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DEMOCRATIE EN AFRIQUE : Le Ghana met la barre haut

Publié le jeudi 8 janvier 2009 à 02h24min

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Au Ghana, les élections sont un régulateur de la démocratie. Elles ne sont pas porteuses de risques d’affrontements, voire de chaos, à l’image des processus électoraux observés ici et là sur le continent. Après huit ans d’exercice des deux mandats que lui autorise la Constitution, John Kuffuor a laissé la place à d’autres candidats à la magistrature suprême.

A la fin de ce processus de transition, l’honneur échoit à John Atta Mills, de présider désormais aux destinées du pays de Kwamé Nkrumah. Tout est bien qui finit bien, même si l’on avait craint une remise en cause du processus, à la dernière minute. Le parti au pouvoir, en engageant un certain nombre de recours judiciaires, en demandant le report de l’élection partielle, et en boycottant celle-ci, avait fait frémir plus d’un. Car un parti au pouvoir, en passe de perdre une élection, est capable du meilleur comme du pire. Sous le règne du président Eyadéma, le monde entier a souvent été témoin de scènes incroyables, comme ce militaire s’enfuyant avec une urne. Bref, bien que furtive, l’idée d’une interruption du processus électoral a effleuré bien des esprits, tant au Ghana que sur le continent. Mais il ne s’agissait que d’un dernier baroud d’honneur, qui n’a eu aucune incidence sur le déroulement du dernier acte du scrutin.

C’est donc avec un ouf de soulagement général que la proclamation des résultats par la commission électorale a été accueillie. Rien ne peut plus arriver au Ghana, sauf le bonheur d’une transition sans accroc. Le succès électoral ghanéen suscite cependant un sentiment ambivalent sur le devenir du continent. Alors que l’année 2008 a vu la recrudescence des coups d’Etat, l’enlisement de certains conflits et l’absence de démocratie dans bien des pays, l’année 2009 s’ouvre avec des élections réussies au Ghana. Faut-il voir le verre de la démocratie à moitié vide ou à moitié plein ? Une chose est sûre, l’état de la démocratie en Afrique appelle à un optimisme mesuré.

De nombreux dirigeants demeurent encore allergiques à un Etat de droit véritable, et restent accrochés à leur pouvoir. Les cas d’alternance en douceur continuent donc d’être l’exception dans un continent où des chefs d’Etat célèbrent fièrement des décennies de pouvoir. Pour cette Afrique des patriarches, la stabilité et la paix passent par le règne ininterrompu d’une seule et même personne. Pourtant, il est bien connu que seul un système démocratique bien huilé peut garantir durablement la paix sociale.

En huit ans, le Ghana est à son 2e président. Il ne s’en porte pas pour autant mal. Au contraire, lorsque les règles du jeu démocratique sont acceptées de tous, sans tricherie, elles assurent à la fois une prospérité sociale et économique. La croissance soutenue que le Ghana a connue ces dernières années, n’est pas seulement liée à ses potentialités naturelles. Le facteur politique, marqué par la dévolution du pouvoir par les urnes, a grandement contribué à l’émergence économique du Ghana. Combien de dirigeants tireront une leçon des élections ghanéennes ? Certainement très peu. On a accouru à Accra pour saluer cette expérience démocratique réussie, à l’investiture de John Atta Mills, hier mercredi, mais quant à appliquer la même recette chez soi, il n’en est pas question. La magie de l’alternance démocratique n’enchante pas tout le monde en Afrique.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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