillet 2003 créant les régions stipule que notre pays est divisé en collectivités territoriales décentralisées et en circonscriptions administratives. Pour les premières citées, il s’agit d’entités dotées de la personnalité morale et de l’autonomie financière.

S’inscrivent dans ce groupe la commune et la région. Au stade actuel, il existe 351 communes (dont 49 urbaines et 302 rurales) et 13 régions qui attendent d’être fonctionnalisées. Les circonscriptions administratives quant à elles sont des subdivisions du territoire national non dotées de la personnalité morale. Y sont rangés la région, la province, le département et le village. On dénombre de nos jours 45 provinces, 300 départements et plus de 8 000 villages à travers le Burkina.

Mais si la volonté politique est là, il reste que des pesanteurs existent qu’il faudrait surmonter. Citons-en quelques-unes : entraves socioculturelles, analphabétisme, récupérations politiques et féodales, risques de décalque, etc. Et c’est persuadé que tous ces défis ne pourraient être relevés sans le concours des hommes de médias que le ministre Fabré, en clôturant les travaux, leur a lancé cet appel solennel : "Aidez-nous à réussir la décentralisation".

O. Sidpawalemdé
Sidwaya

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