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KABILA-NKUNDA : Peut-on éviter le dialogue direct ?

Publié le vendredi 12 décembre 2008 à 02h40min

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Lorsque le gouvernement congolais annonçait il y a moins d’une semaine qu’une rencontre se tiendrait à Nairobi avec des représentants de la rébellion de Laurent Nkunda pour formaliser le cessez-le-feu dans l’Est de la RDC, la communauté internationale avait poussé un "ouf" de soulagement. Elle voyait enfin se profiler à l’horizon le début de la fin d’une guerre qui, pendant si longtemps, aura traumatisé tout un pays ainsi que bon nombre de ses habitants.

Les négociations se sont effectivement ouvertes. Mais très vite on réalise qu’on doit déchanter, car il se trouve de nouveaux couacs qui risquent de les faire capoter et qui, partant, ont de fortes chances de remettre le feu aux poudres pour un nouvel embrasement de la région dans son ensemble.

Il y a tout d’abord cette coalition de groupes armés de l’Est de la RDC qui dénonce les pourparlers de Nairobi entre les représentants de Laurent Nkunda et les autorités congolaises, et qui exige d’y être associée, faute de quoi, assure-t-elle, elle n’en respectera pas les conclusions. S’ils tiennent parole, à supposer que Nkunda réintègre les rangs, la guerre dans la région n’en sera pas pour autant terminée. Mais il y a aussi et surtout que les négociateurs de Nkunda ont, eux aussi, annoncé leur décision de vouloir quitter Nairobi, mettant en cause l’impartialité de la médiation d’Olusegun Obasanjo. Ce dernier à son tour affirme que les blocages viennent du CNDP qui continue de réclamer des discussions "sur ce qu’il estime être les défis auxquels le pays dans son ensemble est confronté et pas seulement sur le conflit dans la province du Kivu".

De plus, ajoute-t-il, "le pouvoir qui a été donné à la délégation du CNDP par sa direction a limité drastiquement sa capacité à prendre des décisions". Cela n’est-il pas le fruit d’un calcul longuement médité et planifié par Laurent Nkunda ? Si oui, à quel dessein ? Et on se demande où mèneront toutes ces difficultés qui se multiplient et qui entravent la marche vers une sortie de crise décidément de plus en plus hypothétique en RDC. Le président Joseph Kabila en bute à de si nombreuses équations qui l’assaillent de toutes parts ne parvient visiblement pas à maîtriser son sujet : tiraillé par le cas Mbemba, les factions rebelles regroupées en coalition, le CNDP et son chef Nkunda appuyé par son parrain et mentor Kagamé, il ne sait plus où donner de la tête.

Et de quoi dispose-t-il pour y faire face ? D’une armée vétuste, mal équipée, démotivée, fatiguée, et d’un pays dont l’immense richesse minière ne cesse d’attirer les convoitises de grands amateurs d’or et de diamant. On peut se demander alors à quand la fin de la guerre en RDC, et ce d’autant plus que Laurent Nkunda qui se sait en position de force ne rêve pas d’autre chose que d’un scénario à l’ivoirienne. Une partition du pays l’amènerait à disposer à sa guise de la région qu’il commande. Il la gèrerait presqu’en toute légalité, avec tout ce que cela représente en pillages de richesses, en exactions de toutes sortes et en nettoyages ethniques. Kabila aura besoin de toutes ses réserves d’intelligence et de sagesse pour éviter un nouvel échec à Nairobi. Ce serait non seulement un échec de plus, mais plus grave, ce serait l’échec de trop.

Car si Nkunda a tout à gagner dans un nouvel embrasement de la région, le pays entier est déjà exsangue et sans doute aspire à retrouver une paix durable pour se refaire une santé. Kabila alors se doit de trouver le moyen de lâcher du lest. Son adversaire du moment est fort et fera feu de tout bois pour éviter une fin réelle des hostilités. A lui d’éviter un quelconque dialogue de sourds si dangereux pour son pays déjà agonisant. Sur lui repose le devoir d’éviter l’échec visiblement programmé de Nairobi, afin de donner une nouvelle chance à la paix. Et si un dialogue direct avec Nkunda peut ramener la paix, pourquoi ne pas franchir le pas ? Dans tous les cas, une telle démarche permettra d’éprouver la bonne foi de Nkunda.

Jean-Claude KONGO

Le Pays

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