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Michel OUEDRAOGO, Délégué général du FESPACO “"Vision 21" est un ensemble de propositions qui invitent à l’action”

Publié le mardi 25 novembre 2008 à 09h18min

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Il n’est certainement plus à présenter pour avoir fait un passage remarquable et remarqué à la tête du quotidien d’Etat "Sidwaya". Avec lui, Sidwaya est effectivement devenu le quotidien de tous les Burkinabè. Si, dans certains milieux, on l’appelle le manager, c’est qu’il sait allier gestion et motivation des hommes pour la réussite de la mission qu’on lui confie. A la tête du FESPACO, comme délégué général depuis le 29 février 2008, il a déjà "un chemin de fer" pour ne pas dire une feuille de route pour faire du FESPACO un festival vraiment panafricain et professionnel qui "réponde à ce siècle nouveau et à son temps".

Michel OUEDRAOGO, puisque c’est de lui qu’il s’agit a bien accepté nous recevoir pour parler de cette feuille de route, un concentré de propositions innovantes baptisé : "Vision 21", qui est loin d’être un chapelet de bonnes intentions.
Découvrons donc "Vision 21" avec son maître d’œuvre.

Monsieur le Délégué général, vous n’êtes plus à présenter, par contre "Vision 21", votre feuille de route l’est. Alors qu’est-ce que "Vision 21"et pourquoi "Vision 21" ?

Michel OUEDRAOGO (M.O) : "Vision 21", juste pour dire qu’aujourd’hui nous sommes dans le XXIe siècle et que ce siècle a ses réalités. Des réalités technologiques, de nouvelles bases reposant sur la compétence, le professionnalisme, la qualité et le possible. "Vision 21" aussi parce que le FESPACO a ses racines dans le 20e siècle. Tout en s’appuyant sur ces racines, il faudrait imaginer un FESPACO du XXIe siècle compte tenu de l’évolution des différentes réalités. "Vision 21" également, parce que, quand on vous confie une responsabilité, il ne faut pas naviguer à vue. Il faut naviguer en ayant un carnet de route. Il y a d’abord les missions qui ont été fixées par l’autorité de tutelle, mais il vous revient de cadrer ces missions à une vision pour avoir un chemin balisé afin d’atteindre les objectifs qu’on vous demande. En somme, "Vision 21" est un ensemble de propositions pour projeter le FESPACO dans ce siècle.
Il n’est pas un document théorique, il est un document qui invite à l’action.

Certains voient en "Vision 21" un plan de relance du FESPACO parce que "baignant" dans une certaine monotonie, pour ne pas dire léthargie, depuis quelques années Est-ce votre avis ?

MO : Non, je ne dirais pas un plan de relance. Mais un plan de consolidation des acquis. Parce que même "Vision 21" dans dix ans, il faut le réadapter, il faut le consolider. Je pense plutôt que "Vision 21" est un plan de consolidation des acquis du FESPACO. Il ne faut pas que les gens voient seulement l’esprit de l’organisation simple de la manifestation. Il faut voir les acquis et je répète que le plus grand acquis du FESPACO c’est d’avoir inscrit la manifestation dans le calendrier mondial. Que peut-on faire de mieux si ce n’est que renforcer cet acquis principal et primordial. Les aspects organisationnels sont une autre dimension de la question. Même sur ce plan, il faut partir des acquis et renforcer ce qui a déjà été fait. C’est pourquoi, je dis que "Vision 21" n’est pas une rupture mais une continuité par le renforcement des acquis.

Parlant d’acquis, selon vous quels sont les acquis du FESPACO ?

MO : Le premier et indispensable acquis est que partout où vous allez, le FESPACO est considéré comme une manifestation mondiale. Le FESPACO est sur l’agenda de chaque réalisateur africain, européen… Le FESPACO est dans l’agenda des hommes de culture, des hommes qui créent l’événement… C’est un acquis qui honore le Burkina et l’Afrique. C’est une contribution du Burkina et de l’Afrique à la civilisation mondiale. Le FESPACO participe au dialogue des cultures. Les acquis sont nombreux et on ne saurait faire tout l’inventaire.

Dans "Vision 21" vous insistez sur la nécessité de la révision du statut du FESPACO. Alors, qu’est-ce qui ne va pas au niveau de ce statut ?

MO : Ce n’est pas parce qu’il y a quelque chose qui ne va pas en tant que tel. Mais nous voulons que le FESPACO reflète cette évolution essentielle. Vous savez que le FESPACO a déjà des évolutions. Le FESPACO était à l’époque une simple structure. Après, un secrétariat permanent, ensuite une direction…

Aujourd’hui il est devenu un établissement public de l’Etat (EPE). Maintenant qu’est-ce qu’il faut faire pour améliorer ce statut. S’il y a eu plusieurs évolutions, nous disons qu’on peut encore faire une autre évolution. Aujourd’hui, il faut d’abord parler de l’autonomie du FESPACO, principalement l’autonomie financière. Or, en étant un établissement public de l’Etat, il est clair qu’il y a des goulots qui ne permettront pas d’arriver à cette autonomie, parce que nous resterons toujours dans le carnet des règles publiques. La recherche des moyens financiers pour l’évènementiel nécessite de nouer des partenariats divers. C’est pourquoi il faut une réflexion conforme sur le statut actuel du FESPACO. Un statut qui fera du FESPACO une structure nationale burkinabè mais aussi une structure continentale, une structure africaine. Il faut lier deux dimensions. Autant il y a des structures qui sont créées par des Etats et qui deviennent par la suite des structures à dimension continentale et internationale, autant je pense que le FESPACO doit viser cet objectif. C’est faire preuve de manque d’ambition et de vision que de ne pas travailler à ce que le FESPACO évolue positivement dans l’intérêt même du FESPACO.

Concrètement, qu’est-ce que vous proposez comme statut pour le FESPACO ?

MO : C’est comme je l’ai dit, le FESPACO a besoin d’un statut où il y a plus d’autonomie d’action. Parce que si vous ne créez pas cette autonomie, dans le fonctionnement interne du FESPACO, il va y avoir toujours des difficultés. Ces difficultés peuvent être administratives, financières… Est-ce que aujourd’hui en tant que délégué général du FESPACO parlant en son nom, j’ai la possibilité de nouer certains contacts sans au préalable l’avis de telle ou telle autorité ? C’est toutes ces questions qu’il faut revoir. Nous avons demandé qu’on nous transforme en établissement public de l’Etat à caractère spécifique. L’université de Ouagadougou bénéficie de ce statut. Cela va nous donner un peu plus de possibilités de nouer des partenariats et avoir plus de marges de manœuvre pour des actions concrètes. Deuxième aspect qui peut faire bouger les choses, on peut faire comme le CIEFFA qui est une structure créée par le Burkina mais rattachée aujourd’hui à l’Union Africaine (UA).
L’UA reconnaît le FESPACO en tant que grande manifestation cinématographique en Afrique, mais au-delà de cette reconnaissance théorique quelle peut être la relation organique qu’on pourrait nouer ? Toutes ces questions doivent nous amener à réfléchir sur le statut. Un statut qui permet au FESPACO d’être une institution ancrée dans un pays mais aussi une institution de dimension continentale et internationale.

"Vision 21", comment comptez-vous en financer la mise en œuvre ?

MO : A partir de "Vision 21", nous allons avoir des plans d’actions et c’est sur ces bases que nous allons travailler pour savoir comment nous allons les financer.
C’est pourquoi, je dis que la recherche de l’autonomie est primordiale pour réussir cette consolidation que nous voulons. Nous allons travailler à associer le privé. Ce qui va nous permettre d’avoir les moyens et faire des planifications sur 3, 4 ou 5 ans.
Sans moyens financiers, ce sera difficile. Mais il ne faut pas s’asseoir, il faut que le FESPACO en tant qu’institution bouge sur le terrain. Après l’édition de 2009, nous allons voir quelles sont les marges financières que nous avons et quelles sont les actions que nous allons programmer.
Nous allons agir en fonction des moyens et de nos capacités à mobiliser les recettes.

Au-delà de l’autonomie recherchée, quelles sont les limites du FESPACO actuel ?

MO : L’une des limites que nous avons c’est la question de la maîtrise de l’organisation de la biennale. La biennale en tant qu’événement nécessite une organisation parfaite. Malgré tous les efforts pour l’organisation, il y a toujours matière à redire. L’organisation parfaite nécessite cependant la mobilisation de l’ensemble des personnes à même de nous donner des résultats satisfaisants.
Je reviens sur les moyens financiers. Il faut travailler à mobiliser les ressources nécessaires pour être maître des actions que nous menons sur le terrain.

Il y a les limites fonctionnelles liées au statut de la manifestation. Nous n’avons pas aussi toutes les ressources humaines nécessaires, sans compter les limites liées au matériel… Aujourd’hui, le FESPACO doit faire la projection et la promotion du cinéma africain au quotidien, mais nous n’avons pas les moyens de mettre en action cette politique de promotion.
Il y a certes des limites, mais il ne faut pas s’asseoir, il faut chercher les voies et moyens pour résoudre ces questions. Avec le peu de moyens dont nous disposons, nous sommes en train de travailler pour que même si nous n’atteignons pas les résultats escomptés à 100%, nous puissions atteindre au moins 80 à 90%.

Parlant toujours de moyens financiers, vous comptez faire appel aux opérateurs économiques du privé tant nationaux qu’internationaux. En quoi le FESPACO peut-il intéresser un opérateur économique burkinabè, ivoirien ou sénégalais ?

MO : Le FESPACO en tant qu’événement, s’il peut intéresser un opérateur international, il n’y a pas de raison qu’il ne puisse pas intéresser un opérateur national. Aujourd’hui, le FESPACO est le plus grand événement cinématographique en Afrique. Si nous partons de ce fait, il est évident que le FESPACO doit avoir une valeur marchande, une valeur de visibilité.

Et c’est cette valeur marchande que nous devons commercialiser. Quand vous prenez par exemple une téléphonie nationale, qui est au Burkina, lorsque 10 000 à 20 000 festivaliers arrivent au Burkina, avec la mobilisation nationale et sous-régionale pour le festival, il va s’en dire qu’en matière de flux de communication, cela va rapporter pour cette téléphonie. Quand vous prenez une grande maison de brasserie de la place, vous savez que pendant le FESPACO avec l’arrivée des festivaliers et la mobilisation nationale, la consommation des boissons de cette brasserie va considérablement augmenter. Sur le plan économique, la donne change à tous les niveaux. Avec un Festival comme le FESPACO, les hôteliers, les restaurateurs, les transports, les grandes compagnies aériennes… voient leurs chiffres d’affaires augmenter. Mais s’il n’y avait pas l’événement, s’il n’y avait pas le FESPACO, est-ce qu’un opérateur se serait intéressé à ça ? Le festival a donc un impact économique. Ce qui se pose c’est est-ce que cet impact économique rapporte quelque chose au FESPACO ? La nouvelle démarche que nous allons adopter est que cet impact économique puisse rapporter aussi quelque chose au FESPACO.
Cela ne peut passer que par ceux qui bénéficient de cet impact économique. Voilà un peu la nouvelle philosophie, la nouvelle démarche en allant vers les opérateurs économiques.

Comment allez-vous intéresser par exemple un opérateur économique du Mali, de la Côte d’Ivoire ou du Sénégal par exemple ?

MO : C’est la même démarche, la même dynamique. Parce qu’un opérateur économique qui est à Dakar, qui a un hôtel et qui fait des annonces au FESPACO, il attire une clientèle. Demain, cette clientèle peut se retrouver à Dakar. Il en est de même d’un opérateur de téléphonie basé à Abidjan ou à Bamako… Je crois que tout opérateur où qu’il se trouve peut avoir de la visibilité dans un événement comme le FESPACO.

C’est par exemple comme la CAN. Lorsque la CAN a été organisée au Burkina, les annonceurs ne venaient pas seulement du Burkina, il y avait des annonceurs internationaux. Or, en dehors de la CAN en Afrique, quelle est la manifestation qui mobilise autant de monde ? Et nous n’allons pas nous contenter de la prospection sur le continent africain.
Nous allons aller vers les Etats-Unis, la Chine… Aujourd’hui par exemple, je suis prêt à discuter avec un partenaire comme TOYOTA qui est japonais. Mais il y a combien de véhicules TOYOTA en Afrique ?

Dans "Vision 21" vous revenez sur la durée du Festival et la valorisation de l’Etalon ?

MO : Pour la durée du Festival, nous faisons une proposition dans "Vision 21". Quand vous faites le point, le Festival se tient en 7 jours mais en réalité nous avons 5 jours de compétition où nous devons juger plus d’une vingtaine de films. C’est difficile.
Ensuite, il faut dire que le Festival a grandi si bien que les gens n’ont pas le temps de vivre, de rentrer dans l’événement et de mieux le comprendre sur le plan culturel. Ils sont nombreux qui repartent avec regret et cela parce qu’ils n’ont pas pu tout "brasser".

Donc nous pensons qu’en ajoutant 72 heures, cela fera 10 jours. Dans tous les cas cela aura toujours des retombées positives. Parce que pendant le FESPACO, il y a quand même un tiers du monde qui nous regarde, les regards sont tournés vers le FESPACO, le Burkina et l’Afrique. Quand je dis un tiers, je minimise les choses en réalité, je peux dire que tout le monde entier a un regard retourné vers le FESPACO. Je pense qu’il faut travailler à capitaliser cela. C’est vrai que cela va nécessiter des moyens mais je pense que le FESPACO, le Burkina et l’Afrique y gagneront.

Comme je le dis souvent, les initiateurs du FESPACO l’ont voulu en quinzaine. La 1è édition du FESPACO a eu lieu du 1er au 15 février 1969. Si déjà, à l’époque, on pensait à la quinzaine, cela veut tout dire. Aujourd’hui si on n’a pas les moyens pour la quinzaine, au moins on peut faire le Festival en 10 jours.
Pour la valorisation de l’Etalon, il faut dire que nous sommes l’un des festivals, qui donnons des prix en espèces et d’autres festivals de plus en plus font la même chose.

Le FESPACO doit donc travailler à améliorer cela. Il faut savoir que les prix donnés proviennent de la caisse de l’Etat burkinabè et je connais aussi les limites de mon pays. Mais je souhaite que mon pays fasse des sacrifices. L’essentiel ce n’est pas les prix en espèces. Mais donner une carrière à un film primé, c’est important.

Pour la prochaine édition, nous avons appris que vous allez diminuer de manière sensible le nombre des membres du comité d’organisation et les commissions. Pourquoi cette option qui n’est pas faite pour plaire ?

MO : J’ai toujours dit que je suis pour la recherche de la qualité. Ce qui était fait est bien, mais je dis qu’on va essayer aussi de faire autrement.
La mobilisation de plus de 600 personnes pour organiser le FESPACO, cela a un coût. Si nous pouvons travailler à réduire ce coût au profit par exemple des réalisateurs, je crois que ce sera une bonne chose. C’est la même chose pour les commissions et sous-commissions. On peut réorganiser certaines commissions. L’objectif, c’est d’avoir des responsables de qualité qui permettent de donner rapidement des directives, des actions de qualité. Nous allons donc travailler à améliorer les choses en faisant un recentrage. Il ne faudrait pas que le comité d’organisation lui-même pèse trop sur le budget de l’organisation. C’est important.

On reproche souvent au FESPACO la non-visibilité des films africains entre deux festivals…

MO : Tout cela est lié aux questions de moyens. Aujourd’hui, le FESPACO est prêt à organiser des sorties non seulement dans les provinces du Burkina pour promouvoir les films africains primés, mais aussi dans les autres capitales africaines. Mais il faut avoir les moyens. Nous sommes en train de travailler dans ce sens, c’est une vision. Ensuite il faudrait que nous puissions donner une nouvelle dynamique à l’exploitation des salles, c’est important.
Pour acheter les droits des films, il faut que le FESPACO ait les moyens et nous travaillons dans ce sens.

La prochaine édition du FESPACO, la 21e, marque également les 40 ans du Festival. Que peut-on attendre de ces deux évènements majeurs ?
MO : C’est vrai les 40 ans du FESPACO, c’est un événement dans l’événement. Nous allons mettre les 40 ans du FESPACO sous le signe de la reconnaissance et des hommages.
Reconnaissance et hommages aux fondateurs du FESPACO, reconnaissance et hommages aux grands pionniers du FESPACO et aux partenaires du FESPACO.

Il est important pour nous de ne pas oublier d’où vient le FESPACO. C’est pourquoi, nous souhaitons que ces 40 ans soient vraiment une occasion de reconnaissance et d’hommages à tous ceux et à toutes celles qui ont fait que le FESPACO est ce qu’il est aujourd’hui, et pour cela il y aura des manifestations liées aux 40 ans, qui vont précéder l’ouverture officielle. Mais je pense qu’il est trop tôt de vous détailler tout ce que nous sommes en train de faire. En tant opportun, lors d’une conférence de presse, nous vous donnerons exactement le programme.

Le siège du FESPACO est toujours en chantier, à quand la finition ?

MO : Moi je ne peux pas vous dire à quelle date ce sera fini. Toutefois, ce que vous voyez en chantier ce n’est pas un siège, le siège du FESPACO est fini et vous y êtes présentement.
Ce qui est en chantier, c’est une salle de conférence multifonctionnelle pour les projections et autres. Ce siège est un don de l’Etat burkinabè, il faut le dire. Je pense que l’Etat fait ce qu’il peut faire pour que nous puissions avoir ce bâtiment dans les délais les meilleurs. Les choses bougent, mais si cette salle n’est pas prête pour la prochaine édition, elle le sera certainement pour les autres éditions à venir.

DG : Avez-vous quelque chose à ajouter pour conclure ?

MO : Pour terminer, je demanderais aux hommes de médias de se mobiliser pour le cinéma africain et aussi aux réalisateurs africains de travailler à soutenir leur FESPACO. Nous sommes en poste pour mener une action, une action en faveur du cinéma africain. Une action qui a besoin de leurs soutiens. Je demande aussi au peuple burkinabè et à tous les Africains de faire du FESPACO une manifestation africaine, parce que c’est l’Afrique qui montre ses images d’abord à l’Afrique et après au monde entier. Il faut alors l’intérêt de chaque Africain, de chaque patriote africain partout où il se trouve. Chaque Africain où qu’il se trouve doit se sentir concerné par le FESPACO .

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