Est de ces initiatives la Grande nuit de la Réconciliation et de la Paix organisée par le gouvernement ivoirien à travers le Ministère de la Réconciliation Nationale et des Relations avec les Institutions, et dont la 2e édition a été célébrée le jeudi 4 décembre 2008 à Abidjan au Palais de la Culture de Treichville.

L’invité d’honneur de cette 2e édition de la Grande Nuit de la Réconciliation et de la Paix a été le Burkina Faso, à travers le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Régionale, SEM Bédouma Alain Yoda qui a fait le déplacement d’Abidjan à la tête d’une forte délégation comprenant notamment le Ministre de la Défense Monsieur Yéro Boly.

Pour le Ministre d’Etat, cet honneur « constitue à la fois une haute marque d’estime pour sa modeste personne et une illustration supplémentaire de la qualité des relations d’amitié et de fraternité entre le Burkina Faso et la République de Côte d’Ivoire. C’est aussi un signe manifeste, dira-t-il, de la reconnaissance des efforts de médiation de SEM Blaise Compaoré pour la résolution de la crise ivoirienne ».

En effet, l’Accord Politique de Ouagadougou, signé le 4 mars 2007 que le Ministre Sébastien Djédjé Dano de la Réconciliation Nationale a, dans son allocution, qualifié de « précieux instrument de maturité et de responsabilité politique », a fait naître la confiance et suscité beaucoup d’espoir au sein de la population ivoirienne. Aussi, a-t-il invité les uns et les autres à « œuvrer solidairement à son plein accomplissement pour la renaissance de la Côte d’Ivoire ». L’organisation d’une cérémonie comme la grande nuit de la réconciliation a-t-il précisé, s’inscrit dans cet esprit. Elle vise à encourager, célébrer, magnifier et diffuser les « meilleures pratiques », et les « figures significatives » en matière de réconciliation, de cohésion sociale.

La reconnaissance des initiatives privées

La réconciliation n’est pas que l’affaire des politiques. Plusieurs personnes se sont engagées, souvent de façon anonyme aux côtés des autorités ivoiriennes et de tous ceux qui s’investissent à la restauration de la paix en Côte d’Ivoire.

A l’occasion de la célébration de la Grande nuit de la réconciliation, l’Etat ivoirien a décidé de saluer le travail de ces hommes et femmes qui ont œuvré de diverses manières (sport, campagnes de sensibilisation, soutiens aux déplacés de guerre…), pour ramener la cohésion et l’espoir au sein de leur communauté.

Ainsi, cinquante sept personnes choisies par les préfets dans les 19 régions du pays à raison de trois par région, ont été distinguées pour « leurs actions exemplaires en faveur de la réconciliation, de l’unité nationale et de la paix en Côte d’Ivoire ». Ces personnes sont physiques ou morales, de diverses nationalités, d’horizons politiques et professionnels variés. Il y avait quatre catégories de distinctions : le diplôme de messager de la paix attribué à dix huit lauréats, dix neuf personnes ont reçu le diplôme de mérite de la réconciliation, et dix neuf autres le diplôme d’honneur. La Palme d’Ivoire est revenue au Ministre ivoirien de l’intérieur, Monsieur Désiré Tagro, dont le représentant a reçu la distinction des mains de l’invité d’honneur : le Chef de la diplomatie burkinabè.

Le représentant des lauréats a, au nom de tous les récipiendaires, salué l’action du Ministre de la Réconciliation nationale et invité le peuple ivoirien et tous ceux qui lui ont fait l’amitié de vivre avec lui, à s’unir pour fédérer leur actions pour la paix. Pour les lauréats, dira-t-il leur distinction est certes une reconnaissance de leurs efforts, mais surtout une invite à mieux faire. L’Accord Politique de Ouagadougou, ajoutera-t-il, a semé les germes d’un nouvel élan fédérateur dont les résultats se laissent apprécier ; et la célébration de la Grande Nuit de la Réconciliation et de la Paix est un signe de la disponibilité de tous à créer les conditions d’un retour rapide à la paix.

L’action du Burkina Faso saluée

Notons qu’en cette nuit pleine de symboles (hymne national ivoirien, distinction des acteurs de la paix, discours, prestation d’artistes…), l’action du Burkina Faso dans la recherche de la paix en Côte d’Ivoire, a été de nouveau reconnue et saluée par les autorités ivoiriennes qui, à cette occasion, ont élevé le Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la coopération régionale, au rang d‘Officier de l’Ordre National de la Côte d’Ivoire. Les chefs traditionnels, qui n’étaient pas en reste, l’ont revêtu des attributs de Chef ivoirien et l’ont élevé à ce rang.

Le Chef de la diplomatie burkinabè, SEM Bédouma Alain Yoda, en réponse à toute cette marque d’attention et de reconnaissance, a, dans son allocution, réitéré le soutien indéfectible du peuple et du gouvernement burkinabè au gouvernement et au peuple ivoirien dans leur quête de paix et de stabilité. Il a invité les ressortissants des différents pays en Côte d’Ivoire à se mobiliser autour de cet idéal.

Contacts politiques de haut niveau

Avant d’assister à la cérémonie de la Grande nuit de la Réconciliation, le Ministre d’Etat et la délégation qui l’accompagnait ont rendu visite au Représentant Spécial du Facilitateur, Monsieur Boureima Badini et ses collaborateurs. Le Ministre d’Etat s’est également rendu au Quartier Général de l’ONUCI, où il a salué, au nom du Président du Faso, l’action de ceux là qui s’investissent pour la paix en Côte d’Ivoire, locomotive de la sous région ouest africaine.
Chez le Ministre de la Réconciliation Nationale, la délégation burkinabè a été mieux informée sur les missions de son département, ses attributions, et son organisation, ainsi que la philosophie qui sous-tend l’organisation de la Grande nuit de la Réconciliation et de la paix.
Ensuite, ce fut le tour du Président du RDR Alassane Dramane Ouattara entouré de ses plus proches collaborateurs (Henriette Diabaté, Amadou Gon Coulibaly, …) d’échanger avec le Ministre d’Etat sur l’évolution du processus de paix. Le même sujet a été abordé avec le Président Henri Konan Bédié du PDCI-RDA, à qui la délégation burkinabè a également rendu visite.

Actualité oblige, le sujet ne changera pas à l’audience accordée à la délégation burkinabè par le Président de la République Laurent Gbagbo. Conscient des difficultés qui émaillent encore le processus de sortie de crise dans son pays, le Président ivoirien s’est dit très confiant quant à son aboutissement heureux, car, selon lui les querelles qui surviennent de part et d’autres ne sauraient constituer un obstacle insurmontable aux objectifs fixés par l’ensemble des parties. « Sur l’essentiel conclura-t-il ça va ! ».

Sur le plan bilatéral, au sujet du Traité d’amitié et de coopération signé entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, le 29 juillet 2008 à Ouagadougou, le président Gbagbo et son hôte se sont félicité de son approbation par les deux gouvernements burkinabè et ivoirien ; ce qui ouvre la voie à son entrée en vigueur.

DCPM MAECR