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Biotechnologies : Cette pudeur qui enveloppe la capsule du cotonnier

Publié le mercredi 19 novembre 2008 à 05h58min

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Depuis le lundi 17 novembre, et ce, jusqu’au 21 novembre 2008 se tient à Ouagadougou la 67e réunion plénière du Comité consultatif international du coton (CCIC). Pendant 5 jours, les producteurs, les décideurs, les chercheurs, les directeurs de société cotonnière, soit au total près de 500 personnes vont se pencher au chevet de l’or blanc.

Pour mémoire, le CCIC, créé en septembre 1939, regroupe à ce jour 44 pays membres dont le Burkina Faso. Etabli à Washington, le comité a pour principales missions d’observer et de suivre l’évolution de l’économie cotonnière mondiale ; de réunir, de diffuser et de tenir à jour les statistiques techniques et d’autres données complètes concernant la production, le commerce, la consommation, les stocks, les prix du coton, des fibres et des autres produits textiles dans le monde ; de servir de cadre à des échanges de vues au niveau international sur les questions intéressant le coton.

Le choix du Burkina Faso pour abriter cette rencontre n’est certainement pas le fait du hasard. 4e pays africain qui accueille cet événement majeur, la patrie des hommes intègres est en voie de reprendre sa place de 1er producteur africain de coton après avoir été dans le creux de la vague ces dernières années.

Est-il besoin de rappeler que c’est l’un de nos principaux produits d’exportation, qui procure une manne de 60% au titre des recettes ? Quoi qu’on dise, la filière constitue un véritable moteur de l’économie nationale par le nombre de personnes qu’elle emploie directement (entre 2 et 3 millions de personnes), mais aussi et surtout par l’effet d’entraînement des autres secteurs.

Ailleurs, on dit : "Quand le bâtiment va, tout va" ; ici, on dira : "Quand le coton va, tout va".

Cette 67e session se tient après quelques années qui ont vu l’or blanc broyer du noir sous l’effet conjugué de multiples facteurs au rang desquels les subventions que les pays riches apportent à leurs cotonculteurs, chose qui entraîne des distorsions du marché international et menace sérieusement de faillite de nombreuses sociétés cotonnières.

Certes, on observe une relative embellie depuis quelques temps, mais le malade est encore convalescent et loin d’être guéri.

Les retrouvailles de Ouaga se tiennent également au moment où une crise financière planétaire, qui a commencé à tourner à la récession économique, frappe de plein fouet les pays développés, en attendant que les pays pauvres en subissent le contrecoup.

Difficile, en effet, d’imaginer que nos économies, dont nos filières cotonnières, puissent y échapper. L’heure est donc plus que jamais à la recherche de remèdes pour remettre le patient d’aplomb, et au nombre de ceux-ci, il y a les organismes génétiquement modifiés (OGM), même si le CCIC parle pudiquement de technologies pour ne pas braquer davantage une partie de l’opinion, effrayée à tort ou à raison par l’introduction de la biotechnologie moderne dans la culture du coton.

Dans le cas burkinabè, c’est 15 000 ha qui devaient, en principe, être emblavés au cours de cette campagne agricole, pour servir de rampe de lancement d’une culture à grande échelle du coton transgénique sur plus de 400 000 ha lors de la prochaine.

Une marche résolue vers une généralisation du coton Bt au moment où les anti-OGM poussent des cris d’orfraie et invoquent le principe de précaution devant les risques encourus par l’homme, les animaux ou l’environnement. Un débat qui est, d’ailleurs, loin d’être clos, les partisans du coton biotechnologique, du reste expérimenté depuis longtemps ailleurs, s’arc-boutant sur le fait qu’aucune preuve formelle n’a été établie quant à la nocivité de ces organismes génétiquement modifiés.

En attendant, beaucoup voient en ça une panacée qui va sortir nos filières de l’ornière. Et après le Burkina Faso dans la sous-région, le Parlement malien vient d’adopter le 13 novembre 2008 une loi sur la biosécurité, plaçant du même coup désormais ce pays dans une situation favorable pour expérimenter éventuellement la technologie Bt. Un acte qui alimentera davantage les débats chez le voisin malien, lequel fait son baptême du feu.

Cyr Payim Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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