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Election en Afrique : L’exception ghanéenne va-t-elle confirmer la règle ?

Publié le mercredi 10 décembre 2008 à 01h25min

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John Atta-Mills du Congrès Démocratique National (NDC)

Le dimanche 7 décembre 2008, quelque 12,8 millions d’électeurs ghanéens étaient appelés aux urnes pour départager sept candidats à la présidentielle. Comme dans la plupart des scrutins, parmi les candidats, il y avait des poids lourds, des poids légers et des poids plumes pour emprunter au langage du noble art, la boxe. Le Ghana n’a pas dérogé à la règle.

Au nombre donc des prétendants à la magistrature suprême, Nana Akufa-Addo du Nouveau Parti Patriotique (NPP), la formation politique au pouvoir depuis huit ans, et John Atta-Mills du Congrès Démocratique National (NDC) sont les plus côtés à la bourse de la popularité. Et c’est sans surprise que les premières tendances leur donnent le plus grand nombre de voix enregistrées. A la date d’hier, ils étaient au coude-à-coude, et selon certains analystes politiques, un second tour, le 28 décembre 2008 certainement, sera nécessaire pour désigner le vainqueur de cette cinquième consultation depuis l’instauration en 1992 du multipartisme dans cette ancienne colonie britannique.

En attendant le mercredi 10 décembre pour les résultats provisoires, il faut noter que la Côte de l’or, ancienne appellation du pays, donne une leçon de démocratie au monde et particulièrement à l’Afrique où les élections, de quelque nature que se soit, riment avec la tricherie, la contestation souvent avant même la proclamation des premières tendances. Le Kenya, le Zimbabwe et récemment le Nigeria viennent d’administrer la preuve que le chemin de la démocratie est encore long et souvent pavé de violence.

Fort heureusement qu’il y a des Etats, comme le Mali, le Bénin et le Ghana, qui font honneur au continent, en affichant une certaine maturité démocratique quand bien même des efforts y restent à faire dans le domaine de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. En attendant, le pays de Kwame N’Krumah, avec ces différents scrutins, est un cas d’école, une exception qui confirme la règle sauf si des contestations aboutissent à des violences postélectorales qui remettront en cause l’ancrage démocratique.

Déjà à la fin des années 90, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) constatait que la Gold Coast constituait la « bonne nouvelle de l’Afrique » : une croissance économique substantielle et durable, des institutions démocratiques stables, une absence de tensions ethniques importantes, bref, un exemple pour tout le continent. En 2008, cette appréciation vaut toujours. Cette élection présidentielle vient confirmer qu’une culture démocratique s’est désormais installée dans les mœurs.

D’ailleurs, sous d’autres cieux, le président sortant, John Kuffor, aurait été depuis déjà bien longtemps tenté de modifier la Constitution comme au Gabon, au Tchad, au Cameroun ou en Algérie, surtout que depuis 2007 les Ghanéens caressent le secret espoir de rejoindre le club très fermé des grands producteurs africains d’or noir après la découverte du pétrole au large de leurs côtes. Plutôt donc que de se scotcher au fauteuil présidentiel contre vents et marées et après une mise en scène de marcheurs qui réclament son maintien au pouvoir en appelant à une modification de la loi fondamentale, Kuffour s’est éclipsé pour permettre à d’autres d’imprimer leur marque à la marche vers le développement.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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