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SOMALIE : DEMISSION DU PRESIDENT

Publié le mardi 30 décembre 2008 à 02h39min

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Tout avait été mis en oeuvre par les Américains pour doter la Somalie d’un régime fréquentable à leurs yeux. Parce que les Tribunaux islamiques ne faisaient pas leur affaire, ils devaient être balayés et remplacés par des hommes politiquement corrects. Tant sur les plans politique que militaire, une débauche de moyens ont été mobilisés pour permettre le changement espéré.

Mais l’Amérique a un problème avec la Somalie : les séquelles d’un traumatisme datant de sa première intervention dans les années 90, qui s’est soldée par une débâcle. Toute la stratégie de lutte contre les Tribunaux islamiques s’est donc bâtie avec une règle première : pas de soldats américains en Somalie. Les interventions en Afghanistan et en Irak ont été justifiées par les mêmes raisons officielles de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, avec cependant un engagement militaire sur le terrain.

C’est qu’en Somalie, l’Amérique déjà sur plusieurs fronts, a obtenu de l’Ethiopie, de jouer les gendarmes dans le pays. L’Ethiopie joua si bien son rôle que les islamistes indésirables furent chassés du pouvoir en peu de temps, permettant au pouvoir politique acquis aux Américains de s’installer, avec à sa tête, le président Abdullahi Yusuf Ahmed, celui-là même qui vient de démissionner. Mais un phénomène de reflux militaire va s’opérer, avec la résistance des islamistes associés à diverses forces nationalistes. De sorte qu’aujourd’hui, l’armée éthiopienne, après deux ans d’une expédition meurtrière, est en passe de quitter le pays, harcelée par des insurgés de plus en plus conquérants.

A cette défaite militaire annoncée se greffe donc la crise politique au sommet de l’Exécutif. En annonçant sa démission, le président du gouvernement fédéral de transition met fin au bras de fer qui l’oppose à son premier ministre largement soutenu par le parlement, tout en avouant son échec dans la lutte contre les Tribunaux islamiques. Le glas a-t-il de ce fait sonné pour les protégés des Etats-Unis ? On n’est pas loin de le croire, tant cette opération d’imposition d’un régime à la solde de Washington a semé un chaos indescriptible. Il n’y a pas jusqu’aux mers, qui n’aient été touchées par la vague d’insécurité, avec l’explosion du phénomène de la piraterie. L’Amérique a donc une part de responsabilité dans la tragédie somalienne, à l’image de ses interventions en Irak et en Afghanistan.

Face aux échecs avérés de ces ingérences militaires, une nouvelle diplomatie doit être expérimentée par les futurs dirigeants américains, axée essentiellement sur le respect du droit des peuples à se doter des dirigeants de leur choix. Ce qui signifie que l’usage abusif de la force n’est pas une panacée pour l’avènement d’un monde de paix. Le cas somalien, notamment, est l’illustration du caractère éculé de l’unilatéralisme développé à l’excès lors des années Bush. Barack Obama tirera-t-il les leçons des errements de la politique étrangère de son prédécesseur ? La stabilité du monde et la respectabilité des Etats-Unis en dépendent.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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