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Guinée Conakry : Quand Dadis pose un lapin à Blaise

Publié le dimanche 4 janvier 2009 à 23h45min

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Le nouvel homme fort de Guinée, Moussa Dadis Camara, était annoncé le 1er janvier 2009 dans notre pays pour une rencontre avec le chef de l’Etat, Blaise Compaoré. A l’issue de multiples va-et-vient, hautes autorités et journalistes sont finalement repartis bredouille de l’aéroport international de Ouagadougou après avoir reçu l’information, autour de 13 heures, que l’illustre hôte ne sera pas au rendez-vous.

Le mercredi 1er janvier 2009 a été une journée mouvementée pour des membres du gouvernement, du protocole d’Etat, des proches collaborateurs du président du Faso, ainsi que pour les journalistes, photographes et caméramen commis à la couverture de l’arrivée du capitaine Moussa Dadis Camara. Dès 7 heures, ils étaient à l’aéroport international de Ouagadougou pour attendre le nouvel homme fort de Guinée, dont l’arrivée était prévue pour 8 heures.

Pour éviter l’ennui, le secret de la patience étant de faire quelque chose en attendant, les hommes de médias et les personnalités se sont retrouvés par petits groupes, et les commentaires sur la venue du nouvel homme fort de la Guinée allaient bon train. Beaucoup se demandaient pourquoi le chef de la junte, qui a pris le pouvoir quelques heures après la mort de Lansana Conté le 22 décembre, qui a envoyé des émissaires dans la sous-région, tenait à venir pour un tête-à-tête avec le Président du Faso et, de surcroît, lors de sa toute première sortie du pays. Pour certains, cela est sans doute dû à l’influence supposée ou réelle, positive ou négative du chef de l’Etat burkinabè dans la sous-région. Une chose est sûre : ils étaient nombreux à enrager de devoir consacrer le premier jour de l’année à faire le pied de grue, un agacement mêlé de la curiosité de voir le président autoproclamé de Guinée. Mais leur peine allait se prolonger lorsqu’on a annoncé que l’arrivée de l’hôte était repoussée à 9 h 45.

Chacun en a profité pour régler quelques problèmes en ville ou présenter ses vœux à des parents et amis avant de revenir à l’heure indiquée pour s’entendre encore dire que le rendez-vous était désormais fixé à 11 heures. "Décidément, le capitaine veut nous faire souffrir ; il veut se comporter comme Charles Taylor, qui nous faisait attendre plus que de raison chaque fois qu’il venait au Burkina", s’en plaignit un confrère. Il fallait donc repartir pour revenir à 11 heures. Cette heure n’a pas été non plus respectée, car nous avons été accueillis par des excuses d’un monsieur de la Présidence en ces termes : "On ne sait plus ce qu’il faut dire ; disons qu’il n’a pas encore décollé, mais il sera là dans deux heures", a-t-il dit, visiblement peu convaincu lui-même. "J’espère qu’il a au moins un avion", a ironisé un confrère. Renseignement pris, c’est en fait un avion burkinabè qui était allé le chercher.

Et quelqu’un d’autre de tenter de justifier la situation ainsi : "Vous savez, il (NDLR : Moussa Dadis Camara) vient de prendre le pouvoir, et pour une première sortie du pays, il faut qu’il mette en place un dispositif sécuritaire qui sied pour être sûr de pouvoir rentrer". C’est finalement autour de 13 heures qu’on saura que celui qui se sera fait attendre comme le Messie ne viendrait pas. Sans la moindre explication. Le gros lapin qu’il a posé à Blaise le jour de l’an est-il lié aux remous provoqués ce jour-là à Conakry par l’intrusion manu-militari de soldats au domicile de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, suspecté de cacher des armes chez lui et de préparer un débarquement de mercenaires ? (Lire à ce sujet Billets craquants, p...). Quoi qu’il en soit, le tapis rouge déroulé, le dispositif sécuritaire et nos va-et-vient n’auront servi à rien. Certainement que nous ne sommes pas les seuls à avoir subi ces désagréments, car le Président du Faso, qui devait l’accueillir, était aussi suspendu à ce programme. Lui au moins sait pourquoi son hôte n’est pas venu.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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