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Piraterie maritime : Le golfe d’Aden au creux de la vague

Publié le jeudi 20 novembre 2008 à 01h42min

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Les pirates opérant au large de la Somalie dans le golfe d’Aden ont frappé ce week-end un grand coup : ils sont parvenus à prendre le contrôle d’un superpétrolier, le Sirius Star, qu’ils ont ancré dans un de leurs repaires quelque part dans les eaux de l’Harardère à 300 km de Mogadiscio. Ce navire contient plus de 2 millions de barils de pétrole d’une valeur de 100 millions de dollars.

Outre ce gros poisson, ils ont détourné le mardi 18 novembre 2008 trois autres bateaux : un chalutier thaïlandais, un cargo immatriculé à Hongkong et un vraquier grec. Et, comme d’habitude, de forte rançon sont en jeu pour obtenir la remise des navires et la libération des membres d’équipage.

Si on n’y prend garde, cette région va devenir à terme une sorte de triangle des Bermudes, où tout navire qui s’aventure est perdu. Rien qu’en 2008, ce sont 94 navires qui y ont été attaqués. Ces opérations se sont soldées par le détournement de 38 bateaux dont 17 sont toujours aux mains des pirates, qui détiennent aussi en otages un peu plus de 250 membres d’équipage. Comme on le voit, ça commence à faire un peu trop.

Et ce qui frappe, c’est l’impuissance des grandes puissances mondiales face aux corsaires des temps nouveaux : les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la France, l’Inde, etc., ont beau déployer des forces navales dans la région, cela n’empêche pas les bandits de sévir. A l’évidence, le dispositif antipiraterie peine à faire la preuve de son efficacité. Et avec cette situation, les armateurs perdent le sommeil quand leurs navires doivent passer par le golfe d’Aden.

C’est toute la communauté internationale qui est désemparée face à la recrudescence des actes des nouveaux barbares. Personne ne sait par quel bout il faut prendre le problème et l’éradiquer.

Mais ce n’est pas un fait du hasard si ces actions prospèrent dans cette zone et si justement c’est dans les environs de la Somalie que les pirates jettent l’ancre des navires arraisonnés. C’est tout simplement parce que depuis près de 20 ans, ce pays n’est plus un Etat et son territoire n’est plus qu’une bande de terres morcelées et contrôlées par des forces rivales qui ne vont que guerroyer.

La Somalie est donc devenue une sorte de no man’s land que les brigands de tous poils, allègrement, utilisent comme une base arrière et un refuge. Ainsi, à peu de frais, la multinationale de la piraterie s’installe dans la Corne de l’Afrique.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces forbans frappent là où ça fait le plus mal : l’économie. Par la persistance de leurs actions, ils vont obliger les flottes commerciales à redessiner la carte des voies maritimes. Déjà, certains armateurs préfèrent ne plus passer par le canal de Suez. Ils sont prêts à dépenser davantage et à rallonger considérablement leur chemin plutôt que de se retrouver pris dans les filets d’un gang.

Cette situation est préjudiciable à l’Egypte, qui tire d’importantes ressources des taxes provenant des droits de passage par son canal. Les coûts supplémentaires qu’induit ce changement d’itinéraire seront finalement répercutés sur les prix des marchandises. Au finish, c’est le consommateur final, lui qui a déjà du mal à joindre les deux bouts, qui va casquer. Chose qui ne fera qu’accroître la pauvreté des populations, durement frappées, et de plein fouet, par les crises financière et économique.

C’est pour cela qu’une réponse, que disons-nous, une riposte mondiale est nécessaire pour traquer les pirates, les cueillir, les juger et les condamner à la hauteur de leurs forfaits. Comme les grandes puissances se sont coalisées pour contrer le terrorisme, on attend d’elles qu’elles se fédèrent et mènent une lutte implacable contre les corsaires.

Mais il sera vain de lutter contre ces bandits sans travailler à un retour de la paix en Somalie. C’est pour cela qu’il urge de déployer de nouvelles initiatives pour un retour définitif de la paix dans ce pays. Si ce pays devient un Etat digne de ce nom, il est clair que la Somalie ne sera plus un refuge sûr pour les pirates, qui pullulent dans la région.

Et remarquez que du coup on faucherait l’herbe sous les pieds des milices islamistes, relais d’Al-Qaïda en Afrique de l’Est.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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