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Un colloque international pour revisiter un pan de l’histoire politique burkinabè

Publié le lundi 24 novembre 2008 à 12h38min

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Joseph Ki-Zerbo

A l’initiative d’historiens burkinabè, des spécialistes en sciences humaines rendent hommage au professeur Joseph Ki-Zerbo et se penchent sur les vicissitudes qui ont jalonné la vie politique burkinabè sur le long chemin de la liberté .

Autour du soixantième anniversaire de la reconstitution de la Haute-Volta, s’ouvre demain, au département de Lettres de l’université de Ouagadougou, un colloque international sur « Histoire et mémoire d’Afrique, hommage au professeur Joseph Ki-Zerbo ». Décidé en mai 2005 lors du congrès constitutif de l’Association des historiens du Burkina Faso (AHBF), ce colloque aurait dû se tenir l’année dernière à l’occasion du 60e anniversaire de la reconstitution de la colonie de la Haute-Volta.

L’AHBF souhaitait également rendre hommage, de son vivant, au professeur Joseph Ki-Zerbo décrit comme un « véritable monument du savoir par la qualité de témoignage sur le passé précolonial, colonial et post-colonial de l’Afrique et son expérience du métier d’historien », et « devenu en quelque sorte un gage de la mémoire d’Afrique et de l’érudition africaine ».

Selon les organisateurs de ce rendez-vous scientifique, auquel participent plus d’une centaine d’historiens, sociologues, philosophes, politologues venus du monde entier, l’enjeu est la pérennisation des pensées de celui qui a été le premier Africain agrégé en histoire à l’université de la Sorbonne et ancien secrétaire général de du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES), une organisation créée en avril 1972 regroupant 16 pays et dont la mission est entre autres, « d’instaurer une coopération culturelle et scientifique entre les Etats membres, de concevoir et promouvoir la concertation en vue de coordonner les systèmes d’enseignement supérieur et de la recherche afin d’harmoniser les programmes et les niveaux de recrutement dans les différents établissements supérieurs et de recherche ».

Après la première journée consacrée aux hommages à travers des témoignages, les participants se pencheront sur les textes de l’illustre professeur, décédé en décembre 2006, puis sur les raisons qui ont motivé la suppression en 1932, de la colonie de Haute-Volta par le pouvoir colonialiste, des combats qui ont abouti à sa reconstitution en 1947 dans ses limites de 1932.

Créée en 1919, la colonie de la Haute-Volta a été purement et simplement supprimée par décret du gouvernement français en septembre 1932 et ses territoires répartis entre les colonies de la Côte d’Ivoire, du Soudan français (actuel Mali) et du Niger. « Avec l’application de ce décret, nous nous retrouvions donc, en pleine année scolaire, par le fait du colonisateur , soudanais un bon matin, au lieu de voltaïque la veille au soir en allant au lit », écrit, amer, le défunt président Sangoulé Lamizana, dans ses Mémoires publiés en 1999.

Environ 75 contributions dont 35 venant de l’étranger (Mali, République démocratique du Congo, France, Niger, Sénégal, Côte d’ivoire etc.) devraient apporter des réponses à la question suivante : pourquoi et comment la reconstitution de la Haute-Volta, quinze ans après son démembrement a t-elle été obtenue et quel est l’impact de cet événement dans la mémoire du Burkina actuel et en Afrique de l’Ouest ?

Selon les organisateurs du colloque, il s’agira de « revisiter les mobiles politiques, économiques et les visées administratives de la reconstitution de la Haute-Volta, de faire l’état des lieux de cette colonie au moment de son rétablissement en mettant l’accent notamment sur les ressources humaines disponibles et la situation du développement au sens large du terme ». Ils devront également retracer les principales étapes vers la reconstitution, analyser l’impact de la seconde guerre et des réformes institutionnelles de la quatrième république française dans le combat des peuples colonisés pour recouvrer leur liberté.

Enfin, on apprendra sans doute un peu plus sur le rôle de la chefferie moaaga (mossi) dans le combat pour la reconstitution de la Haute-Volta, et de celui plus large du Parti communiste français (PCF), une formation politique qui s’est frontalement opposée à l’idéologie colonialiste en soutenant les indépendantistes africains dans leur combat pour les indépendances. « Après une rigoureuse sélection des communications, les actes de ce colloque, qui est co-organisée par le Centre national de la recherche scientifique et technique (CNRST) et l’université de Ouagadougou seront édités en mémoire de Ki-Zerbo » explique Pierre Claver Hien, historien burkinabè, spécialiste des questions de frontières et membre de l’Association des historiens du Burkina.

La tenue de ce colloque a été rendue possible grâce au soutien de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et de l’ambassade de France à Ouagadougou qui a promis de prendre en charge l’édition des actes en version CD-Rom. Quant à l’Etat burkinabè qui avait promis dans un premier temps 30, puis finalement 10 millions de F CFA, sa contribution était toujours attendue à une semaine de l’ouverture du colloque.

Joachim Vokouma,
Lefaso.net

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