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Zambendé Théodore Sawadogo, président de la Fédération burkinabè de football : "Il y a une sérieuse organisation à mettre en place au niveau du Comité exécutif"

Publié le mercredi 14 janvier 2009 à 02h16min

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Le président de la Fédération burkinabè de football, Zambendé Théodore Sawadogo, sa première année à la tête de la FBF.Le lundi 12 janvier, Nous avons saisi cette opportunité pour nous entretenir avec lui sur divers aspects de notre football. Il nous fait le bilan de sa première année à la tête de la Fédération, parle des Etalons et évoque la collaboration avec Paulo Duarte.

Quel bilan tirez-vous de votre première année à la tête de la FBF ?

Nous avons mis à profit cette première année pour remettre tout à plat par rapport à l’organisation même de notre football. Quand nous sommes arrivés, nous avons commandité un audit organisationnel parce que nous avons senti qu’il y avait des difficultés dans la gestion du football de notre pays.

Difficulté organisationnelle au niveau de la Fédération elle-même et au niveau de tous les acteurs du football notamment les clubs, les districts et même les animateurs, à savoir les supporters. Nous avons donc commis cette étude qui a été bouclée. Actuellement, nous sommes en train de faire les différentes restitutions afin de nous rendre compte de ce qu’il y a comme difficultés et voir ensuite quels sont les chemins et les solutions à adopter pour les amoindrir. En dehors de cela, nous avons préparé nos différentes participations aux compétitions internationales au niveau de la CAN et de la coupe du monde. C’est vrai que nous n’avons pas fait une promesse formelle à notre peuple quand nous avons été élus. Nous avons simplement dit que nous allons travailler dans la sérénité et avec ce que nous avons comme éléments sous la main ; nous mettrons tout ce qui est à notre possibilité pour permettre à nos différentes équipes de pouvoir participer aux compétitions.

Ce que nous avons fait, c’est recruter l’équipe d’encadrement de façon à assurer une bonne gestion des équipes. Ce qui nous a amené à prendre comme coach principal le Portugais Paulo Duarte et un certain nombre de ses camarades. A ce niveau, tout se passe assez bien car nous avons été classés premier de notre groupe à l’issue du second tour des éliminatoires. Nous pouvons dire que nous allons, de façon honorable, vers cette compétition internationale. L’autre aspect, ce sont les autres équipes ; dans notre programme, nous avons prévu de ne pas laisser à la traîne les équipes minimes, cadettes et juniors. A ce niveau, nous avons fait ce que nous pouvions pour rassurer ces équipes. Nous avons œuvré à pouvoir bénéficier d’un encadrement technique de nos pays amis notamment de l’Allemagne et du Brésil et c’est aujourd’hui chose faite.

Sur le plan de la gestion du Comité exécutif, nous avons tenu également nos réunions autant que faire se peut, une fois toutes les deux semaines de façon à recentrer un certain nombre de choses. Nous avons terminé la saison tant bien que mal et nous sommes en train de relancer la nouvelle saison qui a débuté avec ses premières journées et nous espérons la terminer dans de très bonnes conditions. Mais, comme vous le savez, le nerf de la guerre au niveau du football, c’est l’argent.

A ce niveau également quand l’audit a été fait par le cabinet, un certain nombre de pistes ont été suggérées et nous sommes en train de regarder dans quel sens il faut qu’on aille de façon à aider l’Etat dans le financement du football. Ce que je peux dire pendant cette première année, c’est que nous avons fait l’état des lieux, nous nous sommes rendu compte des difficultés que nous avons et nous avons mis en chantier un certain nombre de choses, notamment le premier point le plus fort qui reste l’audit organisationnel que nous avons commandité. Sans ce travail préalable, on ne peut pas se rendre compte de ce qu’il y a comme difficultés dans la gestion du football. Cela nous a permis de voir tous les compartiments du football : la relation avec le ministère, avec les supporters, la gestion des clubs, de la Fédération, les relations entre nous et ce qu’il faut faire pour régler tout cela. En cette année 2009, nous aurons de gros chantiers sous la main.

L’audit vous a permis de découvrir pas mal de choses. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre fonction ?

Elles sont de plusieurs ordres. D’abord l’aspect organisationnel, il y a une sérieuse organisation à mettre en place au niveau du comité exécutif lui-même. La définition des rôles de chacun de nous membre du comité exécutif et du secrétaire général. Il y a aussi cet aspect lien entre secrétaire général et membre du comité exécutif qu’il faut fluidifier et cette fluidification ne peut s’opérer que si chacun connaît son rôle précis. Quand tout le monde fait la même chose en même temps, on arrive à des conflits inutiles. Il y a également l’aspect gestion des clubs. Nous sommes une émanation des clubs et quand ça ne marche pas au niveau des clubs, au niveau de la Fédération ça ne peut pas aller. Les clubs ont des problèmes d’organisation. Convenez avec moi que souvent, on se retrouve devant des clubs qui n’ont même pas de bureau, mais seulement des gens qui ont la bonne volonté et qui se "tuent" mais il manque le minimum pour leur assurer une bonne continuité.

Ce qui veut dire que si les clubs ne sont pas bien organisés, il y aura des problèmes pour notre football en termes d’organisation et de finance. C’est donc un aspect très important. Les difficultés sont à double niveau : au niveau du comité exécutif et au niveau des clubs qui sont nos répondants sur le terrain. Les autres aspects qui nous bloquent c’est que nous avons hérité d’une situation financière qui nous handicape sérieusement. Ce n’est un secret pour personne, nous restons redevables de centaines de millions à des fournisseurs et à des banques. C’est un fardeau lourd que nous traînons. Il va falloir chercher des solutions à cela pour nous permettre de travailler dans la quiétude. Il nous appartient en cette année 2009 de voir comment opérer pour faire venir des privés et des sponsors qui nous aideront au niveau national et international. Il faut développer des initiatives pour aider l’Etat qui a beaucoup consenti pour le sport en dehors du budget normal. Je suis issu du milieu des finances et je sais comment c’est dur.

Les Etalons seniors ont terminé leur second tour des éliminatoires de la CAN et de la coupe du monde 2010 en fanfare. Pour vous, le meilleur est-il encore à venir ou bien le meilleur est déjà passé ?

Je dis toujours aux joueurs après chaque victoire que c’est déjà le passé. Cinq minutes après la victoire, il faut canaliser les énergies pour le prochain match. L’équipe telle que nous la voyons actuellement et telle qu’on la gère, à mon humble avis, nous n’avons pas peur d’une équipe de football sur le plan mondial. C’est ce qui fait la force de notre formation nationale. On peut être battu, c’est normal mais, avant d’attaquer l’équipe adverse, sur le plan du mental, des gestes techniques et de la compétitivité, on n’a plus peur. Il y a une prédisposition qui est là et qui nous permet d’entamer le troisième tour avec des équipes qui ne sont pas faciles. Mais, je crois fermement que nous pourrons tirer notre épingle du jeu. Ce qui est passé n’était pas aussi facile. Le déclencheur de toute cette succession de victoires a été notre triomphe en Tunisie dès le premier match et ça compte.

A vous entendre, le meilleur serait encore à venir. Pour vous, le meilleur serait lequel ?

Objectivement, la qualification à la coupe du monde serait difficile quand bien même on pourrait se qualifier. Mais la CAN au moins reste dans le domaine du possible et on doit même aller à la CAN et si une qualification à la coupe du monde vient comme une cerise sur le gâteau, on ne cracherait pas là-dessus.

Les cadets ont pu franchir l’écueil des éliminatoires pour se qualifier à la CAN avec des coachs locaux. Ne faille-t-il pas laisser ces entraîneurs conduire l’équipe aux phases finales en Algérie ?

De mon côté, sur le plan technique, cela ne pose pas de problème parce qu’en matière d’éducation de football, ce ne sont pas des écoles totalement différentes. Le fait de changer d’entraîneur ne doit pas pouvoir influer forcément sur les prestations de l’équipe. C’est vrai que Dargani Séraphin a cheminé avec l’équipe et a fait de très bons résultats. Maintenant, il sera aux côtés du Brésilien pour continuer l’encadrement de l’équipe. L’un dans l’autre, il n’y a pas un changement. Du reste, nous avons pris le soin de rencontrer Dargani et de discuter avec lui et le nouvel entraîneur pour voir quels sont les mécanismes qu’il faut développer ensemble pour que la passation soit fluide.

Les entraîneurs nationaux locaux se plaignent de n’avoir pas de contrats dûment signés avec la FBF. Pourquoi cela ?

Quand nous sommes arrivés, on était en train d’organiser. On avait eu des promesses de recrutement d’entraîneurs étrangers qui devaient venir nous aider mais on ne pouvait pas croiser les bras et attendre. C’est pourquoi, nous avons pris une résolution interne et proposé à nos entraîneurs locaux de prendre en charge ces petites catégories en attendant que les internationaux arrivent.
Dans cet élan, il n’y a pas eu de contrat ferme avec eux, mais à l’heure actuelle, tout est régularisé.
Je reconnais que c’est une faille au niveau de la Fédération mais, pas seulement la nôtre puisque, notre devancière a aussi eu les mêmes problèmes. Actuellement, nous avons résolu tout cela.

En tant que premier responsable de notre football, quel commentaire faites-vous sur l’affaire "Bouffe-tout" qui a défrayé entre temps la chronique ?

En tant que président de la Fédération, je n’ai pas été personnellement impliqué dans la gestion de cette affaire. J’ai toujours laissé le soin à l’encadrement technique de s’en occuper et de faire le management des joueurs.
C’est d’ailleurs notre credo. A l’époque, la presse m’avait interrogé et j’avais répondu que cette question était du ressort de l’encadrement technique.
Pour moi, Duarte a une vision correcte des choses. Une équipe d’abord, c’est la discipline car sans discipline, rien ne peut marcher. Mais une équipe c’est également la tolérance, si on ne se tolère pas par rapport à certaines choses, on arrive à des conflits. Les deux qualités, Duarte les a et certainement, il fera appel à"Bouffe-tout".

Duarte s’était plaint des conditions de voyage des joueurs. Qu’avez-vous à dire à ce sujet ?

Duarte est un très bon entraîneur. La première préoccupation, et il l’a toujours dit, c’est de mettre les joueurs dans de bonnes conditions. C’est vrai que les joueurs voyagent souvent dans des conditions difficiles, mais Duarte comprend que le Burkina est un pays aux moyens limités. Je comprends sa préoccupation.
Mais l’un dans l’autre, il faut que le Burkina met du sien pour que notre équipe nationale soit dans des conditions minimales pour lui permettre de bien évoluer.

Beaucoup de choses ont été dites sur les règles de promotion et de rétrogradation dans le championnat national. Un mot du président de la Fédération à ce sujet ?

Cette politique de relégation des équipes dans son fond n’est pas mauvaise. Actuellement, nous avons quatorze équipes. Toutes ces équipes sont pratiquement concentrées à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso.

La politique n’est pas mauvaise mais maintenant comment faut-il y arriver ?

Je crois que le schéma mis en place par ceux qui ont voulu qu’on mette en pratique ce système de relégation cause problème. Aujourd’hui, au niveau de notre comité exécutif, nous ne pouvions pas revenir sur cette décision d’autant plus que c’est une décision qui a été prise par l’assemblée générale. C’est un problème que nous avons inscrit. Nous allons l’analyser dans tous ses contours pour en déceler les inconvénients et les avantages et voir s’il faut revenir sur cette décision. L’un dans l’autre, il faudra trouver des mécanismes qui ne donnent pas l’impression de pénaliser certaines équipes par rapport à d’autres. Sinon, de façon globale, les gens sont d’accord pour un équilibrage des clubs. La question est maintenant comment faut-il s’y prendre.

Moins d’un an après sa prise de fonction, votre secrétaire général est la cible de diverses critiques. Lui apportez-vous votre soutien malgré tout ?

Effectivement, le secrétaire général est informé des critiques qui lui sont portées. Il est là pour appuyer le comité exécutif et je dirai que l’audit va nous permettre de dégager des pistes. Peut-être que c’est l’aspect organisationnel qui n’est pas bien, peut-être que c’est le rôle même de secrétaire général qui n’est pas bien perçu, ou peut-être c’est le rôle des membres du comité exécutif qui n’est pas bien perçu.
L’un dans l’autre, il y a le besoin qu’on se parle, qu’on définisse tout de façon claire afin de partir sur des bases solides. C’est comme je l’ai toujours dit, tous ceux qui travaillent au sein du comité exécutif doivent avoir trois qualités : la tolérance, le souci de bien faire et la sincérité.

Les clubs continuent de réclamer leurs arriérés. Récemment, vous avez eu une rencontre avec eux. Quelle a été la substance ?

Effectivement, nous nous sommes rencontrés pour discuter des problèmes qu’ils rencontrent. La première préoccupation est le problème des arriérés. Nous avons échangé dans la franchise et dans l’objectivité. Nous avons reconnu qu’il y a des arriérés même pour celles de la saison passée. Par exemple, l’EFO se plaint de n’avoir pas eu ses différents prix. C’est tout à fait normal. Je le dis, ce problème financier découle du manque d’organisation correcte de notre football. Les clubs sont des associations indépendantes qui devraient pouvoir se gérer sur les plans organisationnel, financier etc.

C’est vrai que l’Etat fait des efforts en venant à leur secours par des subventions. Ce qui est d’ailleurs tout à fait normal pour une association qui œuvre pour la promotion du sport. La réflexion que nous allons mettre en chantier avec tous les clubs va nous permettre de faire en sorte que nous soyons beaucoup plus dynamiques dans la gestion du football. Il ne faudra pas qu’on s’asseye tout le temps et attendre que l’Etat ou la Fédération envoie de l’argent. Il faut que nous sortions de là comme ce qui se fait en Europe et un peu partout. C’est cette dynamique qu’il faut adopter. Avec les clubs, nous avons reconnu que nous leur devons de l’argent. Nous avons essayé de résorber un tout petit peu ce déficit. Mais en attendant, il a fallu que nous commencions la saison et nous avons pris les dispositions pour cela.

Les Etalons seniors marchent bien, la LONAB une boîte en plein essor et l’EFO, votre club, a réalisé le doublé. 2008, a sans conteste, été une année de bonheur pour vous ?

Je dirai simplement que ce fut une bonne année. Sur le plan footballistique, nous avons eu la baraka. Mais, au-delà de la baraka, je pense qu’il y a eu l’aspect organisation et réorganisation que nous avons imposé au niveau de la gestion du football national qui était nécessaire. Cette recherche de consensus de la paix et de la tolérance avec tous les acteurs du football afin de créer une atmosphère favorable à l’éclosion d’un football au niveau de notre pays. Je félicite l’EFO, club auquel je suis issu pour son doublé, fruit d’un travail de longue haleine. Parce que depuis 3 ans, l’EFO s’est réorganisée en se donnant les moyens pour parvenir à ce résultat. La LONAB, c’est grâce à vous tous qui aviez eu confiance en elle. L’un dans l’autre, je pense que 2008 a été une année pleine.

Béranger ILBOUDO et Yves OUEDRAOGO

Sidwaya

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