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Aéroports africains : Pour plus de sécurité

Publié le jeudi 1er juillet 2004 à 07h54min

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29 juin 2004. Branle-bas de combat à l’aéroport international de
Ouagadougou. Les riverains s’inquiètent de l’effervescence
inhabituelle qui règne. Des artificiers, des sapeurs-pompiers et
les responsables de l’aéroport, notamment les forces de l’ordre,
s’activent, de même que ceux de la Direction de l’aviation civile et
de la météorologie du Burkina Faso.

Pendant ce temps, un
avion Boeing 737-500 griffé Air Méditerranée, vient d’atterrir et est
parqué en bout de piste, loin du lieu d’arrêt classique, obligeant
ses passagers à marcher sur une bonne distance avant
d’atteindre la salle de transit, transportés par des autobus.
Abasourdis pour la plupart, ils sont minutieusement fouillés.

Un
autre avion affrété par la même compagnie de transport, Point
Afrique, est également immobilisé sur le même tarmac de
l’aéroport international de Ouagadougou et fait l’objet de la
même attention requise par le "manuel de procédure
d’urgence".
La raison de ce rappel des services compétents et des
membres du "centre de coordination d’urgence" (CCU), sans
être alarmante comme l’a démontré la suite des événements,
était simplement grave.

Une alerte au colis piégé dans le
Boeing 737-500. Tel était en effet la teneur du coup de fil reçu
par les autorités de l’aviation civile du Burkina. Il semble que
cette alerte à la bombe, fait rarissime tout de même, est déjà
arrivée une fois au Burkina Faso, sur un vol Air Burkina en
provenance d’Abidjan. Pourtant, on pensait que ça n’arrive
qu’ailleurs, là où sévissent les terroristes.

En tout cas, pas au
pays des Hommes intègres où l’aéroport, en sus d’être la cible
potentielle de poseurs de bombe, représente un danger
permanent pour les populations qui se sont installées tout
autour.
On ne cessera jamais de le relever, l’emplacement
géographique de l’aéroport national de Ouagadougou est très
dangereux pour les nombreuses familles et les innombrables
commerces qui ont poussé tout autour.

Même si le projet de
déplacement de l’aéroport prend de plus en plus corps, ce serait
difficile de ne point s’interroger une fois de plus sur l’absence
totale de vision futuriste de la part des dirigeants du Burkina
Faso et d’autres pays de l’Afrique où les avions décollent et
atterrissent pratiquement sur "la tête des gens". Une petite
ronde dans la sous-région, du Bénin à la Côte d’Ivoire, en
passant par le Niger et le Togo, est assez édifiante sur cette
situation.

C’est ainsi que les crashs aussi sont la plupart du
temps fatals, pour non seulement les passagers de l’avion mais
aussi et surtout pour les populations riveraines. Du reste,
celles-ci vivent dans la hantise constante de ces accidents
d’avions, à chaque décollage ou atterrissage.

Au Burkina le
minimum est déjà fait, avec les moyens du bord, par les agents
pour sécuriser les passagers et leurs biens, mais en matière
de sécurité, notamment aérienne, c’est le maximum qui est
exigé. Cette sécurité est très difficile, voire impossible à réaliser,
parce qu’à l’instar de nombre d’aéroports africains, celui de
Ouagadougou prend souvent des allures d’un grand marché où
d’une véritable fête foraine.

Par ailleurs, avec la disparition de la
multinationale Air Afrique, beaucoup de pays ont créé leur
compagnie de transport. Dans ce florilège de compagnies
aériennes, les mesures de sécurité concernant les appareils et
la formation des personnels sont plus ou moins minimisées, et
souvent même banalisées. Les vols "Air peut-être" se multiplient
pour le malheur des usagers.

L’affairisme et l’engrangement de
bénéfices deviennent les seules préoccupations des
propriétaires de compagnies et des agents qui y travaillent. Au
détriment de toute prudence, les avions surchargés, voire
hyperchargés volent ou se posent sur des tarmacs d’aéroports,
eux-mêmes à la limite du techniquement correct. Les autorités
en charge des transports ferment, sciemment ou non, les yeux
sur tous ces problèmes et tous les jours, des avions qui ne sont
parfois même pas assurés planent comme l’épée de Damoclès
sur la tête de centaines de millions de populations.
Il faut mettre fin à ces accidents "naturels" actionnés par des
hommes sans scrupule.

Nos aéroports, doivent désormais être
construits dans le respect des normes internationales et être
aussi en mesure d’interdire leurs pistes aux appareils peu
soucieux des normes conventionnelles. Dans la même logique,
les autorités chargées des transports et de la sécurité aérienne
doivent tourner le dos aux contrôles de complaisance et
encourager des missions d’inspection constantes et
rigoureuses.
C’est à ce prix, avec en plus une meilleure gestion de nos
espaces aériens, que des catastrophes, et donc des deuils
nationaux seront évités.

Le Pays

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