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Tracasseries routières : Peu de barrières, de fortes sommes racketées

Publié le dimanche 28 décembre 2008 à 23h02min

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L’Observatoire des pratiques anormales (OPA) a présenté les résultats de son cinquième rapport sur les tracasseries routières, le lundi 22 décembre 2008 à Ouagadougou. Les autorités sont invitées à prendre des mesures pour garantir la fluidité du transport sur les axes routiers inter-Etats.

L’Observatoire des pratiques anormales (OPA) poursuit sa collecte d’informations et de données sur les pratiques nuisibles au transit routier sur les axes inter-Etats. Pour la cinquième fois, elle a publié les résultats d’enquêtes menées du 16 juin 2008 au 30 septembre 2008 avec l’aide de chauffeurs routiers sur les corridors Tema-Ouagadougo, Ouagadougou-Bamako et Lomé-Ouagadougou. L’étude révèle que le corridor Ouagadougou-Bamako enregistre la plus forte densité de barrières avec 36 arrêts par voyage soit un ratio de 3, 95 arrêts aux 100 km.

Cette densité provient essentiellement du nombre élevé de barrières au Mali qui compte 29 barrières contre sept au Burkina Faso. Lomé-Ouagadougou se signale aussi par un nombre élevé de barrières avec 18,3 arrêts pour un ratio de 1,80 arrêt aux 100 km.
Les arrêts intempestifs s’expliquent en partie par un ordre de grandeur décroissant à la gendarmerie, à la police et à la douane au Mali. Le Burkina Faso enregistre le plus faible ratio de contrôles sur les différents corridors avec un ratio de 1,141 arrêt aux 100 km sur l’axe Ouagadougou-Bamako. En termes de perceptions illicites, les plus élevées sont sur ce corridor.

Cela est imputable, d’après les enquêtes, au Mali qui, avec 31 509 F CFA perçus, bat le record des perceptions les plus élevées par pays et par corridor au cours d’un voyage. Le corridor Tema-Ouagadougou enregistre le plus bas niveau de rackets avec près de 13 770 F CFA, mais demeure malgré tout contraignant en matière de tracasseries, indique le rapport. Les corps les plus incriminés sont par ordre d’importance décroissant : la douane suivie de la police au Ghana ; la douane, la gendarmerie et la police au Burkina ; au Togo c’est la gendarmerie qui vient en première position suivie de la police et de la douane. Au Mali, les perceptions illicites sont réalisées systématiquement avec des proportions très élevées pour la gendarmerie et la police.

De tels rackets induisent aussi des pertes de temps sur la route pour les conducteurs. Le retard dû aux nombreux arrêts se décline par ordre de grandeur comme suit : sur le corridon Tema-Ouagadougou, long de 1057 km, les pertes totales de temps sont estimées à 249 mn soit 24 mn de retard aux 100 Km. Sur l’axe Bamako-Ouagadougou, long de 920 km, on enregistre une perte de temps de 181 mn soit 20 mn de retard aux 100 km. Enfin, Lomé-Ouagadougou, distant de 1020 km compte 75 mn de retard soit 25 mn aux 100 km.

Le rapport souligne par ailleurs que les contrôles se sont accrus de 12 % au cours du troisième trimestre 2008 passant de 67 à 75. Le Togo avec 33 % de réduction du nombre de barrières contre 28,6% pour le Ghana sont les seuls pays qui enregistrent une régression sensible du nombre d’arrêts.

Mais, les chauffeurs estiment que le Togo n’a pas appliqué sur le terrain la décision du conseil des ministres du 13 août 2008 visant à réduire le nombre de contrôles. Ils pensent que les tracasseries se sont plutôt multipliées sur le territoire togolais. Selon le président de l’Union des chauffeurs routiers et de voyageurs, Jacques Ilboudo, il y aurait 11 postes de contrôles entre Lomé-Ouagadougou.

Par contre, le montant moyen versé par chaque chauffeur et par voyage s’élève à 40 000 F CFA sur le corridor Tema-Ouagadougou.
Les prélèvements illicites par corridor sont estimés à 26 700 F CFA sur l’axe Tema-Ouagadougou, 69 700 F CFA de Bamako à Ouagadougou et 24 700 F CFA entre Lomé et Ouagadougou.
L’analyse de ces données montre une évolution en dents de scie par rapport au précédent rapport.

Pour le représentant de l’UEMOA, Aboubacar Nomao, ces résultats interpellent les ministères de la Sécurité, de la Défense, des Transports, et les conducteurs pour une meilleure circulation des personnes et des biens. "Il faut opérer un changement de comportement pour la fluidité du trafic routier", a-t-il plaidé. "Nous sommes tous d’accord avec ces résultats", ajoute pour sa part, Amado Bertin Ouédraogo, directeur de la normalisation et du contrôle à la direction générale des transports.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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